Funny Games Michael Haneke
Publié : 12 juillet 2005, 22:32
Anna, Georg et leur petit garçon Schorschi forment une gentille petite famille bourgeoise. En voyage dans leur maison de vacances, isolée au bord dun lac, ils sapprêtent à vivre des moments agréables. Mais cest sans compter sur lintrusion de deux étranges jeunes hommes qui vont les séquestrer et leur faire subir dhorribles supplices à travers divers jeux sadiques aux règles improbables
Présenté en avant-première au festival de Cannes 1997, Funny Games provoque le trouble au sein du public. Michael Haneke, son réalisateur autrichien, ny va pas avec le dos de la cuillère pour critiquer une violence médiatisée à outrance et devenue consommable, qui tend à nous cloisonner dans une bulle dinsensibilité. Cette forme féroce de vampirisme, Haneke lavait largement abordé dans sa trilogie de la «glaciation des émotions» (Septième Continent, Bennys Video et 71 fragments d'une chronologie du hasard). Avec «ses jeux amusants», il pousse plus loin sa réflexion et simpose en socio-cinéaste consciencieux dans sa façon de confronter cinématographiquement le spectateur à son appétit barbare tout en lui remémorant certaines clés de raisonnement.
Lobjectif avoué dHaneke est damener le spectateur à comprendre les mécanismes dun spectacle qui exploitent ses émotions. Pour se faire, il va jouer avec les codes du genre auquel sa réalisation appartient : le thriller. Ce cinéma spécialisé dans la manipulation daffects a subit dimportantes évolutions tout au long de sa pratique. Né au cours des années 70 dans la grande famille des Polars, le petit thriller est originaire du verbe anglais «to thrill» (faire frissonner). Il se caractérise par lintensité de son suspens et cest à Lord Hitchcock que lon doit ses lettres de noblesses. Mais peu à peu, le thriller va se modeler à la convenance du spectaculaire. On veut quil en mette plein les yeux, sans se soucier de la responsabilité de ses images chocs sur les spectateurs. Haneke, désireux de rétablir lespace dun film la donne, injecte dans sa mise en scène du non-spectaculaire. Le rythme général de sa réalisation est lent. Les illustrations musicales sont mises de côté ou inaccoutumées. Le fond de lhistoire est réaliste, pour une forme qui ne lest pas toujours. Des longs plans séquences où il ne se passe rien jaillit une forme insidieuse de suspens qui met mal à laise. Haneke épluche le genre, engendre un film ovni, un anti-thriller déconcertant. Cette démythification se révèle relativement salutaire dans le sens où elle nous démanipule tout en se jouant de nous, mais dans un but intelligent et pédagogique. Ce qui nest pas le manifeste précis de tout le monde.
Lorsquun réalisateur veut faire en sorte de critiquer la violence, il choisit souvent entre deux écoles : le paroxysme ou la suggestion. Là où Stanley Kubrick et [url=http://cinema.krinein.com/Orange-mecanique-2334.html" title="Orange Mécanique">Orange Mécanique, Oliver Stone et
Présenté en avant-première au festival de Cannes 1997, Funny Games provoque le trouble au sein du public. Michael Haneke, son réalisateur autrichien, ny va pas avec le dos de la cuillère pour critiquer une violence médiatisée à outrance et devenue consommable, qui tend à nous cloisonner dans une bulle dinsensibilité. Cette forme féroce de vampirisme, Haneke lavait largement abordé dans sa trilogie de la «glaciation des émotions» (Septième Continent, Bennys Video et 71 fragments d'une chronologie du hasard). Avec «ses jeux amusants», il pousse plus loin sa réflexion et simpose en socio-cinéaste consciencieux dans sa façon de confronter cinématographiquement le spectateur à son appétit barbare tout en lui remémorant certaines clés de raisonnement.
Lobjectif avoué dHaneke est damener le spectateur à comprendre les mécanismes dun spectacle qui exploitent ses émotions. Pour se faire, il va jouer avec les codes du genre auquel sa réalisation appartient : le thriller. Ce cinéma spécialisé dans la manipulation daffects a subit dimportantes évolutions tout au long de sa pratique. Né au cours des années 70 dans la grande famille des Polars, le petit thriller est originaire du verbe anglais «to thrill» (faire frissonner). Il se caractérise par lintensité de son suspens et cest à Lord Hitchcock que lon doit ses lettres de noblesses. Mais peu à peu, le thriller va se modeler à la convenance du spectaculaire. On veut quil en mette plein les yeux, sans se soucier de la responsabilité de ses images chocs sur les spectateurs. Haneke, désireux de rétablir lespace dun film la donne, injecte dans sa mise en scène du non-spectaculaire. Le rythme général de sa réalisation est lent. Les illustrations musicales sont mises de côté ou inaccoutumées. Le fond de lhistoire est réaliste, pour une forme qui ne lest pas toujours. Des longs plans séquences où il ne se passe rien jaillit une forme insidieuse de suspens qui met mal à laise. Haneke épluche le genre, engendre un film ovni, un anti-thriller déconcertant. Cette démythification se révèle relativement salutaire dans le sens où elle nous démanipule tout en se jouant de nous, mais dans un but intelligent et pédagogique. Ce qui nest pas le manifeste précis de tout le monde.
Lorsquun réalisateur veut faire en sorte de critiquer la violence, il choisit souvent entre deux écoles : le paroxysme ou la suggestion. Là où Stanley Kubrick et [url=http://cinema.krinein.com/Orange-mecanique-2334.html" title="Orange Mécanique">Orange Mécanique, Oliver Stone et