Critique de la raison pure [essai]
Publié : 07 février 2006, 19:16
La Critique de la Raison Pure est un ouvrage de philophie fort connu. D'abord, parce que c'est l'une des oeuvres essentielle d'Emmanuel Kant, philosophe allemand du XVIIIème siècle ; ensuite parce que c'est une oeuvre qui révolutionna l'approche de la philosophie, en la rendant d'avantage abstraite, en se basant sur les phénomènes, et qui donnera la branche de la phénoménologie, comme celle de Sartre.
Une autre raison de sa célébrité est dûe aussi au style, qui, pour la première fois, est résolument orienté vers l'étude universitaire, et donc le discours de Kant est complexe, abscon, et difficile à appréhender au premier abord.
L'auteur
Emmanuel Kant est un philosophe du XVIIIème siècle, comtemporain de Voltaire, Mozart, Rousseau. Dans la vie, c'était quelqu'un qui privilégiais la réflexion à l'action, un pur penseur. Il nacquis et fis ses études à Königsberg, devint bibliothéquaire puis professeur de philosophie. Ses cours devinrent renommés grace à des copies réalisées par ses élèves, et il écrivis tardivement des ouvrages. Il pris une retraite studieuse et mourrut octogénaire en 1804. On ne peut pas dire que sa vie était trépidente, qu'il était réactionnaire ou téméraire. C'était quelqu'un de studieux, droit, neutre, un professeur de philo. La critique de la raison pure est écrite vers la fin de sa vie, et publiée en 1781. Elle pose les principes de sa philosophie critique.
Le sujet
De quoi parle La Critique de la Raison Pure? De la raison, uniquement de la raison, et rien que de la raison. Contrairement à d'autres philosophes, Kant ne critique ni la société, ni ses institutions, ni les religions. Il préfère tenter de comprendre l'univers, la nature, l'homme. Ici, il se penche sur la raison humaine. Ce domaine est si vaste, que l'on comprendra qu'il ne puisse pas s'attarder sur des problèmes de sociétés ou d'époque.
Pourtant, à l'heure où tout le monde ne jure que par la psychologie, il est intéressant de s'appercevoir qu'il existe une autre forme de connaissance de soi, à travers la philosophie, et en particulier la critique de la raison.
La raison pure
Se faire une idée de ce que c'est, à prioris, n'est pas simple. Qu'est-ce que la raison?
Kant répond à cette question dans ce livre, une réponse de 700 pages. C'est dire que c'est loin d'être simple.
Il traite de la raison, de ses principes, de ce que l'on peut en espérer, de ses lois et de ses contraintes.
On se surprend à s'appercevoir que ce qu'il analyse est en chacun de nous, et donc c'est un exercice universel, qui apporte une compréhension de ce que l'on peut comprendre, savoir et apercevoir de notre propre jugement.
Le livre
Il comporte deux parties, deux livres, la première décrie la théorie, tandis que la seconde est plus axé sur la pratique. L'une des sous-parties du premier livre est assez originale, puisqu'elle se séparre littéralement en deux, avec pour un même exemple, d'un côté, sur les pages paires, la thèse, et de l'autre, sur les pages impaires, l'anti-thèse, et donc, pour suivre la thèse, il faut sauter une page sur deux et vice-versa. Ceci était pour l'auteur l'occasion de démontrer que la raison peut jouer sur les deux bords d'un problème, sur l'affirmation comme sur la négation, afin qu'il puisse toujours y avoir polémique et avancée des connaissances.
