Le coin des poétes
Le coin des poétes
Bon, je vous présente mon poéme préféré et vous invite à en faire de même,
Liberté de Paul Eluard
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom
Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orages
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Liberté de Paul Eluard
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom
Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orages
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
- nirnaetharnoediad
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- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
En choisir un c'est vraiment dur... on peut en mettre plusieurs petit à petit?
- nirnaetharnoediad
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Le coin des poétes
Un petit poème de Théophile Gautier:
Cauchemar
Avec ses nerfs rompus, une main écorchée
Qui marche sans le corps dont elle est arrachée,
Crispe ses doigts crochus armés dongles de fer
Pour me saisir : des feux pareils aux feux denfer
Se croisent devant moi ; dans lombre des yeux fauves
Rayonnent ; des vautours à cou rouges et chauves,
Battent mon front de laile en poussant des cris sourds.
En vain pour me sauver je lève mes pieds lourds,
Des flots de plomb fondu subitement les baignent,
A des pointes dacier ils se heurtent et saignent,
Meurtris et disloqués ; et mon dos cependant
Ruisselant de sueur, frissonne au souffle ardent
De naseaux enflammés, de gueules haletantes :
Les voilà, les voilà ! dans mes chairs palpitantes
Je sens des becs doiseaux avides se plonger,
Fouiller profondément, jusquaux os me ronger,
Et puis des dents de loups et de serpent qui mordent
Comme une scie aiguë, et des pinces qui tordent ;
Ensuite le sol manque à mes pas chancelants :
Un gouffre me reçoit ; sur des rochers brûlants,
Sur des pics anguleux que la lune reflète,
Tremblant je roule, roule, et jarrive squelette.
Dans un marais de sang ; bientôt, spectres hideux,
Des morts au teint bleuâtre en sortent deux à deux,
Et se penchant vers moi mapprennent les mystères
Que le temps révèle aux pâles feudataires
De son empire ; alors, étrange enchantement,
Ce qui fut moi senvole et passe lentement
A travers un brouillard couvrant les flèches grêles
Dune église gothique aux moresques dentelles.
Déchirant une proie enlevée au tombeau,
En me voyant venir, tout joyeux, un corbeau
Croasse, et senvolant aux steppes de lUkraine,
Par un pouvoir magique à sa suite mentraîne,
Et japerçois bientôt, non loin dun vieux manoir,
A langle dun taillis surgir un gibet noir
Soutenant un pendu ; deffroyables sorcières
Dansent autour, et moi, de fureurs carnassières
Agité, je ressens un immense désir
De broyer sous mes dents sa chair, et de saisir,
Avec quelques lambeaux de sa peau bleue et verte,
Son cur demi pourri dans sa poitrine ouverte.
Cauchemar
Avec ses nerfs rompus, une main écorchée
Qui marche sans le corps dont elle est arrachée,
Crispe ses doigts crochus armés dongles de fer
Pour me saisir : des feux pareils aux feux denfer
Se croisent devant moi ; dans lombre des yeux fauves
Rayonnent ; des vautours à cou rouges et chauves,
Battent mon front de laile en poussant des cris sourds.
En vain pour me sauver je lève mes pieds lourds,
Des flots de plomb fondu subitement les baignent,
A des pointes dacier ils se heurtent et saignent,
Meurtris et disloqués ; et mon dos cependant
Ruisselant de sueur, frissonne au souffle ardent
De naseaux enflammés, de gueules haletantes :
Les voilà, les voilà ! dans mes chairs palpitantes
Je sens des becs doiseaux avides se plonger,
Fouiller profondément, jusquaux os me ronger,
Et puis des dents de loups et de serpent qui mordent
Comme une scie aiguë, et des pinces qui tordent ;
Ensuite le sol manque à mes pas chancelants :
Un gouffre me reçoit ; sur des rochers brûlants,
Sur des pics anguleux que la lune reflète,
Tremblant je roule, roule, et jarrive squelette.
