Attendu par la moitié de la population française et notamment le nombre incalculable de fans d'Amélie Poulain, le dernier film de Jeunet, Un Long Dimanche de Fiançailles, vient de sortir au cinéma.
L'histoire se base sur le livre éponyme de Sébastien Japrisot. C'est l'histoire de Mathilde, une jeune fille jouée par Audrey Tautou, amoureuse de Manech (Gaspard Ulliel). Dans la fin des années 10, c'est la sale guerre et nombre de jeunes gens seront envoyés au front, à Verdun ou ailleurs. Et Manech est de ceux-là. A la fin de la guerre, on annonce à Mathilde la mort de Manech, mais elle est convaincue que ce dernier est vivant et entreprend donc de se mettre à sa recherche.
Dès les premières minutes, le principal écueil du film apparaît à l'écran. On débute par une présentation de cinq condamnés à mort, certains diront une liste à la Prévert. Et on ne peut s'empêcher de penser à Amélie Poulain au départ similaire. La présence d'Audrey Tautou tout en douceur et presque en naïveté nous ramènera de la même façon au précédent film de Jeunet. Ce sentiment de revoir le même film s'estompe légèrement au court du film, mais il ressurgit dès qu'on se met à parler de ce Long Dimanche.
Malgré les quelques ressemblances, Un Long Dimanche de Fiançailles est largement plus dur, plus adulte que Amélie Poulain. Les scènes du front sont parfois difficiles, et rendent, je pense, bien compte de l'horreur de cette guerre : froid, pluie, tranchées, soldats à la baïonette contre des tanks et des mitraillettes... Ici la couleur grise l'emporte sur le jaune sépia du reste du film. Gris comme le ciel, gris comme les casques, gris comme les uniformes, gris, tristement gris.
Les couleurs justement me mènent à parler de l'esthétisme "Jeunet" que d'aucuns estiment comme trop visible. Comme il l'a dit lui-même, il aime quand on voit au court de ses films que l'argent a servi à faire quelque chose. Pour cela, il soigne particulièrement ses décors et son image. On se sent vraiment transporté dans une autre époque (même si quelques détails peuvent choquer). Les reconstructions des années 20 sont magnifiques, notamment le passage devant la Gare de Lyon. Au contraire de nombreux autres films français, ce film est un bonheur pour les yeux (moins pour les oreilles du fait de la musique pas vraiment très originale, du violon en-veux-tu-en-voilà). Et la touche "Jeunet" est toujours présente, comme dans une scène faisant immanquablement penser à Delicatessen.
Et surtout la touche "Jeunet" c'est un ensemble de personnages qui font qu'un film de Jeunet est un film de Jeunet. On y retrouve nombre d'acteurs fétiches : Dominique Pinon, Audrey Tautou, Jean-Claude Dreyfus, Rufus (que je n'ai pas vu mais il est crédité au générique), Ticky Holgado, Urbain Cancelier ainsi qu'une pleïade de seconds rôles dont la liste ferait pâlir nombre de réalisateurs : Jodie Foster, Jean-Paul Rouve, André Dussollier, Albert Dupontel, Philippe Duquesne, Jean-Pierre Darroussin, Marion Cotillard, Tchéky Karyo, Julie Depardieu.... Et tout le monde insuffle à son personnage juste ce qu'il faut, ni plus, ni moins. Et même les moins connus, comme Chantal Neuwirth dans le rôle de la tante de Mathilde, sont magnifiques et campent leur personnage avec une justesse extraordinaire.
Et pour finir Jeunet c'est tout un ensemble d'accents et de petits mots. Ticky Holgado nous apporte l'accent du Sud, Jean-Paul Rouve son parler célèbre du Radio-Bière-Foot... On y parcourt la France du Nord à la Corse, de la Bretagne à Paris, avec à chaque fois des joyaux d'authenticité. Et puis que serait ce film sans les petites phrases émaillant les dialogues : "Chien qui pète, joie sur ma tête", "Monsieur Pire! Pire qu'une fouine, pire que pire ça n'existe pas"... Sans oublier les noms des personnages (mais peut-être est-ce dû à Japrisot) : Bastoche, Célestin Poux, Benoît Notre Dame, Biscotte, Six Sous...
