Téléchat [terreur de mon enfance]
Publié : 08 juillet 2004, 15:11
La machine à remonter le temps
*Mode 3615 My life de quand j'étais petit ON*
Fin de lannée 1988. Dehors, la pluie fouette les carreaux, et un océan de nuages noirs recouvre la quasi-totalité de la voûte céleste. L'automne touche à sa fin, les feuilles mortes volettent allègrement au gré des tourbillons du vent. C'est la fin d'après-midi. Soudain, surgit sur l'écran de la télévision un générique qui hante toujours et encore mes nuits de cauchemars , un générique commençant par un travelling sur une télé, et finissant sur un écran titre représentant un chat noir et blanc formant une télévision avec sa queue. Sitôt le générique terminé, le journal commence
Notre couple vedette : Groucha et Lola
Et là, c'est le drame. Du haut de ses 5 ans, le jeune garçon que j'étais se retrouve face à deux personnages qui donnent l'impression de vouloir se voler le titre du "Présentateur le plus lugubre d'émission de télé pour enfant".
D'un côté, Groucha, le bras cassé, enfoncé dans son costume trop sobre pour être honnête, fixe la caméra avec ses petits yeux pernicieux.
De l'autre, la co-présentatrice, Lola, une autruche dont le snobisme surpasse largement la taille de son cou (qui est pourtant grand), arbore bijoux et vêtements effarants, son apparence rejoignant sans peine celle de Groucha en ce qui concerne la mauvais goût. Pour un enfant de 5 ans, un chat bras cassé et une autruche à la mémoire extraordinaire sont à la limite du supportable. A 5 ans, on croit le pire passé
On a tort.
Objets inanimés, avez vous donc une âme ?
Car surgissent d'on ne sait ou une galerie de personnages-objets tous plus effrayants les uns que les autres : Mikmac, le micro à l'oreille géante, Duramou, le fer à repasser, Brossedur, le balais du studio, Raymonde, la fourchette, Sophie, la cuillère, et Durallo, le téléphone sourd. Sans oublier les personnages récurrents lors des sketchs, comme Pubpub le singe vert, ou GTI le lapin fourbe... La peur m'envahit petit à petit... La chair de poule court sur mes bras à la vitesse d'un TGV, et la totalité de mes cheveux se hérissent sur mon crâne. Devant l'horreur d'une telle émission, je ferme les yeux, insensible au moqueries de mes parents ("Allons, ça ne fait pas peur, c'est très drôle non?"), m'enfermant dans un petit monde douillet loin des yeux vicieux de Groucha que je soupçonnais d'être un épouvantable tueur en série enlevant les enfants qui sortaient du lit la nuit pour les manger.
Les questions se ramassent à la pelle
De quel cerveau psychotique pouvaient sortir ces monstres, pourquoi m'infliger un tel supplice, comment peut-on imaginer pareil horreur à une heure de grande écoute (vers 18 heures), jusqu'ou oseront-ils pousser ce concept morbide et effrayant ? Le tourbillon des questions rejoignait celui des feuilles mortes et dansait, tournait dans ma tête, empêchant toute espèce de pensée agréable. Je sombrais lentement dans la folie, perdant le contrôle de mes sens et dans un dernier effort pour revenir à la réalité, j'entrapercevais Olga la poubelle, qui, comble de l'horreur, nous glissait à l'antenne un de ses fameux "Ché bon" en avalant gouluement une ordure...
Noir, rideau, bonsoir et bonne nuit...Faîtes de beau rêves mes enfants.
Ayant légèrement vieilli, je garde une trace indélébile de Téléchat, une phobie des hommes chats. Ne me parlez pas de « Cats », la comédie musicale, et encore moins de lîle du Docteur Moreau, (mais quelle idée a eu H.G. Wells en croisant des hommes avec des félins). Par contre, Catwoman ne me pose aucun problème, elle, ça se voit que cest pas une vraie, elle a du cuir, pas des poils J. Enfin revenons à nos moutons, ou plutôt à nos objets.
*Mode 3615 My life de quand j'étais petit OFF* (ça fait du bien quand ça s'arrête, hein?)
Retour ver le futur
Cest un peu par hasard que je suis retombé sur des épisodes de Téléchat, et le poids des années aidant, jai réussi à supporter la présence de Groucha, même si on ne menlèvera pas de lesprit que cest en fait Norman Bates reconverti en chat, sa couverture maternelle étant grillée depuis « Psychose ». Jimagine bien les pauvres touristes sarrêtant au motel, et voyant le chat les observant par la fenêtre, ombre chinoise silencieuse, loin de se douter que sous le pelage se cache le fringant jeune homme de la réception. Décidément je mégare beaucoup en ce moment, recentrons le débat sur le contenu de Téléchat.