Dans un marais de sang ; bientôt, spectres hideux,
Des morts au teint bleuâtre en sortent deux à deux,
Et se penchant vers moi mapprennent les mystères
Que le temps révèle aux pâles feudataires
De son empire ; alors, étrange enchantement,
Ce qui fut moi senvole et passe lentement
A travers un brouillard couvrant les flèches grêles
Dune église gothique aux moresques dentelles.
Déchirant une proie enlevée au tombeau,
En me voyant venir, tout joyeux, un corbeau
Croasse, et senvolant aux steppes de lUkraine,
Par un pouvoir magique à sa suite mentraîne,
Et japerçois bientôt, non loin dun vieux manoir,
A langle dun taillis surgir un gibet noir
Soutenant un pendu ; deffroyables sorcières
Dansent autour, et moi, de fureurs carnassières
Agité, je ressens un immense désir
De broyer sous mes dents sa chair, et de saisir,
Avec quelques lambeaux de sa peau bleue et verte,
Son cur demi pourri dans sa poitrine ouverte.
Le coin des poétes
Un peu morbide la nirna!
Le coin des poétes
Le dormeur du val de Rimbaud
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
J'ai toujours été subjugué par la fin.
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
J'ai toujours été subjugué par la fin.
Rêve américain. Cauchemar indien. Pogo avec les loups.
- hiddenplace
- totoro dodendron
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Le coin des poétes
Pas tout à fait un poème, pas tout à fait une chanson...en tout cas c'est adorable. Par notre ami Jacques Prévert.
Chanson pour chanter à tue-tête et à cloche-pied
Un immense brin d'herbe
Une toute petite forêt
Un ciel tout à fait vert
Et des nuages en osier
Une église dans une malle
La malle dans un grenier
Le grenier dans une cave
Sur la tour d'un château
Le château à cheval
A cheval sur un jet d'eau
Le jet d'eau dans un sac
A côté d'une rose
La rose d'un fraisier
Planté dans une armoire
Ouverte sur un champ de blé
Un champ de blé couché
Dans les plis d'un miroir
Sous les ailes d'un tonneau
Le tonneau dans un verre
Dans un verre à Bordeaux
Bordeaux sur une falaise
Où rêve un vieux corbeau
Dans le tiroir d'une chaise
D'une chaise en papier
En beau papier de pierre
Soigneusement taillé
Par un tailleur de verre
Dans un petit gravier
Tout au fond d'une mare
Sous les plumes d'un mouton
Nageant dans un lavoir
A la lueur d'un lampion
Éclairant une mine
Une mine de crayons
Derrière une colline
Gardée par un dindon
Un gros dindon assis
Sur la tête d'un jambon
Un jambon de faïence
Et puis de porcelaine
Qui fait le tour de France
A pied sur une baleine
Au milieu de la lune
Dans un quartier perdu
Perdu dans une carafe
Une carafe d'eau rougie
D'eau rougie à la flamme
A la flamme d'une bougie
Sous la queue d'une horloge
Tendue de velours rouge
Dans la cour d'une école
Au milieu d'un désert
Où de grandes girafes
Et des enfants trouvés
Chantent chantent sans cesse
A tue-tête à cloche-pied
Histoire de s'amuser
Les mots sans queue ni tête
Qui dansent dans leur tête
Sans jamais s'arrêter
Chanson pour chanter à tue-tête et à cloche-pied
Un immense brin d'herbe
Une toute petite forêt
Un ciel tout à fait vert
Et des nuages en osier
Une église dans une malle
La malle dans un grenier
Le grenier dans une cave
Sur la tour d'un château
Le château à cheval
A cheval sur un jet d'eau
Le jet d'eau dans un sac
A côté d'une rose
La rose d'un fraisier
Planté dans une armoire
Ouverte sur un champ de blé
Un champ de blé couché
Dans les plis d'un miroir
Sous les ailes d'un tonneau
Le tonneau dans un verre
Dans un verre à Bordeaux
Bordeaux sur une falaise
Où rêve un vieux corbeau
Dans le tiroir d'une chaise
D'une chaise en papier
En beau papier de pierre
Soigneusement taillé
Par un tailleur de verre
Dans un petit gravier
Tout au fond d'une mare
Sous les plumes d'un mouton
Nageant dans un lavoir
A la lueur d'un lampion
Éclairant une mine
Une mine de crayons
Derrière une colline
Gardée par un dindon
Un gros dindon assis
Sur la tête d'un jambon
Un jambon de faïence
Et puis de porcelaine
Qui fait le tour de France
A pied sur une baleine
Au milieu de la lune
Dans un quartier perdu
Perdu dans une carafe
Une carafe d'eau rougie
D'eau rougie à la flamme
A la flamme d'une bougie
Sous la queue d'une horloge
Tendue de velours rouge
Dans la cour d'une école
Au milieu d'un désert
Où de grandes girafes
Et des enfants trouvés
Chantent chantent sans cesse
A tue-tête à cloche-pied
Histoire de s'amuser
Les mots sans queue ni tête
Qui dansent dans leur tête
Sans jamais s'arrêter
Le coin des poétes
mon poeme préféré depuis le collège de J.prevert
il etais une fois blaise bascal etc...
