Critique de THE Vines [Musique]
Publié : 07 août 2003, 18:54
Voilà, je publie ma critque du premir album de The Vines. Dites moi ce que vous en pensez
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THE VINES "Highly Evolved"
Membres du groupe : Craig Nicholls (Chant et guitare), Patrick Matthews (Basse et seconde voix), Hamisch Rosser (Batterie) et Ryan Griffiths (Guitare).
Discographie : Factory EP (2001) - Highly Evolved (2002 - Capitol Records)
Propulsés en tête d'affiche par des rock critics anglais ravis d'avoir trouvé un nouveau groupe à qui attribuer leur palme de meilleur groupe de rock au monde, les Vines devaient donc être les Strokes australiens, dixit le NME. Pas de bol, Craig Nicholls et sa bande ne cultivent pas un rock revival aux doux accents de Velvet et n'aiment pas particulièrement les costumes-cravates. Et que dire de l'attitude ? Des Strokes statiques en concert, qui ne se droguent pas et des Vines (enfin surtout Craig Nicholls) explosant les guitares ainsi que la batterie à chaque fin de set puis finissant sur les rotules, rétamés, quelques heures plus tard, à fumer de l'herbe en chansons... la comparaison prend rapidement des allures de blague. On savait les britons forts pour amalgamer un peu n'importe quoi mais là... Ceci dit, nos lunatiques journalistes ne disent pas que des conneries. En effet, il y a bien un point commun entre les Strokes et les Vines : la faculté à décocher des mélodies simples mais imparables. De façon beaucoup moins calme pour nos vignerons, cependant. Mais revenons à Highly Evolved. Le premier album des Vines donc, sonne un peu comme du Nirvana. Mais sans la friture sur la ligne et la crasse. Soit un concentré de onze titres rempli à rabord de sainte énergie adolescente. Peu ou pas de rebéllion feinte, laissons ça à Linkin & cie.
Ca commence fort avec la première piste, Highly Evolved, ne durant pas plus d'une minute trente-quatre. Derrière une guitare proche de la saturation, Craig hurle ses démons avec conviction. Et comme Cobain, ne se maîtrise pas. En jouant comme si sa vie en dépendait, récurrence dans la contrée rock. A peine remis d'un tel brûlot, on s'attend logiquement, avec le titre suivant, à une autre escapade vers la folie. Raté : Autumn Shade est une courte ballade à la mélancolie suintante, ode au rêve et au besoin d'en avoir. "Se glissant dans l'ombre de l'automne, Je pourrais dormir des heures" murmure le chanteur. Après deux complets et aucun refrain hormis ce "Keep My Head Up" de quelques secondes, Craig se lance dans de sereines vocalises. Goût de miel et d'enfance. Se libérer des contraintes, fuir le monde des adultes, qui va trop vite et souvent trop loin. Rester dans la complitude. Encore faut-il assumer sa position... Ambigue mais magnifique, Autumn Shade séduit immanquablement, pour peu que l'on soit preneur de mélodies calmes et sirupeuses. Mais la mère Folie rôde. Et revient en force dès la troisième piste : Outtathaway. Pendant trois minutes, on a l'impression d'assister à la résurrection de Nirvana période Bleach. Les sons se distordent, début de saturation et Craig qui donne tout. Habité notre ami, par un résident qui en veut au monde entier. Pendant quelques chansons. Et ça repart avec Sunshinin. Une piste alternant cris hagards et couplets ensoleillés. "Drug Buyin Fake Lightin, Don't wanna belive in the way I am"... Il se passe quelque chose là. Le chef-d'oeuvre est pour juste après. Homesick donc. Une chanson qui touche le coeur de celui qui l'écoute, le genre de truc qui peut changer une vie. Et je ne rigole pas. La fascination de Nicholls pour les Beatles ressurgit pendant près de cinq minutes de bonheur. On prendrait bien l'Enfer en échange s'il fallait sauver ce moment. C'est la tête ailleurs que Get Free débute. Bam ! Ca va vite, ça joue bien, les paroles ne veulent pas dire grand-chose mais la vigueur est