Beaucoup plus apte à comprendre le sens des reportages, jai découvert un excellent divertissement, plein de références et dironie, cachant sous ses aspects lugubres pour les enfants un plaidoyer contre les petits maux de la télévision, comme la course à laudience, la publicité, lattitude des présentateurs de J.T. et même sur les groupes possédant les principaux médias.
Principe de base de lémission : les gluons, particules élémentaires, donnent la parole aux objets. Et quand les objets parlent, ils en profitent. Révolte des grains de sable pour cause de marée noire, interview dautobus, sans oublier Leguman, super héros à la tête de citrouille. Tous les sujets passés au crible donnent lieu à des sketchs mordants, mais jamais moralisateurs.
Satire (dans tous les coins)
Sous le concept de lémission dinformation, se cache en fait une des parodies les plus sévère de la télévision à la destination des enfants. Lors des saisons deux et trois, (la série en comprend en tout 3), très scénarisés par rapport à la première, on assiste à des situations presque improbables dans une émission jeunesse : remplacement de Groucha par GTI, le neveu du patron de lentreprise sponsorisant Téléchat, et cousin du patron des studios Téléchat. GTI reviendra encore plus tard en preneur dotage et publicitaire-menteur.
La fixation des partons de chaîne sur laudience est aussi raillée, via un baromètre omniprésent. Les quelques minutes hebdomadaires plagiaient également lattiude polie des journalistes face à la caméra, et tendue dès que le journal se terminait, et il nétait pas rare dentendre Lola et Groucha se taquiner, et se disputer à la fin de lémission.
Chalut ! A demain si on veut bien !
Jai décidément deux avis sur Téléchat. Celui de mon enfance, sans doute la pire série que jai eu à endurer. Celui daujourdhui : lune des meilleurs séries à base de marionnettes caricaturant le monde de la télévision. Jai redécouvert avec plaisir quelques épisodes, et je pense que je vais poursuivre sur cette voie. Cest résolument un excellent divertissement, dès quon a passé la barre de lenfance
Téléchat : 8/10
*Mode 3615 My life de quand j'étais petit ON*
Fin de lannée 1988. Dehors, la pluie fouette les carreaux, et un océan de nuages noirs recouvre la quasi-totalité de la voûte céleste. L'automne touche à sa fin, les feuilles mortes volettent allègrement au gré des tourbillons du vent. C'est la fin d'après-midi. Soudain, surgit sur l'écran de la télévision un générique qui hante toujours et encore mes nuits de cauchemars , un générique commençant par un travelling sur une télé, et finissant sur un écran titre représentant un chat noir et blanc formant une télévision avec sa queue. Sitôt le générique terminé, le journal commence
Notre couple vedette : Groucha et Lola
Et là, c'est le drame. Du haut de ses 5 ans, le jeune garçon que j'étais se retrouve face à deux personnages qui donnent l'impression de vouloir se voler le titre du "Présentateur le plus lugubre d'émission de télé pour enfant".
D'un côté, Groucha, le bras cassé, enfoncé dans son costume trop sobre pour être honnête, fixe la caméra avec ses petits yeux pernicieux.
De l'autre, la co-présentatrice, Lola, une autruche dont le snobisme surpasse largement la taille de son cou (qui est pourtant grand), arbore bijoux et vêtements effarants, son apparence rejoignant sans peine celle de Groucha en ce qui concerne la mauvais goût. Pour un enfant de 5 ans, un chat bras cassé et une autruche à la mémoire extraordinaire sont à la limite du supportable. A 5 ans, on croit le pire passé
On a tort.
Objets inanimés, avez vous donc une âme ?
Car surgissent d'on ne sait ou une galerie de personnages-objets tous plus effrayants les uns que les autres : Mikmac, le micro à l'oreille géante, Duramou, le fer à repasser, Brossedur, le balais du studio, Raymonde, la fourchette, Sophie, la cuillère, et Durallo, le téléphone sourd. Sans oublier les personnages récurrents lors des sketchs, comme Pubpub le singe vert, ou GTI le lapin fourbe... La peur m'envahit petit à petit... La chair de poule court sur mes bras à la vitesse d'un TGV, et la totalité de mes cheveux se hérissent sur mon crâne. Devant l'horreur d'une telle émission, je ferme les yeux, insensible au moqueries de mes parents ("Allons, ça ne fait pas peur, c'est très drôle non?"), m'enfermant dans un petit monde douillet loin des yeux vicieux de Groucha que je soupçonnais d'être un épouvantable tueur en série enlevant les enfants qui sortaient du lit la nuit pour les manger.
