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Baker Street [BD]

Publié : 01 novembre 2006, 14:59
par topolino
Je vous propose de vous faire découvrir une série commencée en 1999, Baker Street. Cette série se compose de quatre tome à ce jour. Voici la critique du premier tome.

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titre : Baker Street
tome 1 : Sherlock Holmes n'a peur de rien
dessin : Nicolas Barral
scénario : Pierre Veys
année 1999
édition:
Delcourt, collection Humours de rire

Vous l'aurez compris, cette série met en scène le célèbre détective Sherlock Holmes et son fidèle compagnon John Watson. Autour d'eux, gravitent les personnages récurrents des histoires de Conan Doyle, des mystères apparemment insolubles, des méchants, des niais, des fiacres anglais, des policiers de Scotland Yard et une quantité de choses absurdes!
Le premier tome de Baker Street se divise en cinq épisodes et un épilogue dans lesquels nos détectives doivent solutionner des mystères plus étranges les uns que les autres.
Dans le premier épisode, incident sur la Tamise Watson et Holmes sont appelés par Lord Jameson afin de résoudre une étrange affaire dont Lord Beverage a été victime (vous apprécierez les noms de famille!) ; ensuite c'est l'inspecteur Lestrade qui fait appel à nos héros dans Ophiophobie afin d'enquêter sur la mort du colonel Norton, ancien officier en Inde ; Tossing the caber, le troisième épisode, tire son nom de la célèbre épreuve des Highland's games où les concurrents doivent lancer un tronc d'arbre le plus loin possible. Holmes, Watson et Lestrade doivent veiller sur la Reine et empêcher des Highlanders de nuire à sa gracieuse Majesté, furieux qu'ils sont de voir les jeux se dérouler aujourd'hui à Edinburgh plutôt que dans les Highland ; Le bois rouge de Pernambourg constitue le quatrième épisode de l'album, où nos personnages, toujours en Ecosse, enquêtent à St Andrews sur le vol d'objets rouges ramenés du Brésil ; enfin le dernier et plus court épisode du premier tome de Baker Street, Rançon pour une momie, entraîne tout le monde au musée afin d'enquêter sur la disparition d'une momie (évidemment).
Quant à l'épilogue, il ne peut se comprendre qu'en ayant lu les épisodes précédents, je vous le laisse donc découvrir par vous même.
Comme dans de nombreux albums de bande dessinée humoristique, l'histoire n'est qu'un prétexte pour entraîner les héros dans des aventures rocambolesques. Pour comprendre rapidement l'esprit et l'humour qui règnent dans cette série, il suffit de lire la 4ème de couverture. Autant la couverture de l'album est assez moche (elles le sont toutes un peu dans cette série, si ce n'est peut être celle du tome 4), terne et pas très bien compréhensible, autant la 4ème de couverture est un parfait résumé de la série : Holmes et Lestrade sont à table, Watson part en courant. Derrière la table, Mme Hudson, la gouvernante, présente sa spécialité culinaire, la méduse aux câpres. Absurde! c'est bien le maître mot de cette série. Si vous aimez l'humour conventionnel, les gags qu'on voit venir à dix kilomètres, passez votre chemin. En revanche, si vous aimez l'humour grinçant, l'innattendu, voici une série qui devrait vous plaire. Holmes prend un malin plaisir à ridiculiser Watson, qui ne se prive pas pour lui mettre des batons dans les roues et récupérer les honneurs qui lui sont dus. Dans le second épisode par exemple, Holmes émet l'hypothèse qui voudrait être la bonne solution au mystère de la mort du colonel Norton. Watson, qui a le rôle de mettre en valeur Holmes, cherche rapidement dans ses notes quoi dire. Il en sort un tonitruant "stupéfiant Holmes, Tadzam!" et ce rend compte qu'il avait lu une annotation personnelle dans la marge. Holmes est furieux.
