LA CONFIDENTIAL
Publié : 05 septembre 2003, 20:24
Bonjour, je suis nouvelle.
En fait, je viens juste de tomber, par hasard, sur le site du Sieur Krinein, sur lequel je lisais donc ses critiques des bouquins d'ELLROY, et je voulais réagir sur l'adaptation ciné de LA CONFIDENTIAL. Alors si vous l'avez déjà fait, merci de déplacer ce message alors ^^!
Attention, si vous n'avez ni lu le livre, ni vu le film, passez votre chemin !
Je ne suis pas tout à fait d'accord sur le qualificatif de "chef d'oeuvre", même si c'est un excellent film policier. ELLROY a été trèèèèèèèèès édulcoloré quand même, et à la fin, on se dit qu'après tout Exley/White/Vincennes ne sont pas mauvais du tout.
Ce que je retiens, LE point fort, c'est l'interprétation : SPACEY/CROWE/PEARCE/CROMWELL absolument PAR-FAITS. Pourtant j'avais lu le pavé d'ELLROY avant d'avoir vu le film, et je ne m'imaginais pas du tout Bud White comme ça, je m'imaginais plutôt un Harvey KEITEL jeune.
Ce que je regrette :
- Que Ed Exley ne soit pas le "lâche moral" avec un super-QI. Même si Guy Pearce est parfait, on se dit que c'est vraiment un gentil "wasp" dans le film ;
- Qu'on ne nous montre pas la déchéance physique et morale de Jack Vincennes (qui n'est pas surnommé "Jack-la-Poubelle" pour rien dans le bouquin !). Kevin Spacey (acteur culte s'il en est) était tout àfait désigné pour le rôle, mais la version filmique du perso correspond plutôt au Jack Vincennes du tout début (flic-star tiré à 4 épingles, toujours en représentation, et collaborant avec un journaleux fouille-merde) ; dans le film, il se rachète très (trop ?) tôt, dans le bouquin, trop tard (comme toujours chez ELLROY) ;
- Kim Basinger est superbe et glamourissime (elle devait avoir 46 ans au moment du tournage ! Ah ce que j'aimerai vieillir comme ça !), mais là encore, on se dit que Lynn Bracken a beau être pute, c'est une gentille fille. La Lynn du roman est plus retorse et maligne (et le sens de la réplique qui fait mouche) ;
- La méxicaine violée avait un certain poids dans le bouquin ; ici elle est réduite à 2 figurations. Comme c'est une mexicaine, est-ce pour cela qu'on ne l'a pas développée (là je suis médisante) ?
La plus grosse amputation sur le récit d'ELLROY concerne toute l'histoire sur le monstrueux serial-killer qui démembre des enfants et le fait que son père soit un pionnier de l'animation américaine, de gentils films-serial pour enfants et à l'origine du Parc Dream-a-Dreamland. Il est évident qu'ELLROY visait Walt Disney et Disneyland, et on comprend mieux que Hollywood n'ait pas repris cet aspect du roman, ç'aurait été trop choquant ^^!
D'ailleurs, il y a une réplique amusante de Kevin Spacey au début du film, en réponse à une fille qui lui dit que les acteurs qui jouent des flics dans le feuilleton "Badge of Honor" font semblant : "L'Amérique n'est pas prête pour le Vrai Moi". Faut-il comprendre : les spectateurs américains ne sont pas prêts à voir à l'écran des flics aussi pourris que ceux d'ELLROY ? Dans le Dahlia Noir, ELLROY nous faisait déjà comprendre que HOLLYWOOD s'est faite sur des cadavres (comme ceux de Betty Short, et toutes les magouilles immobilières d'Emmett Sprague avec les nababs pionners d'Hollywood au début du XXème siècle). On pense à la fin de Gangs of NY, la ville s'est faite sur des cadavres.
Bref, pour en revenir à LA Confidential-le film, bien sûr une bonne adaptation ne suit pas forcément le bouquin à la lettre, mais je trouve que ce film cherche trop à contenter tout le monde (et les fans d'ELLROY et le spectateur moyen), et ne prend pas de vrais risques.
ELLROY dit lui-même que le seul réalisateur capable d'adapter correctement ses livres est Scorsese, tout en en préservant la noirceur.