Jean-Pierre Jeunet est en passe de devenir l'un des réalisateurs les plus côtés du cinéma français. Et pour copier une célèbre phrase, parce qu'il le vaut bien. Son film est magnifique, mais a le malheur de passer après un Amélie Poulain et de rester trop ressemblant au Fabuleux Destin. Et peut-être aussi de rester un peu trop dans cette nostalgique francitude d'autrefois. S'il n'est pas le film du siècle, Un Long Dimanche de Fiançailles reste un très bon film!
Notes :
Histoire : 6/10
Décors et images : 10/10
Acteurs : 10/10
Note finale : 8/10
Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
Rêve américain. Cauchemar indien. Pogo avec les loups.
Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
Trés belle critique, ça donne envie.
J'avais déjà envie d'y aller mais maintenant j'irai c'est sûr!
J'avais déjà envie d'y aller mais maintenant j'irai c'est sûr!
Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
Je pensais bien aller le voir et après t'avoir lu plus d'excuses possible je fonce
merci
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Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
Et la petite critique moins enthousiaste que la mienne : [url=http://cinema.krinein.com/Long-dimanche ... -1989.html" title="Un Long Dimanche de Fiançailles par weirdkorn]Un Long Dimanche de Fiançailles par weirdkorn[/url]
Rêve américain. Cauchemar indien. Pogo avec les loups.
Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
bah moi j'ai pas vraiment aimé:
Je trouve qu'effectivement on retrouve la patte de Jeunet et qlq références à Amélie dans ce film , mais ce n'est pas pour autant une déclinaison des aventures de la petite brune.
J'y vois plus un récit sur la guerre, un récit relativement gore , sombre et désespéré.
Le mérite du film tient à ce qu'il donne une idée précise de ce qu'on pu endurer tous ces pauvres bougres (et encore il parait que c'est en dessous de la réalité, ce que je veux bien croire). Personnellment j'ai compris pourquoi mon arrière papy qui a fait les 2 guerres , était souvent décrit comme qlqn d'anxieux et mélancolique, l'avait de bonnes raisons!
Là où Amélie berçait doucement le spectateur , Un long dimanche de fiançailles le malmène dès les premières minutes du film, et ne propose que qlq timides incursions d'espoir.....
Le reproche que je ferai à Jeunet (tout comme mon accompagnatrice ) , c'est la répétition des scènes de guerre selon le point de vue de différents personnages, mm si ce procédé se justifie dans l'absolu , ça a tendance à écoeurer et mm à lasser (Qd bien mm l'intention première serait de provoquer l'empathie du spectateur vis à vis des poilus , de leur usure...?)
En résumé , si ce film est moins "charmant" que le précédent travail de Jeunet , c'est en raison du sujet abordé , et non du recyclage d'un type de narration . J'ai apprécié l'interprétation des acteurs (pour certains savuoreux , pour d'autres plus convenus) , les décors, les costumes ...etc, mais ce n'est pas le moment de détente auquel je m'attendais , d'où peut-être ma déception......si vous vouliez voir Amélie Poulain à la guerre passez votre chemin(bien qu'en fait je n'attendais pas ça non plus ).
Je ne mettrai pas de note parce que je déteste ça , mais je dirai que sans être un chef d'euvre c'est pas non plus un mauvais film , dison qu'il est plus que correct, mais que je ne le placerai pas dans mon top 50!
(enfin si j'avais un tel top.... )
ps: je confirme le propos de Weirdkorn sur un point , Gaspard Ulliel , ne joue pas très très bien , c'est le moins qu'on puisse dire
Je trouve qu'effectivement on retrouve la patte de Jeunet et qlq références à Amélie dans ce film , mais ce n'est pas pour autant une déclinaison des aventures de la petite brune.
J'y vois plus un récit sur la guerre, un récit relativement gore , sombre et désespéré.
Le mérite du film tient à ce qu'il donne une idée précise de ce qu'on pu endurer tous ces pauvres bougres (et encore il parait que c'est en dessous de la réalité, ce que je veux bien croire). Personnellment j'ai compris pourquoi mon arrière papy qui a fait les 2 guerres , était souvent décrit comme qlqn d'anxieux et mélancolique, l'avait de bonnes raisons!
Là où Amélie berçait doucement le spectateur , Un long dimanche de fiançailles le malmène dès les premières minutes du film, et ne propose que qlq timides incursions d'espoir.....
Le reproche que je ferai à Jeunet (tout comme mon accompagnatrice ) , c'est la répétition des scènes de guerre selon le point de vue de différents personnages, mm si ce procédé se justifie dans l'absolu , ça a tendance à écoeurer et mm à lasser (Qd bien mm l'intention première serait de provoquer l'empathie du spectateur vis à vis des poilus , de leur usure...?)
