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Hell [cinéma]

Publié : 02 mars 2006, 11:12
par Meow
N'ayant pas lu le livre dont il est l'adaptation, je ne pourrais pas faire de comparaison avec le film, qui malgré les critiques essentiellement négatives, m'a plutot ravi.
Alors tout d'abord, je ne partage pas cet avis désenchanté qui fleuris un peu partout dans les reproches fait à la stérilité des personnages et, par extension, à celle du film.

L'histoire n'est absolument pas originale pour deux sous : Hell et Andréa se trouvent, comme ça, propulsés sans réel intérêt dans les bras l'un de l'autre et vont s'aimer ("sous le sunlight des...", pardon), s'entredéchirer jusqu'au bout. A part ce milieu friqué, leurs caratères rebels en quête de sensations fortes et leur attirance physique dans laquelle je trouve que leur charme respectif est très appréciable puisque qu'il correspont totalement à l'image que l'on se fait habituellement de ces gens très superficiels...à part tout ça donc, il n'y a vraiment rien qui donne l'occasion de construire une histoire d'amour originale pleine de piquant, qui ravirais les amateurs et trices de jolies histoires qu'ils ne vivront peut être jamais parce que très poétiques mais tellement éloignée de la triste réalité...
Non, on est pas là pour rêver et c'est peut être la banalité et la triste réalité qui fait que Hell va ravir certains et en laisser d'autres sur le carreau.
Ce qui fait la force de l'histoire, c'est qu'il n'y a pas d'histoire, mais juste un point vue. Je vois tout ça comme une tranche de vie de gens insignifiants dans un univers qui l'est tout autant, une sorte de 'striptease' (émission documentaire de Arte) en plus romancé. Le film est vide et parfois ennuyeux, il faut bien l'avouer, mais pourrait-il en être autrement face à la vision profondemment nihiliste de Hell et d'Andréa qui ne savent pas quoi faire ni d'eux, ni de leur amour, ni de ceux qui les entours? Ils passent leur temps à emmerder le monde, se saouler, jouer à celui qui sera le plus défoncé par la coke ou l'alcool. Pour moi, ce 'vide', permet au spectateur de s'indentifier un peu plus et de mieux plonger dans la souffrance et le désarois.

Pourtant, ce qui est magnifique, ce sont effectivement les silences, les non-dits et la superbe crédibilité de deux acteurs principaux particulièrement émouvants. Je soutiens corps et âme, contre le monde entier s'il le faut, qu'il faut voir ce film rien que pour ça (et non, je n'ai pas mis le nez dans la poudreuse)!

En ce qui concerne la réalisation, c'est pour moi le point noir du film : l'image sans être mauvaise, n'a rien de particulièrement originale, ce qui ne dépareille pas avec l'ensemble du film qui échappe ainsi à un trip esthétisant, mais bon...sans plus.
Par contre, la bande son, bon sang! Est-ce qu'un film pareil avait vraiment besoin d'une bande son aussi pourrie? On a le choix entre des violons pour faire pleurer, ou, comble du mauvais goût, au pathétique 'Protect me' de Placebo... C'est simple, j'en ai encore la gerbe quand j'y pense.

Alors au bout du compte, le film est inégal, mais heureusement (selon moi) n'est pas tombé dans le panneau du vas-y que je te colle une morale histoire de le justifier
. Ce film n'a pas besoin de morale et pour le coup, va se passer de l'enthousiasme de ceux qui voudraient qu'il y en est toujours une dans un film. Ils se passera tout autant de ceux qui pense que l'argent est une fin en soi et qui ne comprendront peut être pas le drame humain qui s'y joue.
Voilà un film, plutot bad trip, avec des scènes tantot parfaites en terme d'émotions et d'humour, tantot qui trainent un peu dans l'ennui, mais qui, excepté les envolées musicales pathétiques, se conforme enfin à la triste réalité, celle de l'angoisse permanente de certains individus, dans toute sa simplicité, de vivre un enfer psychologique, ici et maintenant.