Phenomenum
Scénario : Jérémie Kaminka
Dessin : Marc Védrines
Editions : Glénat
Nombre de Tomes : 3
- Tome 1 : Opus 0
- Tome 2 : Opus 1 : Futur antérieur
- Tome 3 : Opus 2 : Passé composé
NB : j'ai critiqué les trois volumes de Sha car ils étaient homogènes, mais dans ce cas, l'inégalité est si flagrante que c'est impossible, un Tome par Tome s'impose.
Que fût dessinée cette histoire (Critique valable pour les trois tomes...)
Correct. Sans plus. C'est pas laid, c'est pas du grand art, et ça sert correctement le récit. Honnêtement, pas de raisons de s'apesantir dessus. Noter que les mouvements sont bien rendus : si le graphisme verse dans le semi-réalisme, il n'est pas immobile comme les livres de Léo, par exemple. Mais les Loiselliens et Diazeux riront tout de même. Passons aux trois tomes proprement dits.
Opus 0
Je résume
Yann Kernan vit à...tadaam...Paris, il est orphelin, et voyou à ses heures avec deux de ses amis. Lorsqu'il agresse un nazillon et que celui-ci lui sort un calibre sous le pif, Yann découvre qu'il est capable d'arrêter quasiment la marche du temps.
Postulat de départ : j'ai des superpouvoirs, je fais quoi ? Oula, y'a un type en pyjama rouge et bleu qui grimpe aux murs qui s'est posé la question. Ben la pareil sauf que - subtilité - Yann n'a pas d'Oncle Ben pour causer sa mort. Diantre. Donc lui reste voyou, voleur et voyeur. Jusqu'à ce que...
"Caricature" crieront certains, "Non" dirai-je. La psychologie est correctement rendue, et l'on découvre bien vite où mènent la solitude et le manque d'attaches : à retrouver des amis même si ceux-ci nous ont trahi et nous plier quasiment à leur volonté, uniquement pour ne pas rester seul. Et quand les recherches de police viennent aggraver cette solitude, et bien une seule chose pourra sauver Yann : l'amour, et la protection.
Sur de classiquissimes bases, les auteurs tirent une histoire très sympathique, avec une dose correcte d'action, bien que le pouvoir du héros soit finalement un raccourci assez simple pour éviter d'avoir à dessiner de grandes fresques - sous son point de vue, quand il utilise son pouvoir, tout le monde est immobile (je ne dis pas que ce soit intentionnel...). Et une conclusion cohérente. Pas d'incroyabilisme. Et une construction du récit à la manière d'un film américain. Adhérons, donc.
Je conclue
Un scénario bien ficelé, un héros humain car surhumain, un graphisme honnête, pas de grand chef d'oeuvre à l'horizon, mais un polar fantastique intéressant et distrayant.
Je juge : 8/10
Opus 1 : Futur antérieur
J'aurai introduit
Un jeune garçon fête ses dix ans dans un laboratoire secret. Il demande à connaître l'histoire d'un certain Yann. Le scientifique qui l'élève lui raconte les péripéties du susnommé, qui, en dormant une heure, se réveille en 2018...car Yann ne contrôle pas le temps, mais son métabolisme : il peut se mettre à vivre au ralenti et en accéléré, jusqu'à l'extrême.
J'aurai raconté
Si la découverte du pouvoir et ce qui en découle était au centre du Tome 1, ce Tome 2 se base sur la recherche de "Qui suis-je ?". Oui, c'est pas de l'original, mais ça reste honnête. Pas grand chose à dire, à part que pour notre plus grand malheur, Yann décide de suivre le chemin de la défense de la justice, alors qu'il était infiniment plus humain en braqueur de banque.
Et voilà notre nommément francoccidental (breton par le nom) se lance à la recherche de ses parents et des origines de ses pouvoirs, découvrant au passage qu'il n'est pas un cas unique.
Et...
Ca reste bien. L'histoire se tient, et a l'élégance d'être à la fois une fin en soi, et allèchante pour une éventuelle suite.
...je noterai : 7/10
Malheureusement : Opus 2 : Passé composé
J'ai déprimé
Les exemples de séries se terminant en queue de poisson ne manquent pas, je soupçonne certains même de devenir de véritables accros à la critique de la fin parce qu'elle ne correspond pas à ce qu'ils attendent (critiquer "Destins"...grumpf, béotiens (nan, pas frapper)).
Mais là, vous atteignez la paroxicité du parangonnisme. Le postulat de départ n'était pourtant pas mauvais.
Synopsis : Yann s'est de nouveau endormi, à la naissance de Kali, afin d'attendre qu'il soit mature pour l'aider à combattre le crime, sous la forme d'une organisation tentaculaire.
Là, on se dit, chouette, on va prendre de l'action, de la vraie, avec cinq ou six tomes et un final dantesque entre trois Diablo, la queue (...) et le bleu en moins.
Ben non. Pas d'action, ou presque. Le méchant est vite découvert. Et, comble du comble, il nous sert l'histoire du complot venant de la nuit des temps. Vous savez, le Scorpion, l'histoire ? Ben pareil, en encore moins crédible (BEAUCOUP moins crédible).
Mais alors, c'est parce que les personnages sont bien troussés ? Encore non. Kali a quinze ans, a été élevé dans un laboratoire, et arrête presque le temps, il est le fils d'une vikingue du Xème siècle. Il doit être original ! Beenn... vous croisez le charisme d'Orlando Bloom avec la platitude d'Orl...euh, du scénario de Judge Dredd, en saupoudrant d'un zeste de niaiserie, et vous obtenez Kali. Puissant.
Ajoutez un happy end beau à en vomir (pire que celui qui gâche Blood Diamond), et...et rien à ajouter en fait.
J'ai prévenu
Phenomenum 3 est à proscrire. Lisez les deux premiers, vous aurez sans doute un petit goût d'inachevé à la bouche, mais ce sera bien moins pire que la consternation devant la multitude de facilités du 3.
J'ai donné mon verdict : 2/10
Phenomenum [BD]
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