En résumé , si ce film est moins "charmant" que le précédent travail de Jeunet , c'est en raison du sujet abordé , et non du recyclage d'un type de narration . J'ai apprécié l'interprétation des acteurs (pour certains savuoreux , pour d'autres plus convenus) , les décors, les costumes ...etc, mais ce n'est pas le moment de détente auquel je m'attendais , d'où peut-être ma déception......si vous vouliez voir Amélie Poulain à la guerre passez votre chemin(bien qu'en fait je n'attendais pas ça non plus ).
Je ne mettrai pas de note parce que je déteste ça , mais je dirai que sans être un chef d'euvre c'est pas non plus un mauvais film , dison qu'il est plus que correct, mais que je ne le placerai pas dans mon top 50!
(enfin si j'avais un tel top.... )
ps: je confirme le propos de Weirdkorn sur un point , Gaspard Ulliel , ne joue pas très très bien , c'est le moins qu'on puisse dire
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Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
Très jolie critique, Nazgul, qui est bcp plus indulgente, en effet, que la critique de Weirdkorn...
Pour ma part, je n'ai pas été trop déçue par Un long dimanche de fiançailles, certainement parceque j'avais été "transcendée" par Amélie Poulain, et que l'on ne peut pas être exemplaire à tous les coups!
En fait, Grrr a bien fait de préciser que ce film ne laissait pas bcp de place à l'espoir... Mais personnellement, je ne m'attendais pas à ce qu'il me mette du baume au coeur, comme Amélie Poulain. La bande annonce avait le mérite de bien préparer le spectateur, et j'ai tjs des appréhensions avant d'aller voir des films de guerre. Et celui-là en était bien un, même si la trame principale est une enquète un peu décousue et une peinture de moultes personnages colorés et souvent amusants. Donc je n'étais pas du tout surprise par le côté très cru de certaines séquences.
Le filtre sépia et la narration (la voix off qui présente les personnages et raconte l'histoire de Mathilde) rappelle évidemment Amélie Poulain, mais ici cette narration se découpe en deux histoire presque parallèles, comme le précise Weirdkorn dans sa critique: les tribulations de Mathilde et la vie des soldats au front. Et je pense qu'opposer la vie des soldats et des civils en temps de guerre (ou un peu après) est intéressant. Mathilde ne découvre l'horreur qu'a subi son fiancé et ses compatriotes qu'à travers le récit de témoins et de rescapés, mais à aucun moment pendant la guerre elle ne pouvait imaginer ce qu'enduraient ces hommes. Sa vie, même si elle se réduit à l'espoir du retour de son fiancé, reste protégée et confortable, avec une famille dévouée et de nombreux autres personnages affectueux (un peu comme dans Amélie Poulain, là encore).
Jean Pierre Jeunet est vraiment fidèle à son univers dans chacun de ses films, et on ne peut pas lui reprocher son filtre sépia et ses personnages truculents à chaque fois, car ils sont présents partout, que ce soit dans Delicatessen, La cité des enfants perdus ou Alien resurrection...
Je comprends qu'on puisse être déçu parcequ'on pense trop à Amélie Poulain, mais pris en temps que tel, c'est tout de même un très beau film. En revanche je n'ai pas lu le livre, donc je ne peux rien dire au sujet de l'adaptation.
Et encore une fois mention spéciale au casting vraiment impressionnant, et à Dominique Pinon, qui est toujours parfait dans chacun de ses rôles.
Pour ma part, je n'ai pas été trop déçue par Un long dimanche de fiançailles, certainement parceque j'avais été "transcendée" par Amélie Poulain, et que l'on ne peut pas être exemplaire à tous les coups!
En fait, Grrr a bien fait de préciser que ce film ne laissait pas bcp de place à l'espoir... Mais personnellement, je ne m'attendais pas à ce qu'il me mette du baume au coeur, comme Amélie Poulain. La bande annonce avait le mérite de bien préparer le spectateur, et j'ai tjs des appréhensions avant d'aller voir des films de guerre. Et celui-là en était bien un, même si la trame principale est une enquète un peu décousue et une peinture de moultes personnages colorés et souvent amusants. Donc je n'étais pas du tout surprise par le côté très cru de certaines séquences.