Bon, je suis curieuse de lire vos réactions !
Banane
En fait, je viens juste de tomber, par hasard, sur le site du Sieur Krinein, sur lequel je lisais donc ses critiques des bouquins d'ELLROY, et je voulais réagir sur l'adaptation ciné de LA CONFIDENTIAL. Alors si vous l'avez déjà fait, merci de déplacer ce message alors ^^!
Attention, si vous n'avez ni lu le livre, ni vu le film, passez votre chemin !
Je ne suis pas tout à fait d'accord sur le qualificatif de "chef d'oeuvre", même si c'est un excellent film policier. ELLROY a été trèèèèèèèèès édulcoloré quand même, et à la fin, on se dit qu'après tout Exley/White/Vincennes ne sont pas mauvais du tout.
Ce que je retiens, LE point fort, c'est l'interprétation : SPACEY/CROWE/PEARCE/CROMWELL absolument PAR-FAITS. Pourtant j'avais lu le pavé d'ELLROY avant d'avoir vu le film, et je ne m'imaginais pas du tout Bud White comme ça, je m'imaginais plutôt un Harvey KEITEL jeune.
Ce que je regrette :
- Que Ed Exley ne soit pas le "lâche moral" avec un super-QI. Même si Guy Pearce est parfait, on se dit que c'est vraiment un gentil "wasp" dans le film ;
- Qu'on ne nous montre pas la déchéance physique et morale de Jack Vincennes (qui n'est pas surnommé "Jack-la-Poubelle" pour rien dans le bouquin !). Kevin Spacey (acteur culte s'il en est) était tout àfait désigné pour le rôle, mais la version filmique du perso correspond plutôt au Jack Vincennes du tout début (flic-star tiré à 4 épingles, toujours en représentation, et collaborant avec un journaleux fouille-merde) ; dans le film, il se rachète très (trop ?) tôt, dans le bouquin, trop tard (comme toujours chez ELLROY) ;
- Kim Basinger est superbe et glamourissime (elle devait avoir 46 ans au moment du tournage ! Ah ce que j'aimerai vieillir comme ça !), mais là encore, on se dit que Lynn Bracken a beau être pute, c'est une gentille fille. La Lynn du roman est plus retorse et maligne (et le sens de la réplique qui fait mouche) ;
- La méxicaine violée avait un certain poids dans le bouquin ; ici elle est réduite à 2 figurations. Comme c'est une mexicaine, est-ce pour cela qu'on ne l'a pas développée (là je suis médisante) ?
La plus grosse amputation sur le récit d'ELLROY concerne toute l'histoire sur le monstrueux serial-killer qui démembre des enfants et le fait que son père soit un pionnier de l'animation américaine, de gentils films-serial pour enfants et à l'origine du Parc Dream-a-Dreamland. Il est évident qu'ELLROY visait Walt Disney et Disneyland, et on comprend mieux que Hollywood n'ait pas repris cet aspect du roman, ç'aurait été trop choquant ^^!
D'ailleurs, il y a une réplique amusante de Kevin Spacey au début du film, en réponse à une fille qui lui dit que les acteurs qui jouent des flics dans le feuilleton "Badge of Honor" font semblant : "L'Amérique n'est pas prête pour le Vrai Moi". Faut-il comprendre : les spectateurs américains ne sont pas prêts à voir à l'écran des flics aussi pourris que ceux d'ELLROY ? Dans le Dahlia Noir, ELLROY nous faisait déjà comprendre que HOLLYWOOD s'est faite sur des cadavres (comme ceux de Betty Short, et toutes les magouilles immobilières d'Emmett Sprague avec les nababs pionners d'Hollywood au début du XXème siècle). On pense à la fin de Gangs of NY, la ville s'est faite sur des cadavres.
Bref, pour en revenir à LA Confidential-le film, bien sûr une bonne adaptation ne suit pas forcément le bouquin à la lettre, mais je trouve que ce film cherche trop à contenter tout le monde (et les fans d'ELLROY et le spectateur moyen), et ne prend pas de vrais risques.
ELLROY dit lui-même que le seul réalisateur capable d'adapter correctement ses livres est Scorsese, tout en en préservant la noirceur.
Bon, je suis curieuse de lire vos réactions !
Banane