le poeme le plus simple que je connaise a apprendre
il etais une fois blaise bascal etc...
le poeme le plus simple que je connaise a apprendre
- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
- Messages : 13
- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
Baby14 a écrit :Un peu morbide la nirna!
T'inquiètes, j'en ai d'autres comme ça...
Hiddenplace: très joli
Le coin des poétes
Djak a écrit :mon poeme préféré depuis le collège de J.prevert
il etais une fois blaise bascal etc...
le poeme le plus simple que je connaise a apprendre
Et il a vraiment écrit Blaise Bascal*sort "Paroles" pour s'en convaincre*? Si non, ben tu l'as mal appris désolé...
Le coin des poétes
Selement 5 poémes!
Seriez vous insensible à la poésie?
Seriez vous insensible à la poésie?
- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
- Messages : 13
- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
Un p'ti Rimbaud en passant vite fait:
L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.
Sans titre
L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.
Sans titre
Le coin des poétes
Merci dawa!
(PS c'était pour CIRSE ou pour CBL?)
(PS c'était pour CIRSE ou pour CBL?)
Le coin des poétes
Toi aussi t'es polyandre
Le coin des poétes
Pourquoi vous voulez toutes avoir plusieurs "andré"?
Le nôtre vous suffit pas?
Bon ok, celle-là, elle est pas terrible mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour mon retour. Dix jours sans poster, ça se sent.
Pour me rattraper, je citerais Monsieur Verlaine:
Il est un arbre au cimetière
Poussant en pleine liberté,
Non planté par un deuil dicté, -
Qui flotte au long d'une humble pierre.
Sur cet arbre, été comme hiver,
Un oiseau vient qui chante clair
Sa chanson tristement fidèle.
Cet arbre et cet oiseau c'est nous :
Toi le souvenir, moi l'absence
Que le temps - qui passe - recense...
Ah, vivre encore à tes genoux !
Ah, vivre encor ! Mais quoi, ma belle,
Le néant est mon froid vainqueur...
Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?
Le nôtre vous suffit pas?
Bon ok, celle-là, elle est pas terrible mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour mon retour. Dix jours sans poster, ça se sent.
Pour me rattraper, je citerais Monsieur Verlaine:
Il est un arbre au cimetière
Poussant en pleine liberté,
Non planté par un deuil dicté, -
Qui flotte au long d'une humble pierre.
Sur cet arbre, été comme hiver,
Un oiseau vient qui chante clair
Sa chanson tristement fidèle.
Cet arbre et cet oiseau c'est nous :
Toi le souvenir, moi l'absence
Que le temps - qui passe - recense...
Ah, vivre encore à tes genoux !
Ah, vivre encor ! Mais quoi, ma belle,
Le néant est mon froid vainqueur...
Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?
