Le forum de Krinein

Ahhhh je ne ferais jamais trop l'éloge du cinéma asiatique... Ni celui des petits cinémas tenus par des passionnés...

Retour à La Passerelle de Saint Julien Molin Molette une semaine après y avoir vu Un Coiffeur Jaloux.

Dans le cadre du thème Flics à l'écran, le film coréen Memories of murder sera montré en ce samedi après-midi. A l'entrée, une initiative assez sympathique : chaque spectateur (une bonne vingtaine au moins) est pris en photo de face et de profil. A la fin du film, les photos seront projetées comme dans un bon vieux film policier.

Mais revenons au film...
Dès les premières secondes, une scène au beau milieu d'un champ de blé nous montre que le réalisateur a longtemps réfléchi à l'esthétique du film : la photo est magnifique (et les réalisateurs français feraient bien d'en prendre de la graine). Un cadavre a été retrouvé dans la campagne. Au vu de ce cadavre, le spectateur avisé se sera déjà rendu compte que le tueur sera un tueur en série, qu'il sera méticuleux et qu'il ne laissera aucun indice. Seule l'intelligence du flic pourra résoudre le problème.

Le flic justement... Trois flics font équipe pour résoudre ce casse-tête. Le premier est un bon vivant qui essaye tant bien que mal de faire son métier, il est d'emblée sympathique au spectateur avec son air de gros nounours. Il a deux atouts pour découvrir le coupable : ses pieds et son instinct.
Le deuxième est son co-équipier, une ancienne petite frappe à tendance légèrement violente. A eux deux, ils auront vite réussi à arrêter le coupable grâce à une bonne vieille séance d'extirpage d'aveux plus que douteuse. Le film débute par leur enquête et est donc dans sa première moitié plus que brouillon.
Mais, pour les aider à résoudre cette affaire, un inspecteur a été dépêché de Séoul. D'abord en retrait pendant toute la première partie, il prendra les rennes de l'enquête après avoir vu les méthodes désastreuses des deux flics locaux. Il utilisera toute son intelligence pour parvenir à arrêter le véritable coupable qui est, nous l'apprenons dans la deuxième partie du film, minutieux et forcément détraqué.

Memories of Murder est un très bon thriller, rappelant immanquablement les chefs d'oeuvre du genre, Seven en tête. Le spectateur ne sera pas dépaysé tant l'histoire est connue. Et pourtant il y a quelque chose dans ce film qui fait de lui un très grand film. L'ambiance, portée par une esthétique superbe, est tour à tour noire et légère. De nombreux seconds rôles viennent ajouter une touche spéciale à ce film. Mais surtout surtout les dernières minutes et la fin de l'enquête permettent à Memories of Murder de se démarquer des habituels thriller-au-tueur-minutieux.

Note : 8/10

Sympa comme critique. Le film, quant à lui, est superbe. Tantôt très sombre, tantôt comique. Si on veut faire son intéressant, on pourrait dire que ce film illustre la citation de Conrad "j'ai choisi de rester fidèle au cauchemar de mon choix" (...citation utilisée par James Ellroy pour le Grand Nulle Part je crois). D'ailleurs, je dirai que Memories Of Murder tient ptet plus à un L.A Confidential qu'à un Seven. Des flics assez "humains" se retrouvent confronter à une affaire qui les dépassent. L'affaire routinière va devenir personnelle. En gros, attrapez un monstre quel qu'en soit le prix, peut faire de vous... un monstre.
Super réal, super scénario... je lui mettrai un ti 8,5/10.

:)

J'ai beaucoup entendu parlé de ce film et n'ai jamais eu l'occasion de le voir.
Ta critique va sans aucun doute me décider à passer le cap.

Daggy a écrit :J'ai beaucoup entendu parlé de ce film et n'ai jamais eu l'occasion de le voir.
Ta critique va sans aucun doute me décider à passer le cap.

Je ne pense pas qu'il soit encore diffusé sur les écrans...
Si tu as la chance de le trouver dans une location de DVD, je te le conseille

Je confirme ce que mes camarades ont dit sur Memories of Murder. J'avais un peu peur du côté : "encore un film sur un serial killer". Mais celui-ci mérite qu'on s'y attarde, rien que pour l'originalité de sa mise en scène et la particularité d'aborder l'enquête policière.

A part dans Police Academy, je ne crois pas avoir vu autant de maladresses et d'incompétences. A la fois comique et pathétique, c'est le portrait d'une police toujours à côté de la plaque qui nous est montrée. J'ai trouvé cela surprenant. Leur méthode d'enquête est affligeante, mais profondément humaine, loin de la froideur d'analyse de Robocop. A aucun moment, les 3 policiers ne tenteront de dresser un profil psychologique de ce mystérieux serial killer. Dépasser par les évènements, les policiers pointent du doigt le premier suspect venu (soit un déséquilibré, soit un étranger), n'hésitant pas à le torturer (physiquement, moralement) pour lui faire avouer une série de crimes horribles. Les préjugés vont bon train dans le film. Une police qui, faute de moyens et de ressources intellectuelles, n'hésite pas à fabriquer des preuves pour combler le vide de leur enquête. Et pis, les pauvres, ils n'ont vraiment pas de chance. C'est une tendance dans le cinéma asiatique, je crois. Les personnages subissent le vilain sort. Des flics qui finissent pas devenir des désaxés au milieu d'un monde de frappa-dingues.

On est pas dans un film rigolo, loin de là. Mais la mise en scène fait défiler devant nous des séquences légères ou sordides, tout en conservant le mystère, très pesant tout au long du film. Memories of Murder reste intelligent, du début à la fin. Un dénouement qui, effectivement, sublime le sentiment de frustration. Terrible, unique.