Le filtre sépia et la narration (la voix off qui présente les personnages et raconte l'histoire de Mathilde) rappelle évidemment Amélie Poulain, mais ici cette narration se découpe en deux histoire presque parallèles, comme le précise Weirdkorn dans sa critique: les tribulations de Mathilde et la vie des soldats au front. Et je pense qu'opposer la vie des soldats et des civils en temps de guerre (ou un peu après) est intéressant. Mathilde ne découvre l'horreur qu'a subi son fiancé et ses compatriotes qu'à travers le récit de témoins et de rescapés, mais à aucun moment pendant la guerre elle ne pouvait imaginer ce qu'enduraient ces hommes. Sa vie, même si elle se réduit à l'espoir du retour de son fiancé, reste protégée et confortable, avec une famille dévouée et de nombreux autres personnages affectueux (un peu comme dans Amélie Poulain, là encore).
Jean Pierre Jeunet est vraiment fidèle à son univers dans chacun de ses films, et on ne peut pas lui reprocher son filtre sépia et ses personnages truculents à chaque fois, car ils sont présents partout, que ce soit dans Delicatessen, La cité des enfants perdus ou Alien resurrection...
Je comprends qu'on puisse être déçu parcequ'on pense trop à Amélie Poulain, mais pris en temps que tel, c'est tout de même un très beau film. En revanche je n'ai pas lu le livre, donc je ne peux rien dire au sujet de l'adaptation.
Et encore une fois mention spéciale au casting vraiment impressionnant, et à Dominique Pinon, qui est toujours parfait dans chacun de ses rôles.
Un Long Dimanche de Fiançailles [Film]
hiddenplace a écrit : Jean Pierre Jeunet est vraiment fidèle à son univers dans chacun de ses films, et on ne peut pas lui reprocher son filtre sépia et ses personnages truculents à chaque fois, car ils sont présents partout, que ce soit dans Delicatessen, La cité des enfants perdus ou Alien resurrection...
Je comprends qu'on puisse être déçu parcequ'on pense trop à Amélie Poulain, mais pris en temps que tel, c'est tout de même un très beau film. En revanche je n'ai pas lu le livre, donc je ne peux rien dire au sujet de l'adaptation.
Et encore une fois mention spéciale au casting vraiment impressionnant, et à Dominique Pinon, qui est toujours parfait dans chacun de ses rôles.
exactement , on ne reproche pas au Grand Alfred d'utiliser souvent le m systm de narration ou les mm héroïnes blondes glacées, mm si je ne compare pas Jeunet à l'Alfred.
Je dois préciser que je ne m'étais pas trop renseigné sur le film(je crois mm pas avoir vu la BA ) , c'est le genre de chose que je ne vais voir que rarement au ciné (j'attends la diffusion télé ), je voulais plutôt voir le Gondry ou Buffalo 66, mais je n'ai pas choisi, donc je ne m'attendais pas du tout à "ça"(j'ai lu après les critiques qui mentionnaient le caractère cru du film), ce qui influence pas mal mon jugement, puisque n'étant pas préparé ,j'ai pris une grande claque au début....
Sinon effectivement Pinon est top et a décidément un registre très large, j'aime beaucoup Holgado aussi ,qui joue les personnages excessifs sans être lourd , et pas mal de second rôle très justes, mais le jeu des acteurs principaux me laisse plus froid bizarrement (je vais pas accabler le Gaspard , qui de toute façon doit être assez conscient de ''sa performance'')
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Mais en même temps, Gaspard Ulliel n'a pas énormément de répliques (heureusement, dites-vous? ) Le truc qui me fait bizarre, c'est sa faussette sur la joue gauche... elle est... étrange!^^ Quant à Audrey Tautou, je trouve qu'elle a un jeu constant, quelque soit son rôle (que ce soit dans Amélie Poulain, Dieu est grand je suis toute petite, le battement d'aile d'un papillon ou l'Auberge espagnole...) ce n'était donc pas ma grande motivation pour aller voir le film. Mais elle a quand même ce petit air (et là c'est physique) candide et mutin qui sied assez bien à son personnage, comme dans Amélie Poulain (mais dans les autres rôles, ce n'est pas vraiment approprié)Grrr a écrit : Sinon effectivement Pinon est top et a décidément un registre très large, j'aime beaucoup Holgado aussi ,qui joue les personnages excessifs sans être lourd , et pas mal de second rôle très justes, mais le jeu des acteurs principaux me laisse plus froid bizarrement (je vais pas accabler le Gaspard , qui de toute façon doit être assez conscient de ''sa performance'')
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