Le coin des poétes
Des Quatrains d'Omar Khayyam
"Tout le monde sait que je n'ai jamais murmuré la moindre prière. Tout le monde
sait aussi que je n'ai jamais essayé de dissimuler mes défauts. J'ignore s'il existe une
Justice et une Miséricorde... Cependant, j'ai confiance, car j'ai toujours été sincère. "
Puisse l'amoureux être toute l'année ivre fou,
absorbé par le vin, couvert de déshonneur!
lorsque nous avons la saine raison, le chagrin nous assaille de tous côtés;
à peine sommes-nous ivres, eh bien, advienne que pourra!
"Tant que je ne suis pas ivre, mon bonheur est incomplet.
Quand je suis pris de vin, l'ignorance remplace ma raison.
Il existe un état intermédiaire entre l'ivresse et la saine raison,
oh! qu'avec bonheur je me constitue l'esclave de cet état, là est la vie."
Moral : Enivrez-vous ! envivrez... de la vie
"Tout le monde sait que je n'ai jamais murmuré la moindre prière. Tout le monde
sait aussi que je n'ai jamais essayé de dissimuler mes défauts. J'ignore s'il existe une
Justice et une Miséricorde... Cependant, j'ai confiance, car j'ai toujours été sincère. "
Puisse l'amoureux être toute l'année ivre fou,
absorbé par le vin, couvert de déshonneur!
lorsque nous avons la saine raison, le chagrin nous assaille de tous côtés;
à peine sommes-nous ivres, eh bien, advienne que pourra!
"Tant que je ne suis pas ivre, mon bonheur est incomplet.
Quand je suis pris de vin, l'ignorance remplace ma raison.
Il existe un état intermédiaire entre l'ivresse et la saine raison,
oh! qu'avec bonheur je me constitue l'esclave de cet état, là est la vie."
Moral : Enivrez-vous ! envivrez... de la vie
- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
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Le coin des poétes
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse...
- froo
- Doublure de Jean Lefebvre
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- Inscription : 03 juin 2003, 20:07
- Localisation : Au soleil
- Contact :
Le coin des poétes
"Se questo è un uomo", Primo Levi.
Voi che vivete sicuri
Nelle vostre tiepide case,
voi che trovate tornando a sera
Il cibo caldo e visi amici:
Considerate se questo è un uomo
Che lavora nel fango
Che non conosce pace
Che lotta per un pezzo di pane
Che muore per un sì o per un no.
Considerate se questa è una donna,
Senza capelli e senza nome
Senza più forza di ricordare
Vuoti gli occhi e freddo il grembo
Come una rana dinverno.
Meditate che questo è stato:
Vi comando queste parole.
Scolpitele nel vostro cuore
Stando in casa andando per via,
Coricandovi alzandovi;
Ripetetele ai vostri figli.
O vi si sfaccia la casa,
La malattia vi impedisca,
I vostri nati torcano il viso da voi.
(est-ce que je le poste aussi en français ?)
Voi che vivete sicuri
Nelle vostre tiepide case,
voi che trovate tornando a sera
Il cibo caldo e visi amici:
Considerate se questo è un uomo
Che lavora nel fango
Che non conosce pace
Che lotta per un pezzo di pane
Che muore per un sì o per un no.
Considerate se questa è una donna,
Senza capelli e senza nome
Senza più forza di ricordare
Vuoti gli occhi e freddo il grembo
Come una rana dinverno.
Meditate che questo è stato:
Vi comando queste parole.
Scolpitele nel vostro cuore
Stando in casa andando per via,
Coricandovi alzandovi;
Ripetetele ai vostri figli.
O vi si sfaccia la casa,
La malattia vi impedisca,
I vostri nati torcano il viso da voi.
(est-ce que je le poste aussi en français ?)
Hamm (avec angoisse). - Mais qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe ?
Clov - Quelque chose suit son cours.
Photos sur Flickr
Clov - Quelque chose suit son cours.
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- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
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- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
frooschy a écrit :"Se questo è un uomo", Primo Levi.
(est-ce que je le poste aussi en français ?)
