Un titre, ça peut parfois refléter toute son oeuvre, ça peut être en totale contradiction avec elle, ça peut aussi provoquer une réflexion pour la comprendre. Avec Escobar, c'est simple : Resurrection convient parfaitement au rappeur et à cette première mixtape (Juin 2006)
L'ancien membre du label 45scientific s'est forgé un nom dans l'underground et le hardcore grâce à ses titres agressifs, choquants et francs. On retrouve ici 26 morceaux comprenant freestyles radios, morceaux issus de compilation et enregistrements studios. Qu'on ne se le cache pas, une bonne partie de Resurrection est soit du freestyle, soit du dialogue concernant Escobar et la valorisation de ses crimes. La moitié des titres fait d'ailleurs moins de 2 minutes, ce qui est bien dommage car l'artiste a du potentiel. Mais c'est le propre d'une mixtape de réunir tous les morceaux et collaborations d'un artiste. Celle-ci raconte en fait une petite histoire, celle de la résurrection d'Escobar après avoir été enterré par son meilleur ami; malheureusement, s'il est ici, c'est "qu'il n'y a plus de place en enfer", et le rappeur en revient donc d'autant plus violent. Pas vraiment très recherché, mais Resurrection est le titre le mieux adapté à cette oeuvre énervée et empreinte de références à la mort.
Les textes sont résolument crus, parsemées d'images frappantes : chaque morceau comporte d'énormes punchlines percutantes mais parfois cela engendre des comparaisons à la limite du risible.
Escobar a beaucoup de talent, c'est indéniable : un flow bien articulé, une voix sombre et imposante; malheureusement les morceaux de cette mixtape n'y sont pas tous très bien adaptés. Entre freestyles, inédit très "brut" et petits sons faits à l'arrache, il y a un certain déchet.
Les seuls morceaux efficaces et très bien réussis sont ceux enregistrés en studio, tout simplement car l'ambiance et les paroles ont été préalablement réfléchies. Dans ce registre, Ghetto Guet Apens, Le Début de la Fin, Trois Voyelles et Quatre Consonnes, Rimes et Tragédies excellent. Choquantes à souhait, un peu trop exagérées ou prétentieuses à mon goût, on tombe quand même dans des atmosphères glauques et violentes très plaisantes comme défouloir.
Une mixtape au final prometteuse pour le premier album d'Escobar prévu pour 2008 (après un deuxième street-album fin 2007). On regrettera cependant les morceaux courts, quasi-inutiles et trop peu construits. A ne pas mettre entre toutes les oreilles non plus; l'ego, les paroles sans tabou, le pessimisme et la violence de ce street-album peuvent énerver. Ni indispensable ni dénué d'intérêt, Resurrection laisse espérer d'assez bonnes choses pour la suite.
4,5/10