là, palpable. Le titre donne envie de se battre et d'enfoncer des portes. De vivre sans se soucier de ce qui se passe ailleurs. Ce n'est pas du renfermement mais de la protection. "I'm gonna get free, I'm gonna get free, I'm gonna get free, Ride into the sun." Part mon ami, c'est pour ton bien. Alors les Vines nous emmènent vers un des sommets de l'album : Country Yard, une longue plainte mélancolique que n'aurait certainement pas renier les Fab Four. Le temps de quelques secondes, les Vines font le point façon Chokebore : "I'm tired of feeling sick and useless, Then speaking every other way". Mais nos australiens sont bien uniques et on a beau enchaîner les références, aucune ne convient parfaitement. Réminiscence d'Autumn Shade, Country Yard aborde le même sujet : l'évasion. Une mystérieuse fille se mettant également en travers de la route. Mais Craig ne trébuche pas... et ne se torture pas. Il a juste envie d'être seul. "Je n'ai vraiment pas besoin de changement, Je n'ai pas vraiment besoin de ce qui est à moi, Dehors dans un jardin de campagne, Cela sera simplement bien" Vivre, juste vivre et se laisser aller. Si on est heureux comme ça... Puis Factory déçoit. Peu inspiré pour le coup, le quartette joue un rock démembré et clownesque. La piste fait sourire tant le second degré nourrit les paroles. Usine et travail selon un gars qui rêve de verdure et de sommeil, forcément c'est un peu casse gueule. Car n'est pas Bruce Springsteen qui veut. La vision made in Vines du prolétariat est romantique, ce qui ne veut pas dire qu'elle est mauvaise. Bancale dirons-nous. Hop, piste suivante : In The Jungle. Une mélodie sympathique et des paroles difficiles à décrypter tant cette chanson parle de tout et de n'importe quoi. Avec à la clé un refrain bien débile : "Dans la jungle tu es dans la jungle, Tu es dans la jungle que tu, Dans la jungle tu es dans la jungle, tu es dans la jungle qui oh" Et toujours le refus ou l'impossibilité pour le narrateur de devoir choisir et montrer ce dont il est capable. Le 'croyez moi si vous voulez, sinon tant pis pour vous' est de rigueur : "Under the oak tree tin all around me, I don't know what to prove". Puis pour la première fois, l'humour de notre jeune ami fait mouche : "So if you should need a hand, Write down the adress of the land, but I'm running out of time". A défaut d'impressionner, In The Jungle nous fait penser que The Vines est une étrange entité, enfermée dans une bulle qui se bat pour ne pas percer et y rester. En dixième piste, Mary Jane, douce ballade intimiste, presque acoustique, longue de deux fois la moyenne de l'album. Dans la veine de Homesick et toujours le choix et l'évasion comme centres névralgiques. Hanté par des thèmes incompatibles avec la société moderne, Craig se perd, plonge mais sans perdre pied. Les émotions s'éparpillent et la maîtrise musicale du groupe devient inéluctable. Ain't No Room commence et le parpaing nous est envoyé en plein visage. La claque n'est pas magistrale mais le coup est porté. Là encore, les Vines déclament leur feu et leur sang dans un déluge de mélodies d'une remarquable efficacité. Enfin, 1969, dernière piste, pourrait résumer l'album : le ton est calme, doux, pendant deux minutes puis ça part en vrille, Craig gueule à n'en plus finir, les guitares s'envolent, les voix s'entretuent... pour un final intense, brillant, sans artifice. Highly Evolved crache ses derniers sons et je suis soufflé, allongé sur le lit à ne plus vraiment savoir qui et où je suis. Les Vines nous transportent dans un univers de contradictions, d'ambiguités, de doutes et surtout de songes. Finalement, Highly Evolved n'est que le reflet de nos vies, une fontaine d'où jaillit un monde sans autres échappatoires que le sommeil et le rêve, sous la forme que l'on veut. Notre monde. Et vivre "juste pour voir un autre jour" comme dirait Nicholls.
