[quote="Guewan a dit :
Les libraires se plaignent du manque de place, mais en attendant ils en commandent toujours plus car c'est un marché bien plus facile à satisfaire que le reste de la BD. ça coûte moins cher et ça se vend plus...
Alors bon faudrait aussi arrêter de cracher dans la soupe !
Bonjour,
Je suis libraire et je n'ai pas envie de passer à côté de ça ! Habituellement, je vous lis beaucoup mais n'interviens pas.
Préambule : je lis du manga pour le plaisir parce que j'aime ça. On ne pourra donc pas m'accuser d'être antimanga primaire. Merci d'avance !
Oui, nous nous plaignons du manque de place : 120 sorties la dernière semaine d'août, il faut les caser. Les trois-quarts des librairies spécialisées ne sont pas des manga-shop, ne tiennent pas à le devenir et surtout sont de petites structures disposant de peu d'espace.
La diversité culturelle est une excellente chose, la plupart des libraires commencent enfin à voir que ce n'est pas qu'une façon de faire de l'argent mais qu'il y a aussi d'excellentes bandes dessinées asiatiques et s'attachent à les lire et à tenter de les défendre.
Nous ne crachons pas dans la soupe mais opérons un calcul simple : sur ces 120 sorties (à la louche), 20 se vendront très bien (les locomotives du secteur : One Piece, Naruto, Kyo, Fruits Basket, Nana etc... enfin, je ne vous fait pas un dessin, vous les connaissez aussi bien que moi !), 20 se vendouilleront tranquillement (Rave, City Hunter, Priest, Step Up, les Watase, 666 Satan...), 60 plomberont l'espace et la trésorerie (on les commande, on ne les vend pas, on les paye quand même avant de pouvoir les retourner à l'éditeur...). Dans ces 60, les trois-quarts des titres sont des merdes (désolée mais c'est le cas) et un quart mériterait d'être défendu (justement les one-shot dont vous parliez plus haut entre autres...) mais étrangement, personne ne les achète. Pourquoi ? Parce que vous avez déjà dépensé votre argent pour les séries que vous suivez et qui sont de plus en plus nombreuses....
Les libraires spécialisés se battent pour le maintien de la diversité et la qualité, menacées toutes deux par la surproduction.
Alors oui, on gueule contre les maisons d'édition spécialisées dans les poubelles des éditeurs japonais ou coréens. Tokebi, Saphira, Kabuto, Akiko (qui toutes appartiennent au même groupe éditorial), qui ont choisi d'inonder le marché de mangas ou manwha de piètre qualité selon le principe choisi aussi par Soleil et Delcourt en bande dessinée franco-belge (et pour Soleil, en manga aussi....) : gagner en visibilité assure plus de ventes. Mais on gueule aussi de la même façon pour la plupart d'entre nous (la caste des libraires donc) contre la dérive franco-belge qui suit le même chemin.
Nous gueulons aussi contre les éditeurs qui ont senti le vent tourner et qui récemment se découvrent une passion pour le manga : Doki Doki par exemple, filiale de Bamboo (piètre éditeur de franco-belge qui tape dans la bédé de supermarché), ou même les éditions Milan, pourtant réputées pour leur bande dessinée jeunesse de qualité.
Dans le cas de ma librairie spécifiquement, nous commençons les mesures de rétorsion : retours chez les éditeurs des fonds de bouses, arrêt des commandes sur ces mêmes-titres et sabrage de quantités dans les grandes largeurs au moment des commandes de nouveautés. J'espère que nos collègues en viendront à appliquer les mêmes mesures... Nous fonctionnons enfin au coup de coeur et grâce au recul (le manga est enfin installé réellement), pouvons enfin répondre aux représentants des maisons d'édition qui viennent nous vendre leurs titres : celui-ci, je n'en vends pas, je n'en veux qu'un seul exemplaire pour le fond.
Pour en revenir à vous, Gwenan, vous gagneriez, je pense, à connaître un peu mieux la chaîne du livre. Ainsi, vous découvririez qui se gave réellement avec cette surproduction. Et ce ne sont malheureusement pas pour nous, ceux que vous pointez du doigt.
L a dit :
Le problème c'est qu'il y a tellement de titres que l'on ne sait pas toujours se qui vaut le côut d'être lu ou non. Même en lisant des critiques le choix est difficile.
C'est pour ça que nous sommes là. C'est notre rôle. Attendu qu'on ne les paye pas et que c'est notre "mission", nous pouvons lire quasiment tous les titres que l'on reçoit. Quasiment. Parce qu'à nouveau, quand il en sort 120 par mois, ça devient difficile. Ok, il y a des tomes 4, 5 , 16, 25 qui sortent donc on est pas obligé de les lire pour savoir de quoi ça parle vu qu'on a déjà lu le tome 1 à sa sortie... Mais malgré tout, j'aime aussi lire Naruto, Bleach, 20th, Nana etc... donc bon, je les lis bien que je manque de temps !!!
Dans le cas de libraire spécialisé, il ne faut jamais oublier que c'est notre travail, notre envie de partager et de savoir conseiller les lecteurs ; non seulement par rapport à notre propre goût (nous avons un travail subjectif) mais surtout par rapport aux votres. Si vous tombez sur des libraires qui vous disent : "bof, je n'en lis pas", n'hésitez pas à en changer ! Même s'il n'aime pas ça, un libraire, pour faire son travail, est tenu de lire ce qui sort (ou au moins une grande partie) !!!
C'est ce qui fait la différence entre un libraire spécialisé et l'espace culturel de Leclerc.... Ca et justement notre capacité à opérer des choix dans nos rayons et pas juste privilégier les grosses ventes par rapport aux tout petits titres de qualité.
Et un petit rappel pour finir : quand une librairie n'a pas un titre en rayon, vous avez le droit de le commander ! Suivant la loi sur le livre (merci Jack Lang d'avoir sauvé les librairies !) : le prix du livre est fixe en France (tolérance de 5% de remise maximum) et le libraire est obligé de commander un livre si vous le souhaitez et ce, sans surcoût pour vous.
Ruyan"]Trop de manga donne plus de choix, même si c'est au détriment de certains titres nippons qu'on aimerait voir s'éditer plus rapidement dans nos contrées (je pense à Death Note par exemple), mais chaque chose en son temps.[/quote]
Les éditeurs français sont en train de se battre pour les droits. C'est LA série qui cartonne au Japon, celle qui a connu la plus forte progression de ses ventes. Les enchères doivent commencer à devenir élevées ! En plus, certains éditeurs japonais songent sérieusement à publier eux-mêmes leurs titres en France.... Nos éditeurs français doivent commencer à suer de peur !