Airs de Paris (expo à Pompidou)

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Lilly
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Airs de Paris (expo à Pompidou)

Message par Lilly »

écrit ça il y a une quinzaine de jours, pas eu le temps de la mettre en ligne avant , désolée, mais pour les curieux il vous reste encore quelques jours...


 


Airs de Paris


Centre Pompidou – Paris


jusqu'au 15 août 2007, ouvert tous les jours de 11h à 21h sauf le mardi


 


Pour les 30 ans du centre Pompidou, Beaubourg se pose la question de son enracinement dans le bitume parisien avec une exposition titrée « Airs de Paris ». « Airs de Paris » se situe quelque part entre l'art, l'architecture, le design et la sociologie, une réflexion sur l'air du temps partant du cas local, Paris, pour raisonner sur la société et le monde dans leur globalité et leur courant actuel.


 


L'art se propose ici comme témoin, outil d'analyse et de mise à distance, oeil critique grand ouvert sur une société en pleine mutation. Il est question d'urbanisme, de nouvelles cultures urbaines, de nouveaux langages, de nouvelles technologies, d'écologie, de conflits politiques. L'exposition est dense tant en quantité d'oeuvres proposées qu'en étendue du champ balayé, mais le parcours scénographique thématique permet une structuration de l'espace et de la réflexion, permettant au visiteur de poser aisément du sens sur les objets présentés. On ne retiendra pas tous les noms d'artistes, architectes et designers dont les travaux parsèment l'exposition, mais on retiendra une pensée générale sur les mutations qui bouleversent notre quotidien, de notre habitat, en passant par nos pratiques culturelles et en allant jusqu'à l'actualité politique plus lointaine.


 


Nous ne referons donc pas ici le parcours précis du visiteur de l'exposition. Signalons seulement que l'exposition est structurée autour de deux parcours : « Art »; lui même segmenté en dix chapitres, et « Air(e)s géographiques : paysage, architecture, design » composé de quatre séquences.


Le tire de l'exposition ainsi que son ouverture est un hommage à Marcel Duchamp et à son dernier ready made intitulé « Air de Paris », en date de 1919. Il s'agit d'une ampoule de serum physiologique vidée de son contenu, qu'il transporta aux Etats Unis dans le but de l'offrir à ses amis collectionneurs, insufflant ainsi une dimension mondiale et transportable à son art, et du même coup à sa ville d'origine.


 


L'espace urbain est au centre des réflexions de Stéphane Callais qui construit un mobilier urbain en troncs d'arbre symbolisant ainsi l'urbanisme destructeur, ou de Vincent Lamouroux qui invente un véhicule à 5 roues permettant de longer le mur du projet urbain inaboutti constitué par l'aérotrain. Et puis il y a ceux qui réinventent une conception de l'espace, telle Tatiana Trouve et ses espaces intérieurs construits sur le modèle des polders ou Daniel Buren utilisant la géométrie, la pixellisation floue des paysages de Xavier Veilhan et le décalage des cloisons pour troubler la perception de l'espace par le visiteur.


 


Après l'espace, la culture urbaine, son langage, ses tags, ses affiches, ses pratiques tel le skate board sont tour à tour évoqués. Citons l'oeuvre Le Tunnel de Jean-Luc Moulène, recueil de tags anonymes frappant par leur violence rassemblés dans un journal avec lequel le visiteur peut repartir. Rainier Lericolais compose lui un « Air de Paris » mis à disposition librement en MP3 sur le site du centre Pompidou et en écoute dans les salles. On glisse alors naturellement sur la thématique des nouvelles technologies et des media. Claude Closky signe une oeuvre aussi simple qu'ironique : sur un écran rose, le visiteur est invité à faire défiler des pages de slogans publicitaires par un clic de souris, comme autant de maximes contemporaines qui scandent notre imaginaire collectif depuis notre plus tendre enfance.


 


L'exposition élève ensuite son point de vue aux problèmes planétaires, conflits politiques, alertes écologiques, cruauté de la vie urbaine. Dans cet ordre d'idée, l'attention du visiteur est frappée par l'oeuvre de Thomas Hirschhorn, visuellement expressive puisqu'il s'agit de 131 globes terrestres sur un mur, comme 131 malades dont les plaies sont recouvertes de pansements faits de gaffeur marron, parallèlement à cet hôpital planétaire, des coupures de presse évoquent les maux qui affectent ces 131 blessés : catastrophes naturelles, guerres ou maladies.


 


Dans un monde en crise, il est aussi question de la place de l'individu, un individu représenté par un point lumineux sur l'immensité planétaire dans le travail de Melik Ohanian, symbolisant ainsi la densité humaine que le visiteur pourra faire disparaître en pressant un bouton titillant sa curiosité.


 


Vertige face aux courants d'air contraires d'une société pleine de paradoxes, en prise à la mondialisation et à l'individualisme simultanément, à l'alerte écologique et à la dévastation naturelle, créatrice de nouveaux modes d'expression et en proie au vide de sens des messages publicitaires, vertige éprouvé, questionné, partagé, par artistes et intellectuels qui n'ont de cesse que de saisir cet air qui passe, aussi fugitif soit-il, une réflexion laissant place à une autre. En plein coeur de Paris, de la vie, de l'humanité, du monde, l'art malaxe, étire, scrute, façonne, son acolyte « contemporain », envers et contre tous les repères rassurants, il déconstruit, montre, pour éveiller les consciences des visiteurs qui repartiront avec moins de certitudes mais auront le sentiment d'avoir gagné en culture générale. La déambulation, les cartels et les panneaux aidant à ordonner ce parcours d'initiation à la dissection d'une société agitée.
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