La théorie
Résumé le principe de la critique de la raison pure est périlleux, car l'ensemble est réellement complexe, et il serait bien prétentieux de dire « voilà, ce livre ce résume à cela ». Cependant, d'après ce que j'en retiens à la première lecture, en étant néophyte il faut le préciser, c'est que notre raison est un outil extra-ordinaire nous permettant d'appréhender les concepts des choses, et que si l'on pouvait se situer toujours au niveau de la raison pure, nous pourrions transcander notre condition phénoménale et trouver les réponses à des domaines qui transcandent la réalitée. Pour situer où se trouve le domaine de la raison pure, on peut prendre par exemple le cas d'un triangle. Dans la réalité, il suffit de tracer trois points sur une feuille et de les reliers pour avoir un triangle. Mais le concept du triangle nous devions le penser au préalable avant même de relier les points. C'est là qu'intervient la raison. Par la raison, nous pouvons affirmer qu'un triangle est une figure géométrique à trois côtés, que la sommes de ses angles est égale à deux droits. Les mathématiques sont du domaine de la raison, et Kant s'aide souvent des mathématiques pour avancer dans sa démarche constructive.
Mais la théorie de Kant ne s'arrète pas à délimiter le domaine de la raison, elle va plus loin. Pour Kant, on peut raisonner sur les concepts des choses pour trouver une vérité universelle, transcandantale. Par exemple, l'espace et le temps, en se basant sur cette théorie, ne sont que des concepts, ils n'existent pas. Des mots posés sur des phénomènes non tangibles. De ce fait, l'espace n'a ni commencement, ni fin, de même que le temps, puisqu'il ne s'agit que de concepts utilisés par la raison. C'est une théorie tout-à-fait intéressante, car elle remet en question notre façon d'appercevoir, de juger et de raisonner (surtout sur les concepts créés implicitement par la raison).
Les impressions
Tout d'abord, j'ai eu du mal à entrer dans la logique de l'auteur, tant son écriture est obscure. L'écriture de Kant est rigide, manque de souplesse, et devient parfois très abscon. Par exemple, Kant aime bien créer des concepts et, de fait, définit de nouveaux mots. Il n'est alors par rare qu'une page contienne cinq ou six définitions de notions auquel l'auteur fera référence dans le chapitre, si ce n'est dans l'ouvrage. La syntaxe n'est vraiment pas évidente car les répétitions sont nombreuses, et la définition Kantienne est quelquepart dans l'épais volume. Par exemple, un paragraphe au hasard, sur l'antinomie de la raison pure, page 382 :
En quatrième lieu, les concepts du possible, de l'effectivement réel et du nécessaire ne conduisent à aucune série, sinon en ce sens que le contingent dans l'existance doit toujours être considéré comme conditionné et que, suivant la règle de l'entendement, il nous renvoie à une condition, qui nous renvoie nécessairement à une autre plus élevée, jusqu'à ce que la raison trouve seulement dans la totalité de cette série la nécessité inconditionnée.
Et tout le livre est dans ce style. On remarque dans cette phrase la répétition du mot série, et des variantes du mot condition. Je ne sais pas ce qu'il en est de la version originale, si ça vient de la traduction ou de l'auteur, mais il faut vraiment s'accrocher et faire abstraction de la lourdeur de l'écriture. Ensuite, quand on commence à comprendre de quoi il en retourne, on s'étonne. C'est l'étonnement philosophique. Je ne me doutais pas que la raison pouvait être à ce point importante, et que l'on pouvait disposer d'une méthode, la critique de la raison pure.
Cependant, on reste sur sa faim. Sur certains points, j'aurais aimé plus d'analyses, en particulier sur l'espace et le temps, tant cela me semble original, et moins sur d'autres. De même, le style se relache à la fin de l'ouvrage, et l'on se demande s'il n'aurait pas été mieux s'il l'avait été depuis le début. De plus, en étant tellement abstrait, et si lié à la méthode de la critique de la raison pure, on a du mal à en cerner l'enjeu, bien que notre compréhension de la raison soit tout de même plus affinée à la fin de la lecture.
Un livre qui doit se lire à intervalle de temps régulier, afin de ne pas se perdre dans l'irrationnel et la folie insensée de notre époque ; une bouée de sauvetage de la raison.
Critique de la raison pure, Emmanuel Kant, 1020 pages, 12 euros, édition folio essais.
Protos