J'crois qu'il vaut mieux, surtout qu'il est plutôt beau
- froo
- Doublure de Jean Lefebvre
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- Localisation : Au soleil
- Contact :
Le coin des poétes
okay... dans ce cas alors :
SI C'EST UN HOMME - Primo LEVI
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux,
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
SI C'EST UN HOMME - Primo LEVI
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux,
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
Hamm (avec angoisse). - Mais qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe ?
Clov - Quelque chose suit son cours.
Photos sur Flickr
Clov - Quelque chose suit son cours.
Photos sur Flickr
Le coin des poétes
nirnaetharnoediad a ecrit :
Perse la poésie, pas méditerranéenne; oui c'est vrai pas seulement de poetes occidentaux quand meme !
et comme cela t'as plu allons une titre louche pour la route :
Si je suis ivre de vin vieux; eh bien! je le suis.
Si je suis infidèle, guèbre ou idolâtre; eh bien! je le suis.
Chaque groupe d'individus s'est formé une idée sur mon compte.
Mais qu'importe, je m'appartiens et je suis qui je suis.
Et aussi....
Remeber le cercle des poetes disparus :
Ô moi ! Ô vie ! Toutes ces questions
Qui m'asaillent
Ces cortèges sans fin d'incroyants
Ces villes peuplées de sots
Qu'y a-t-il de bon dans tout cela, ô moi, ô vie ?
Réponse :
Que tu es ici - que la vie existe, et l'identité,
Que le prodigieux spectacle continue,
Et que, peut-être, tu y contribues par ta rime.
Walt Whitman
et enfin l'appel aux poétes du même auteur :
POÈTES A VENIR
Poètes à venir ! orateurs, chanteurs, musiciens à venir !
Ce n'est pas aujourd'hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale, plus grande qu'on ait jamais vu,
Levez-vous ! Car vous devez me justifier.
Moi, je n'écris qu'un ou deux mots indicatifs pour l'avenir ;
Moi, j'avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s'arrêter, tourne par hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l'examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.
Alors A l'attaque les fans de poésie! sortez/amenez nous du beau , du sublime, du rêve !
a+
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse...
En effet, bien dit ! pour la peine tournée génèral ! c'est la maison Krinein qui régale lol
Belphegore a ecrit :
merci levendis pour ce moment de poésie méditerranéenne....
les poètes ne sont pas que français...
(même si ceux cités plus haut sont géniaux)
En effet, bien dit ! pour la peine tournée génèral ! c'est la maison Krinein qui régale lol
Belphegore a ecrit :
merci levendis pour ce moment de poésie méditerranéenne....
les poètes ne sont pas que français...
(même si ceux cités plus haut sont géniaux)
Perse la poésie, pas méditerranéenne; oui c'est vrai pas seulement de poetes occidentaux quand meme !
et comme cela t'as plu allons une titre louche pour la route :
Si je suis ivre de vin vieux; eh bien! je le suis.
Si je suis infidèle, guèbre ou idolâtre; eh bien! je le suis.
Chaque groupe d'individus s'est formé une idée sur mon compte.
Mais qu'importe, je m'appartiens et je suis qui je suis.
Et aussi....
Remeber le cercle des poetes disparus :
Ô moi ! Ô vie ! Toutes ces questions
Qui m'asaillent
Ces cortèges sans fin d'incroyants
Ces villes peuplées de sots
Qu'y a-t-il de bon dans tout cela, ô moi, ô vie ?
Réponse :
Que tu es ici - que la vie existe, et l'identité,
Que le prodigieux spectacle continue,
Et que, peut-être, tu y contribues par ta rime.
Walt Whitman
et enfin l'appel aux poétes du même auteur :
POÈTES A VENIR
Poètes à venir ! orateurs, chanteurs, musiciens à venir !
Ce n'est pas aujourd'hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale, plus grande qu'on ait jamais vu,
Levez-vous ! Car vous devez me justifier.
Moi, je n'écris qu'un ou deux mots indicatifs pour l'avenir ;
Moi, j'avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s'arrêter, tourne par hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l'examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.
