Critique cinéma - Les Incorruptibles

[Hugo Ruher]

Un seul mot vient à l'esprit après avoir vu les Incorruptibles, j'espère que ce mot un brin vulgaire ne condamnera pas ce post. S'il vous choque, osez dire que vous ne l'avez pas prononcé au moins une fois durant le visionnage, et si ce n'est pas le cas et bien...dîtes vous que je suis toulousain et que cette occurrence revient très fréquemment dans les habitudes idiomatiques de ma région. Je disais donc, à la fin des Incorruptibles, le premier mot qui s'extirpe difficilement de votre bouche sèche et haletante est : Putain !

Oui, Putain, et je le redis même car après deux heures passées au cœur d'une équipe de flics chargés d'arrêter Al Capone, après un spectacle maîtrisé de bout en bout et une mise en scène qui vous plonge dans une tension ininterrompue, on ressort un peu chamboulé. C'est bien simple, pendant les deux heures du film, j'ai bien dû couper ma respiration au moins une bonne demi-heure (oui à Toulouse aussi on a un goût pour l'exagération mais n'allez pas nous dire qu'on est marseillais). Ceux qui ont vu le film reconnaitront les quelques scènes qui provoquent un arrêt de toute fonction motrice du spectateur, et pour les autres je ne dirais que deux choses : « infraction en vue subjective », et « poussette ». Inutile de détailler, car ces deux scènes particulièrement sont des petits chefs d'œuvre de suspense et créent une tension extrême.
Je connais assez mal l'œuvre de Brian de Palma, mais le fait qu'on le surnomme « le nouveau Hitchcock », ne pouvait que m'encourager à vérifier par moi-même. Et c'est vrai que cette réputation n'est pas usurpée, le grand Alfred aurait sans doute laissé échapper un gros « Fuck » ou au moins un « Oh Dear ! » après avoir vu ce film. Brian de Palma sait tenir le spectateur en haleine tout au long du métrage, et ce sans mettre de côté des références assez poussées cinéphiliquement parlant (j'adore les néologismes). Cette œuvre fait ainsi de multiples références à Hitchcock, mais aussi à Howard Hawks et à Eisenstein, mais sans tomber pour autant dans du cinéma élitiste incompréhensible pour le tout-venant.

Le film n'a en effet pas besoin de cet humour clin d’œil pour être apprécié à sa juste valeur, c'est avant tout un film policier, un des meilleurs du genre et mené d'une main de maître. Les acteurs principaux sont impeccables, De Niro est absolument jouissif en Al Capone, et Sean Connery semble prendre un grand plaisir dans son rôle de flic pré-retraité. D'ailleurs le film est à voir en VO ne serait-ce que pour l'accent so irish de Connery, cela dit la VF est très correcte si vous préférez, meilleure que celle de Scarface par exemple. Costner aussi est impeccable et son personnage est très travaillé, contrairement aux seconds rôles qui le sont un peu moins. Ainsi, Andy Garcia en flic d'origine italienne est un peu surfait mais cela laisse une plus grande place aux protagonistes principaux.

En résumé, un bon policier, à l'ancienne pour le suspense et l'action mais avec un renouveau dans l'esthétisme et le soin porté à la réalisation indubitablement moderne. Nous ne sommes pas ici dans la fresque historique, comme a pu le faire Il était une fois en Amérique, aussi sur la prohibition, ni dans la recherche psychologique comme dans les films mafieux de Scorsese. Mais les Incorruptibles est bel et bien un film policier qui se suit sans temps mort du début à la fin, le genre qu'on aimerait voir plus souvent.

8/10

Flammes-and-co.