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THE VINES "Highly Evolved"
Membres du groupe : Craig Nicholls (Chant et guitare), Patrick Matthews (Basse et seconde voix), Hamisch Rosser (Batterie) et Ryan Griffiths (Guitare).
Discographie : Factory EP (2001) - Highly Evolved (2002 - Capitol Records)
Propulsés en tête d'affiche par des rock critics anglais ravis d'avoir trouvé un nouveau groupe à qui attribuer leur palme de meilleur groupe de rock au monde, les Vines devaient donc être les Strokes australiens, dixit le NME. Pas de bol, Craig Nicholls et sa bande ne cultivent pas un rock revival aux doux accents de Velvet et n'aiment pas particulièrement les costumes-cravates. Et que dire de l'attitude ? Des Strokes statiques en concert, qui ne se droguent pas et des Vines (enfin surtout Craig Nicholls) explosant les guitares ainsi que la batterie à chaque fin de set puis finissant sur les rotules, rétamés, quelques heures plus tard, à fumer de l'herbe en chansons... la comparaison prend rapidement des allures de blague. On savait les britons forts pour amalgamer un peu n'importe quoi mais là... Ceci dit, nos lunatiques journalistes ne disent pas que des conneries. En effet, il y a bien un point commun entre les Strokes et les Vines : la faculté à décocher des mélodies simples mais imparables. De façon beaucoup moins calme pour nos vignerons, cependant. Mais revenons à Highly Evolved. Le premier album des Vines donc, sonne un peu comme du Nirvana. Mais sans la friture sur la ligne et la crasse. Soit un concentré de onze titres rempli à rabord de sainte énergie adolescente. Peu ou pas de rebéllion feinte, laissons ça à Linkin & cie.
Ca commence fort avec la première piste, Highly Evolved, ne durant pas plus d'une minute trente-quatre. Derrière une guitare proche de la saturation, Craig hurle ses démons avec conviction. Et comme Cobain, ne se maîtrise pas. En jouant comme si sa vie en dépendait, récurrence dans la contrée rock. A peine remis d'un tel brûlot, on s'attend logiquement, avec le titre suivant, à une autre escapade vers la folie. Raté : Autumn Shade est une courte ballade à la mélancolie suintante, ode au rêve et au besoin d'en avoir. "Se glissant dans l'ombre de l'automne, Je pourrais dormir des heures" murmure le chanteur. Après deux complets et aucun refrain hormis ce "Keep My Head Up" de quelques secondes, Craig se lance dans de sereines vocalises. Goût de miel et d'enfance. Se libérer des contraintes, fuir le monde des adultes, qui va trop vite et souvent trop loin. Rester dans la complitude. Encore faut-il assumer sa position... Ambigue mais magnifique, Autumn Shade séduit immanquablement, pour peu que l'on soit preneur de mélodies calmes et sirupeuses. Mais la mère Folie rôde. Et revient en force dès la troisième piste : Outtathaway. Pendant trois minutes, on a l'impression d'assister à la résurrection de Nirvana période Bleach. Les sons se distordent, début de saturation et Craig qui donne tout. Habité notre ami, par un résident qui en veut au monde entier. Pendant quelques chansons. Et ça repart avec Sunshinin. Une piste alternant cris hagards et couplets ensoleillés. "Drug Buyin Fake Lightin, Don't wanna belive in the way I am"... Il se passe quelque chose là. Le chef-d'oeuvre est pour juste après. Homesick donc. Une chanson qui touche le coeur de celui qui l'écoute, le genre de truc qui peut changer une vie. Et je ne rigole pas. La fascination de Nicholls pour les Beatles ressurgit pendant près de cinq minutes de bonheur. On prendrait bien l'Enfer en échange s'il fallait sauver ce moment. C'est la tête ailleurs que Get Free débute. Bam ! Ca va vite, ça joue bien, les paroles ne veulent pas dire grand-chose mais la vigueur est là, palpable. Le titre donne envie de se battre et d'enfoncer des portes. De