Alors A l'attaque les fans de poésie! sortez/amenez nous du beau , du sublime, du rêve !
a+
- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
- Messages : 13
- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
On peut mettre des paroles de chanson, hein?
Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,
Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer,
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel,
L'oiseau vint se poser,
Il avait les yeux couleur rubis,
Et des plumes couleur de la nuit,
A son front brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné,
Portait un diamant bleu,
De son bec il a touché ma joue,
Dans ma main il a glissé son cou,
C'est alors que je l'ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m'était revenu,
Dis l'oiseau, ô dis, emmène-moi,
Retournons au pays d'autrefois,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant,
Des étoiles, des étoiles,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Etre faiseur de pluie,
Et faire des merveilles,
L'aigle noir dans un bruissement d'ailes,
Prit son vol pour regagner le ciel,
Quatre plumes couleur de la nuit
Une larme ou peut-être un rubis
J'avais froid, il ne me restait rien
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin
Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac, je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,
Un beau jour, une nuit,
Près d'un lac, endormie,
Quand soudain,
Il venait de nulle part,
Il surgit, l'aigle noir...
J'ai eu envie de la mettre en l'écourant aujourd'hui
Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,
Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer,
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel,
L'oiseau vint se poser,
Il avait les yeux couleur rubis,
Et des plumes couleur de la nuit,
A son front brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné,
Portait un diamant bleu,
De son bec il a touché ma joue,
Dans ma main il a glissé son cou,
C'est alors que je l'ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m'était revenu,
Dis l'oiseau, ô dis, emmène-moi,
Retournons au pays d'autrefois,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant,
Des étoiles, des étoiles,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Etre faiseur de pluie,
Et faire des merveilles,
L'aigle noir dans un bruissement d'ailes,
Prit son vol pour regagner le ciel,
Quatre plumes couleur de la nuit
Une larme ou peut-être un rubis
J'avais froid, il ne me restait rien
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin
Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac, je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,
Un beau jour, une nuit,
Près d'un lac, endormie,
Quand soudain,
Il venait de nulle part,
Il surgit, l'aigle noir...
J'ai eu envie de la mettre en l'écourant aujourd'hui
Le coin des poétes
Un super Baudelaire que je dois apprendre pour les cours:
Les Hiboux,
Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que les dieux étrangers,
Dardant leur oeuil rouge ils méditent.
Sans remuer ils se tiendront,
Jusqu'à l'heure mélancolique,
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténébres s'établiront.
Leur attitude au sage enseigne,
Qu'il faut qu'en ce monde ils craignent
Le tumulte et le mouvement.
L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le chatiment
D'avoir voulu changer de place.
Les Hiboux,
Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que les dieux étrangers,
Dardant leur oeuil rouge ils méditent.
Sans remuer ils se tiendront,
Jusqu'à l'heure mélancolique,
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténébres s'établiront.
Leur attitude au sage enseigne,
Qu'il faut qu'en ce monde ils craignent
Le tumulte et le mouvement.
L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le chatiment
D'avoir voulu changer de place.
- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
- Messages : 13
- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
Baudelaire, Une charogne
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
Baudelaire, Une charogne
- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
- Messages : 13
- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
Abby a écrit : C'est trop dur de choisir...surtout que je relis Baudelaire en ce moment...Bon Baudelaire plus tard sans doute ( d'ailleurs peut-on mettre des poèmes en prose
Moi j'dis qu'on peut en mettre, mais j'aimerai bien savoir le lien dans ta pensée entre Baudelaire et la prose?
En parlant de longueur, j'ai voulu mettre Le bateau ivre, mais je n'ai pas osé
- nirnaetharnoediad
- Auditeur de Rires et Chansons
- Messages : 13
- Inscription : 01 juin 2003, 16:28
Le coin des poétes
Non, en fait justement le lien était clair, seulement je ne le comprennais pas: j'ignorais que Baudelaire avait fait de la poésie en prose ^^
Bon, me tarde de lire ça alors
Bon, me tarde de lire ça alors
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