Autre exemple, Watson et Holmes se rendent de nuit dans un musée. Pour atteindre le haut de la tapisserie, Holmes construit un échafaudage avec le mobilier ancien et précieux du musée. Lorsqu'ils repartent, ils laissent derrière eux l'échafaudage en place, sortent par la fenêtre et s'inquiètent de la fermer afin que la pluie n'abîme pas ces précieux meubles. En claquant la fenêtre, tout s'écroule et se brise.
Plus loin, l'inspecteur Lestrade de Scotland Yard, dépeint ici comme un gentil niais, envahissant et complètement maladroit, enfile un heaume pour se protéger, mais n'arrive plus à le retirer. A la fin de l'épisode, son cousin lui fait remarquer qu'il n'a vraiment pas de chance d'avoir enfilé ce heaume juste au moment de la grève des forgerons.
Bien évidemment, sortis de leur contexte, ces exemples perdent de leurs qualités comiques. Car si on rit en lisant Baker Street, c'est surtout parce que les effets comiques sont inattendus. L'absurdité a cette qualité de pouvoir être apposée partout, sans qu'on ne la prévoie. Cela crée un humour dynamique, spontané. L'une des grandes qualités de cet album est justement son rythme, bien porté à ce niveau là par le dessin, la mise en page et le cadrage. Certes, le découpage en épisode permet des récits courts, où l'histoire en elle-même n'a pas beaucoup d'importance, mais on retrouve souvent dans un épisode des rappelles de l'épisode précédent, ou un enchainement directe, comme c'est le cas entre Tossing the caber et Le bois rouge de Pernambourg
. Bref, un album où l'on ne s'ennuie pas, où l'humour même crée des rebondissements, des effets de surprise qui compense la finesse de la trame et certaines répétitions de schémas (Holmes émet un théorie qui révèle être fausse et Watson se moque de lui). On peut regretter également certaines lourdeurs, comme par exemple dans le second épisode où Holmes, Watson et Lestrade se rendent chez le colonel Norton. Lestrade leur avait indiqué que le précepteur était un vieil homme sénile. Lorsque celui-ci ouvre la porte, il donne un coup de canne à Lestrade. Holmes a vu venir l'incident et pour bien nous faire comprendre qu'il a vu la canne, une flèche en pointillé est dessinée...Dans le même épisode, Holmes parle de la plante exotique que le colonel aurait ramené des Indes et dont la terre contiendrait une sorte de serpents Ramphotyphlops braminus. A la suite de ce mot, on nous colle un astérisque qui renvoie à la mention "authentique". Pour ma part, je trouve ça extrêmement lourd, et peu flatteur pour le reste du récit, comme si seulement ce nom pouvait contenir de la rigueur. L'absurdité de l'humour ne signifie pas nécessairement que tout ce que dit cette bd est aussi absurde. Pourtant, cette mention semble accentuer cet a priori, et pour ma part, je trouve que cela dévalorise énormément tout le contenu de l'album. On peut également déplorer l'incrustation dans le dessin de photos de tableau, ce qui choque toujours un peu.
Malgré ces quelques points négatifs, le premier tome de Baker Street reste tout de même un grand moment d'humour. Un humour particulier, sur lequel on adhère ou pas, mais qui a le mérite d'être constant et bien ficelé. Les puristes des livres de Conan Doyle peuvent crier au scandale parce qu'on touche au sacro-saint Sherlock Holmes, mais les novices peuvent trouver en ces albums une envie de se plonger dans l'univers du célèbre détective dans ses nombreux romans et nouvelles, d'autant qu'on retrouve dans cet album, la façon de penser de Sherlock Holmes, cette manière très particulière de sortir une hypothèse à brûle pourpoint, en mettant en avant tout ce qu'il a pu remarquer et que personne d'autre n'avait vu. L'humour en moins.


P.S: il y a dans cet album un livre qui a disparu de l'image, serez-vous me dire où?