Le Grand Silence [Documentaire]

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nazonfly
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Le Grand Silence [Documentaire]

Message par nazonfly »

Le Grand Silence

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Date de sortie : 20 Décembre 2006
Réalisé par Philip Gröning
Film allemand. Genre : Documentaire
Durée : 2h 42min. Année de production : 2006
Distribué par Diaphana Films

La curiosité peut parfois nous conduire sur de bien étranges chemins. C'est donc cette curiosité qui me fit aller voir Le Grand Silence. Quelle formidable expérience cela pouvait être d'aller voir un documentaire de près de 3h, sur des moînes de la Chartreuse qui ont fait voeu de silence. Comment le réalisateur pouvait-il s'en sortir?



Un peu d'histoire
C'est en 1084 que Saint Bruno forme cet ordre religieux des plus difficiles à supporter puisqu'il est entièrement tourné vers Dieu, les moines étant seuls la plupart du temps (pour les repas, les prières...) mis à part certains célébrations et quelques rares moments de détente. Le site de la Grande Chartreuse est aujourd'hui l'un des hauts lieux de l'ordre et bénéficie d'une coupure quasi-totale avec le monde extérieur (les avions de tourisme n'ont, par exemple, pas le droit de le survoler).
En 1984, un réalisateur allemand, Philip Gröning, a l'idée d'aller filmer cette vie différente choisie par les Chartreux. En 1999, le projet voit le jour. Et Gröning va filmer, selon les voeux des Chartreux, seul et sans lumière additionnelle, pendant plusieurs mois en respectant le plus possible la quiétude des lieux et obtenir ainsi 120 heures de bande! Les seuls autres voeux de l'ordre seront de n'utiliser ni musique additionnelle, ni commentaires sur l'oeuvre finale.

2h42 loin de tout
Le Grand Silence est donc une oeuvre très déstabilisante, comme une parenthèse dans un monde affreusement bruyant.



Ici les plans de quelques minutes sur un moine en train de prier ne sont pas rares. La caméra prend le temps de filmer les visages, s'attarde sur un avion de ligne dans le ciel, s'éloigne pour montrer l'arrivée du brouillard sur le monastère. Toujours dans le silence. A vrai dire, la parole n'est pas complètement exclue du film (ni de la vie des Chartreux). Chaque jour a lieu la messe chantée en latin, sans adjonction d'instruments. Ces passages magnifiques brisent la monotonie sans pour autant faire disparaitre cette omniprésente quiétude. Les rares moments de réunion des moines qui ont, l'espace d'une promenade, le droit de parler sont comme d'étranges rides sur un lac calme.



Le spectateur passe ainsi un an dans la vie de la communauté. Il suit l'arrivée de jeunes moines à la terrible volonté. Il suit les périples d'un vieux moine à tout faire, jardinier, cuisinier, plombier à la gueule extraordinaire. Les gestes sont rituels et se répètent au long du film : sonner les cloches, prier, manger, sonner les cloches, prier, manger. Dans cette même idée de ritualisation, des cartons présentant des paroles divines se glissent entre les images.

Trop étrange?
Le film dans son ensemble est très reposant, pour les sens comme pour le cerveau. Malgré son aspect forcément très religieux, malgré la présence de paroles chrétiennes, aucun message religieux fort ne se détache du film, sinon un appel à la réflexion, une réflexion intérieur il va sans dire.
Malheureusement, il est très difficile de supporter près de 3 heures de contemplation pour le spectateur moyen (et moi le premier). Certains, dans la salle bizarrement bondée, ont même succombé à l'appel toujours tentant de Morphée.
Et si le but est louable et que le fond est intéressant, la forme si originale du film est tellement déstabilisante, presque dérangeante qu'on s'y perd facilement et qu'on a tendance à trouver le film parfois vain et ennuyeux.
Rêve américain. Cauchemar indien. Pogo avec les loups.
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