Le Marquis d'Anaon t.4 La Bête [BD]

[c.steffan]

Série : Le Marquis d'Anaon
Titre : La Bête
Scénario : Fabien Vehlmann
Dessin : Matthieu Bonhomme
Couleurs : Delf
Genre : Historico - Fantastique
Nombre de pages : 50
Année de parution : 2006
Edition : Dargaud

Créée en 2002, le Marquis dAnaon nest ni une série véritablement historique, ni complètement fantastique. Mélange de polard et de mystère au XVIIIe siècle, les aventures de Jean-Baptiste Poulain que lon ne surnomme maintenant plus que le Marquis des Âmes perdues nous renvoie à toutes les légendes et peurs dun siècle se disant "des Lumières".

Ce quatrième tome nous emmène de la frontière du Dauphiné jusquaux Alpes, à la poursuite dune étrange et monstrueuse bête qui décime maisons, troupeaux, cimetières et voyageurs égarés. Bien que personne nait pu encore la voir distinctement et survivre, on la dit immense, terrifiante et affamée. Doù vient-elle ? Cest sur ses traces que sont envoyés des Dragons du Roi assistés par le Marquis dAnaon, "spécialiste en mystères et diableries".

Comme à son habitude pour le Marquis... , Fabien Vehlmann évite tous les clichés qui auraient pu alourdir son histoire : le cadre et les mentalités sont historiques, mais les dialogues utilisent volontairement des expressions modernes (toutefois non caricaturales) afin d'aider à la compréhension de la psychologie des personnages. On est loin des grosses ficelles "historiques" comme dans Le pacte des Loups.
De même, bien que le récit soit avant tout une partie de chasse, on évite les poncifs du genre, suspens de bas de page et combat contre la nature. Ici le propos est tout différent : Jean-Baptiste traque autant un animal mythique quil se cherche lui-même. Traumatisé par son expérience maritime (voir lalbum précédent La providence), notre héros sétait réfugié dans le mutisme, à la recherche d'une paix intérieure qui se conjuguait mal avec une réputation galopant à travers le royaume.
En sélevant face à la Bête sauvage et implacable, lhomme retrouvera sa détermination, sa force et le courage quil croyait avoir laissé derrière lui.

Le dessin de Matthieu Bonhomme est, comme à son habitude, parfait. Mélange entre le réalisme et lesthétisme, son graphisme illustre à merveille les décors et costumes dépoque, et nous plonge dans les ambiances ténébreuses dès que le besoin sen fait ressentir. Il y a un grâce proche de Christian Rossi chez cet homme là : un dessin au service de lhistoire, sans fioriture tapageuse, et en même temps on ne peut sempêcher dadmirer une case, un dessin, un décors...

On sait depuis quelques années que Fabien Vehlmann est le scénariste à suivre, depuis son Age de raison, le voyage dEsteban, Messire Guillaume et Le Marquis dAnaon Matthieu Bonhomme confirme les mêmes espoirs dans la catégorie des dessinateurs.


Note : 8/10