Les questions se ramassent à la pelle
De quel cerveau psychotique pouvaient sortir ces monstres, pourquoi m'infliger un tel supplice, comment peut-on imaginer pareil horreur à une heure de grande écoute (vers 18 heures), jusqu'ou oseront-ils pousser ce concept morbide et effrayant ? Le tourbillon des questions rejoignait celui des feuilles mortes et dansait, tournait dans ma tête, empêchant toute espèce de pensée agréable. Je sombrais lentement dans la folie, perdant le contrôle de mes sens et dans un dernier effort pour revenir à la réalité, j'entrapercevais Olga la poubelle, qui, comble de l'horreur, nous glissait à l'antenne un de ses fameux "Ché bon" en avalant gouluement une ordure...
Noir, rideau, bonsoir et bonne nuit...Faîtes de beau rêves mes enfants.
Ayant légèrement vieilli, je garde une trace indélébile de Téléchat, une phobie des hommes chats. Ne me parlez pas de « Cats », la comédie musicale, et encore moins de lîle du Docteur Moreau, (mais quelle idée a eu H.G. Wells en croisant des hommes avec des félins). Par contre, Catwoman ne me pose aucun problème, elle, ça se voit que cest pas une vraie, elle a du cuir, pas des poils J. Enfin revenons à nos moutons, ou plutôt à nos objets.
*Mode 3615 My life de quand j'étais petit OFF* (ça fait du bien quand ça s'arrête, hein?)
Retour ver le futur
Cest un peu par hasard que je suis retombé sur des épisodes de Téléchat, et le poids des années aidant, jai réussi à supporter la présence de Groucha, même si on ne menlèvera pas de lesprit que cest en fait Norman Bates reconverti en chat, sa couverture maternelle étant grillée depuis « Psychose ». Jimagine bien les pauvres touristes sarrêtant au motel, et voyant le chat les observant par la fenêtre, ombre chinoise silencieuse, loin de se douter que sous le pelage se cache le fringant jeune homme de la réception. Décidément je mégare beaucoup en ce moment, recentrons le débat sur le contenu de Téléchat.
Beaucoup plus apte à comprendre le sens des reportages, jai découvert un excellent divertissement, plein de références et dironie, cachant sous ses aspects lugubres pour les enfants un plaidoyer contre les petits maux de la télévision, comme la course à laudience, la publicité, lattitude des présentateurs de J.T. et même sur les groupes possédant les principaux médias.
Principe de base de lémission : les gluons, particules élémentaires, donnent la parole aux objets. Et quand les objets parlent, ils en profitent. Révolte des grains de sable pour cause de marée noire, interview dautobus, sans oublier Leguman, super héros à la tête de citrouille. Tous les sujets passés au crible donnent lieu à des sketchs mordants, mais jamais moralisateurs.
Satire (dans tous les coins)
Sous le concept de lémission dinformation, se cache en fait une des parodies les plus sévère de la télévision à la destination des enfants. Lors des saisons deux et trois, (la série en comprend en tout 3), très scénarisés par rapport à la première, on assiste à des situations presque improbables dans une émission jeunesse : remplacement de Groucha par GTI, le neveu du patron de lentreprise sponsorisant Téléchat, et cousin du patron des studios Téléchat. GTI reviendra encore plus tard en preneur dotage et publicitaire-menteur.
La fixation des partons de chaîne sur laudience est aussi raillée, via un baromètre omniprésent. Les quelques minutes hebdomadaires plagiaient également lattiude polie des journalistes face à la caméra, et tendue dès que le journal se terminait, et il nétait pas rare dentendre Lola et Groucha se taquiner, et se disputer à la fin de lémission.
Chalut ! A demain si on veut bien !
Jai décidément deux avis sur Téléchat. Celui de mon enfance, sans doute la pire série que jai eu à endurer. Celui daujourdhui : lune des meilleurs séries à base de marionnettes caricaturant le monde de la télévision. Jai redécouvert avec plaisir quelques épisodes, et je pense que je vais poursuivre sur cette voie. Cest résolument un excellent divertissement, dès quon a passé la barre de lenfance
Téléchat : 8/10