TENEBRES de Dario Argento (attention spoilers)
Publié : 09 mars 2005, 12:33
Bonjour,
J'ai le plaisir de vous annoncer la mise en ligne, sur mon blog, des premières pages d'un travail consacré à Ténèbres, le film de Dario Argento.
L'introduction ("Le chercheur de traces") est disponible ici :
[url=http://findepartie.hautetfort.com/archi ... -_int.html
Et la suite ici (intitulée "Cinéma Inferno") :
http://findepartie.hautetfort.com/archi ... -_cin.html
Le reste suivra, au rythme raisonnable d'une ou deux mise(s) en lignes par semaine.
Un extrait pour vous donner un aperçu de mon travail :
"Mais le lien le plus étroit entre Ténèbres et le film de Mario Bava est sans doute la présence de leur acteur commun, John Saxon. Dans La Fille qui en savait trop, pour rassurer la jeune Nora qui vient dêtre témoin, en pleine nuit, dun meurtre à larme blanche sur une place romaine déserte (la Piazza di spagna), le docteur Marcello Bassi / John Saxon la conduit à nouveau sur les lieux du crime, cette fois en plein jour, à proximité de nombreux passants, et lui demande, un brin condescendant (mi-charmeur mi-protecteur) : « Cela ressemble-t-il à un endroit où lon tue des femmes ? » Or dans Ténèbres cest justement sur une autre place de Rome, en plein soleil et fréquentée par de nombreux badauds, que Bullmer, le personnage joué par John Saxon, est à son tour poignardé sans que lassassin soit plus identifiable que chez Bava. Argento fait encore mentir son mentor en faisant un tueur dun auteur de polar, puisque dans La Fille qui en savait trop une voix over nous assurait doctement quheureusement, « les assassins ne lisent pas de polars » ! Voilà donc pourquoi, entre parenthèses, Peter Neal ne lit quun guide touristique durant son voyage, et non pas un polar comme l'héroïne de Bava : les assassins nen lisent pas : ils en écrivent La littérature policière est dailleurs lenjeu dun autre contrepoint ironique : dans La Fille qui en savait trop étaient en effet cités Mickey Spillane, Agatha Christie, Edgar Wallace ; dans Ténèbres sont mentionés Ed Mc Bain, Mickey Spillane, Agatha Christie, Arthur Conan Doyle, Rex Stout Les mêmes références servent cependant dans un cas à épauler lhéroïne (lectrice avisée du genre, croit-on comprendre), mais sont totalement inutiles dans lautre puisque linspecteur, non moins amateur de polars et non moins avisé puisquil prétend avoir très tôt identifié le tueur de Tenebrae-le livre se révèle en revanche incapable ou trop tard de confondre le criminel. Le seul vaiqueur et le dernier à mourir est donc bien le tueur lui-même, Peter Neal, dont lempalement rien moins quartistique constitue le « clou du spectacle », lapothéose de sa mise en scène machiavélique."
Bonne lecture.
J'ai le plaisir de vous annoncer la mise en ligne, sur mon blog, des premières pages d'un travail consacré à Ténèbres, le film de Dario Argento.
L'introduction ("Le chercheur de traces") est disponible ici :
[url=http://findepartie.hautetfort.com/archi ... -_int.html
Et la suite ici (intitulée "Cinéma Inferno") :
http://findepartie.hautetfort.com/archi ... -_cin.html
Le reste suivra, au rythme raisonnable d'une ou deux mise(s) en lignes par semaine.
Un extrait pour vous donner un aperçu de mon travail :
"Mais le lien le plus étroit entre Ténèbres et le film de Mario Bava est sans doute la présence de leur acteur commun, John Saxon. Dans La Fille qui en savait trop, pour rassurer la jeune Nora qui vient dêtre témoin, en pleine nuit, dun meurtre à larme blanche sur une place romaine déserte (la Piazza di spagna), le docteur Marcello Bassi / John Saxon la conduit à nouveau sur les lieux du crime, cette fois en plein jour, à proximité de nombreux passants, et lui demande, un brin condescendant (mi-charmeur mi-protecteur) : « Cela ressemble-t-il à un endroit où lon tue des femmes ? » Or dans Ténèbres cest justement sur une autre place de Rome, en plein soleil et fréquentée par de nombreux badauds, que Bullmer, le personnage joué par John Saxon, est à son tour poignardé sans que lassassin soit plus identifiable que chez Bava. Argento fait encore mentir son mentor en faisant un tueur dun auteur de polar, puisque dans La Fille qui en savait trop une voix over nous assurait doctement quheureusement, « les assassins ne lisent pas de polars » ! Voilà donc pourquoi, entre parenthèses, Peter Neal ne lit quun guide touristique durant son voyage, et non pas un polar comme l'héroïne de Bava : les assassins nen lisent pas : ils en écrivent La littérature policière est dailleurs lenjeu dun autre contrepoint ironique : dans La Fille qui en savait trop étaient en effet cités Mickey Spillane, Agatha Christie, Edgar Wallace ; dans Ténèbres sont mentionés Ed Mc Bain, Mickey Spillane, Agatha Christie, Arthur Conan Doyle, Rex Stout Les mêmes références servent cependant dans un cas à épauler lhéroïne (lectrice avisée du genre, croit-on comprendre), mais sont totalement inutiles dans lautre puisque linspecteur, non moins amateur de polars et non moins avisé puisquil prétend avoir très tôt identifié le tueur de Tenebrae-le livre se révèle en revanche incapable ou trop tard de confondre le criminel. Le seul vaiqueur et le dernier à mourir est donc bien le tueur lui-même, Peter Neal, dont lempalement rien moins quartistique constitue le « clou du spectacle », lapothéose de sa mise en scène machiavélique."
Bonne lecture.