vivre sans se soucier de ce qui se passe ailleurs. Ce n'est pas du renfermement mais de la protection. "I'm gonna get free, I'm gonna get free, I'm gonna get free, Ride into the sun." Part mon ami, c'est pour ton bien. Alors les Vines nous emmènent vers un des sommets de l'album : Country Yard, une longue plainte mélancolique que n'aurait certainement pas renier les Fab Four. Le temps de quelques secondes, les Vines font le point façon Chokebore : "I'm tired of feeling sick and useless, Then speaking every other way". Mais nos australiens sont bien uniques et on a beau enchaîner les références, aucune ne convient parfaitement. Réminiscence d'Autumn Shade, Country Yard aborde le même sujet : l'évasion. Une mystérieuse fille se mettant également en travers de la route. Mais Craig ne trébuche pas... et ne se torture pas. Il a juste envie d'être seul. "Je n'ai vraiment pas besoin de changement, Je n'ai pas vraiment besoin de ce qui est à moi, Dehors dans un jardin de campagne, Cela sera simplement bien" Vivre, juste vivre et se laisser aller. Si on est heureux comme ça... Puis Factory déçoit. Peu inspiré pour le coup, le quartette joue un rock démembré et clownesque. La piste fait sourire tant le second degré nourrit les paroles. Usine et travail selon un gars qui rêve de verdure et de sommeil, forcément c'est un peu casse gueule. Car n'est pas Bruce Springsteen qui veut. La vision made in Vines du prolétariat est romantique, ce qui ne veut pas dire qu'elle est mauvaise. Bancale dirons-nous. Hop, piste suivante : In The Jungle. Une mélodie sympathique et des paroles difficiles à décrypter tant cette chanson parle de tout et de n'importe quoi. Avec à la clé un refrain bien débile : "Dans la jungle tu es dans la jungle, Tu es dans la jungle que tu, Dans la jungle tu es dans la jungle, tu es dans la jungle qui oh" Et toujours le refus ou l'impossibilité pour le narrateur de devoir choisir et montrer ce dont il est capable. Le 'croyez moi si vous voulez, sinon tant pis pour vous' est de rigueur : "Under the oak tree tin all around me, I don't know what to prove". Puis pour la première fois, l'humour de notre jeune ami fait mouche : "So if you should need a hand, Write down the adress of the land, but I'm running out of time". A défaut d'impressionner, In The Jungle nous fait penser que The Vines est une étrange entité, enfermée dans une bulle qui se bat pour ne pas percer et y rester. En dixième piste, Mary Jane, douce ballade intimiste, presque acoustique, longue de deux fois la moyenne de l'album. Dans la veine de Homesick et toujours le choix et l'évasion comme centres névralgiques. Hanté par des thèmes incompatibles avec la société moderne, Craig se perd, plonge mais sans perdre pied. Les émotions s'éparpillent et la maîtrise musicale du groupe devient inéluctable. Ain't No Room commence et le parpaing nous est envoyé en plein visage. La claque n'est pas magistrale mais le coup est porté. Là encore, les Vines déclament leur feu et leur sang dans un déluge de mélodies d'une remarquable efficacité. Enfin, 1969, dernière piste, pourrait résumer l'album : le ton est calme, doux, pendant deux minutes puis ça part en vrille, Craig gueule à n'en plus finir, les guitares s'envolent, les voix s'entretuent... pour un final intense, brillant, sans artifice. Highly Evolved crache ses derniers sons et je suis soufflé, allongé sur le lit à ne plus vraiment savoir qui et où je suis. Les Vines nous transportent dans un univers de contradictions, d'ambiguités, de doutes et surtout de songes. Finalement, Highly Evolved n'est que le reflet de nos vies, une fontaine d'où jaillit un monde sans autres échappatoires que le sommeil et le rêve, sous la forme que l'on veut. Notre monde. Et vivre "juste pour voir un autre jour" comme dirait Nicholls.