de Mehdy Seraiche
L'OM, club (de) comique(s)
L'Olympique de Marseille.
Un club à part dans le paysage français. Pas seulement par son palmarès (sans aucun doute le premier voire le deuxième du football français). Pas non plus parce que le club n'a rien gagné depuis la Coupe d'Europe en 1993 (à part deux Coupes Intertoto). Ni parce qu'il est certainement le club le plus populaire de France.
Si le club est aussi en marge, c'est parce qu'il a aujourd'hui un fort potentiel comique (loin du tragi-comique parisien) : un club géré par un milliardaire qui danse en tongs les soirs de finale de Coupe d'Europe, présidé par un ancien agent de joueurs à la logorrhée inextinguible, etc. Mais l'un des personnages les plus truculents du club est sans doute José Anigo.
José, un homme qui en a
Je m'appelle José Anigo, je suis un Marseillais, un vrai avec des couilles. Avant j'entraînais l'OM, le club de Marseille, mais comme j'ai perdu contre le PSG, on m'a donné une promotion et je suis devenu directeur sportif. C'est ça l'OM.
Le Petit José sévit depuis longtemps sur Internet, il a rapidement connu le succès grâce à un blog, vite incorporé aux Cahiers du Football.
Dans la droite ligne des Cahiers, Le Petit José apporte une note rafraîchissante au monde du football, une note évidemment humoristique mais avec juste ce qu'il faut de vérité pour rendre la chose encore plus drôle.
Au long des 160 pages du livre, se disputent d'admirables chroniques comiques. On y voit José parler des transferts, notamment de ceux de Dribbléry au QI d'huitre sauvage ou encore Cana milieu défensif albanais dont le PSG n'avait pas utilité. Le Péesseugé, adversaire historique du club phocéen, est aussi la cible de deux chroniques terriblement drôles : les "affaires" du vestiaire à l'ammoniaque et de l'envoi d'une équipe bis de l'OM au Parc des Princes devaient obligatoirement figurer dans ce manuel tant elles sont symptomatiques du Grand Guignol parisiano-marseillais.
Evidemment l'OM ne serait pas ce grand club, sans la Coupe d'Europe (même si c'est celle de l'Intertoto) ou encore la Coupe de France (surtout la défaite contre toujours ce même Paris Saint-Germain).
Pour terminer le tableau, il faut noter les fortes têtes du club à l'organigramme aléatoire : Pape Diouf, candidat pour ajouter son nom à la liste des futurs anciens présidents de l'OM, Robert-Louis Dreyfus défendu par le Petit José dans une lettre au procureur hilarante ou Jean Fernandèze.
A quoi ça tient?
La réussite du Petit José tient évidemment d'abord au club lui-même, capable du meilleur comme du pire. Capable d'atteindre une finale de Coupe de l'UEFA et deux après de perdre contre une obscure équipe tchèque.
Mais surtout la réussite du blog et du livre tiennent dans la vision de l'auteur, Mehdy Seraiche.
Chaque personnage est croqué avec humour et amour. Robert-Louis Dreyfus en homme invisible qui s'intéresse au football comme on peut s'intéresser à la reproduction des mouches au Zimbabwe, Dribbléry qui enchaîne les dribbles comme d'autres savent compter les cure-dents quand ils tombent par terre, le jeune Nasri à peine sorti de ses couches, etc. Et évidemment le chef de tout ce beau monde, Le Petit José himself à la parole fleurie.
Un exemple :
"[...] il adopte la tactique timorée. Moi je savais pas, on m'a expliqué. Timoré, ça veut dire par exemple : 'Timoré bien gagner un match' ou 'Timoré bien pas prendre de but'".
Les constantes errances grammaticales et de vocabulaire du Petit José font indéniablement une grande partie de son succès.
Un livre à offrir
En résumé, Le Petit José est un très bel exercice satyrique sans jamais tomber dans la méchanceté. On sent que l'auteur aime profondément l'OM et que sa philosophie tient dans une phrase : "il vaut mieux en rire qu'en pleurer".
Note : 9/10