La Licorne

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topolino
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La Licorne

Message par topolino »

titre : La Licorne tome 1 : Le dernier temple d'Ascéplios
scénario : Mathieu Gabella
dessin: Anthony Jean
genre : Historico-fantastique
nombre de pages : 48
parution : septembre 2006
édition :
Delcourt

Il y a de ces bandes dessinées où toute latmosphère est résumée sur la couverture, où la première image que lon a de lhistoire en est son parfait résumé. Cest de cette manière que lon peut percevoir la couverture du premier tome dune nouvelle série prometteuse, La Licorne : on y trouve un personnage avec une fraise caractéristique dune certaine époque, des dessins anatomiques monochromes et des êtres monstrueux rouges flamboyants. Vous laurez compris, La Licorne est une juxtaposition dHistoire, de Science et dimaginaire. Le cocktail peut se révéler explosif, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme.
Nous sommes à la fin du XVIème siècle. Quelques grands noms de la médecine sont victimes de meurtres plus quétranges. Oh, nayez pas de peine pour eux, cela faisait déjà plusieurs années quils étaient morts de toute façon. Leur point commun ? Ils appartiennent tous à une sorte de confrérie, les Asclépiades, du nom dAsclépios, dieu grec de la médecine. Tous sont des médecins, au sens général du terme tel que nous lentendons aujourdhui et portent les noms bien connus dans lhistoire des sciences de Gessner, Sylvius ou Fracastor. Ces événements intriguent le « héros » de lhistoire qui nest autre quAmbroise Paré, considéré aujourdhui comme le père de la médecine moderne et de la chirurgie (et non, ce nétait pas Benton). Notre bon Ambroise va se rendre compte que chaque personne tuée avait reçu une tapisserie. Dans sa quête semée dembûches et de lacérations en tout genre, il rencontre Michel de Nostre-Dame, plus connu sous le nom latinisé de Nostradamus. Tous ces grands savants, les Asclépiades ont une certaine vision de la médecine, contraire à celle dAmbroise Paré. Mais quimporte, ils sont tous liés par ces tapisseries mystérieuses qui contiendraient le secret de la transformation de lanatomie humaine. Bien sûr, tout ce petit monde a des ennemis, certains quasi immortels mais pas moins étranges que les alliés, des êtres « presque humains », présentés comme les premiers hommes, aux étranges pouvoirs.
Vous laurez compris, La Licorne est un savant mélange. Utiliser des personnages historiques et les faire évoluer dans une histoire complètement imaginaire est déjà un exercice périlleux. Mais si vous rajoutez à cela des monstres, des savants morts et enterrés qui reviennent vous rendre visite, cela peut paraître totalement suicidaire, surtout pour de jeunes auteurs. Verdict ? Et bien ça marche. Certes le scénario est assez complexe, tous ces éléments en font une histoire très riche où lon sy perd un peu jen veux pour exemple les tapisseries où lon ne voit pas bien ce que la Dame à la licorne vient faire dans lhistoire. Cependant, lamorce dune histoire quest un premier tome nous force à lindulgence. Dautant plus que la véracité historique des personnages, leur carrière, leur date de mort, leur présence et leur fonction est bien apparente dans le récit. Les racines du récit étant bien encrées dans lHistoire, le fantastique sen trouve paradoxalement plus légitime. On naurait pas pardonné à Mathieu Gabella une légèreté dans les éléments véridiques, discréditant du même coup tout invention personnelle. A mon sens, les envolées littéraires dun tel récit fonctionne seulement parce que les bases historiques sont biens solides.
Côté dessin, que pourrait-on avoir à redire ? Le trait, la mise en page, les couleurs sont magnifiques. Certes, le mouvement nest pas très présent dans lanatomie pourtant au cur de lhistoire quelques maladresses sont encore perceptibles, mais le résultat global en fait une uvre graphique de très grande qualité. Les monstres notamment ont une représentation très intéressante, sécartant des stéréotypes que lon trouve à répétition dans de nombreux albums dhéroïc-fantasy. Le décor est souvent assez épuré, et cest très bien comme ça, les couleurs, appartenant à une palette assez réduite, se répondent parfaitement. La simplicité était la meilleure solution.
Il est encore trop tôt pour dire si cette nouvelle série sera un cocktail explosif dans le bon ou le mauvais sens du terme. Cela semble bien parti pour être plutôt positif. Quoi quil en soit, La Licorne restera une hybridation entre plusieurs genres. Malheureusement, elle peut être aussi le mélange du meilleur et du pire. Lensemble est très bon, on apprécie dans le scénario la conception des monstres, qui ne manque pas de renvoyer à l'île du docteur Moreau de Wells, mais on peut regretter certaine lourdeur, telle que la sorte de confrérie des ennemis des Asclépiades, plus ou moins membres de lEglise, et tous reconnaissables par le port du même tatouage. Ce nest pas vraiment des plus original, pour un scénario qui lest par ailleurs vraiment. Mais le plus décevant est la juxtaposition, dans une même uvre, dune parfaite minutie du détail - une case montrant des hommes dans la neige au nez rougi par le froid et de lutilisation dune photo complètement pixélisée pour la tapisserie de la Dame à la licorne. Chacune de ses apparitions est comme une agression dans la planche, une tache quon ne peut sempêcher de voir.
On attend quen même la suite, mais sans cette trahison. A mon seul désir.
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