[Critique BD] Lucien, 25 piges - collectif

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iscarioth
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[Critique BD] Lucien, 25 piges - collectif

Message par iscarioth »

Lucien, 25 piges

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Dessins et scénario : Zep, Riff Rebs, Guy Davis, Pétillon et Rochette, Cornette et Constant, Frissen et Buche, Julien et Mo/cdm
Editeur : Les Humanoïdes associés
Format : Album, 48 pages, grande taille.


Il y a vingt cinq ans naissait lun des personnages les plus populaires de la BD française : Lucien. Créé par Frank Margerin en 1979 pour un numéro « spécial rock » du journal « Métal Hurlant », le célèbre gaffeur-rocker au gros nez et à la banane a, depuis, fait son petit bonhomme de chemin. Il a marqué toute une génération, celle des années quatre-vingt, avant de se faire plus discret, fin des années 1990. Depuis « Week-end Motard », sorti en 2000, cest le calme plat du coté de Malakoff. Pendant ces cinq dernières années, Frank Margerin a mit de coté son personnage fétiche pour se consacrer à « Momo le coursier », son nouveau anti-héro de lordinaire. Presque cinq années dabsence Cest dire si le retour de Lucien était attendu ! La sortie annoncée dun nouvel album, fin 2004 a beaucoup enthousiasmé Seulement, voilà ! Cet album nest pas une nouvelle aventure de notre gentil rocker signée Margerin, mais un ouvrage collectif en hommage au personnage !


Lucien, cest qui ?

Comment expliquer Lucien à ceux qui ne le connaissent pas ? Le concept de cette série BD est simple : faire rire de lordinaire. Vous pouvez scruter chaque page des huit tomes de la série « Lucien » : pas dinvasions extra-terrestre (à part, peut-être dans le délire margerinesque de « Bananes Métalliques »), pas de complot international, pas de combats épiques Il sagit juste de lhistoire de la vie de Lucien, petit banlieusard ordinaire, et de sa bande de copains. Virées en voiture, fêtes foireuses, concerts, engueulades, galères Des choses que lon a tous connu dans notre vie et qui sont réanimées par le crayon dun Margerin sarcastique et rieur. « Pour la première fois je racontai des choses vécues et non pas des fictions comme jen avais lhabitude » raconte le dessinateur dans lintroduction de lalbum, en se souvenant des débuts de Lucien.


Des détails qui ne trompent pas

En ouvrant « 25 piges », on tombe nez à nez avec des illustrations alléchantes : Lucien redessiné par dillustres auteurs comme Arno, Swolfs, Ptiluc, Moebius, Dupuy et Berberian. Un en-tête assez trompeur, à vrai dire, car les dessinateurs ayant réellement uvré pour cet hommage et dont les planches font partie des 48 pages que forment cet album sont beaucoup moins populaires. Quant on sait que lattrait principal de cet album-hommage est de voir Lucien réimaginé par dautres dessinateurs, on est assez déçu du fait que, mis à part Zep, aucune grosse pointure de la BD nest venue se mêler au projet, contrairement à ce que len-tête de lalbum laisse sous-entendre. Ceci dit, en se plongeant dans cet album anniversaire, on peut constater quil ny a pas eu tricherie. Tous les auteurs ayant participé à lélaboration de lalbum ont une parfaite connaissance de lunivers de Lucien. Lépisode « Lucien, peintre moderne » de Cornette et Riff rend bien hommage aux cases à gags multiples, si chères à Margerin. « La surprise de Nanard » (Davis et Frissen) et « Cosmik Lucien » (Julien et Mo/cdm) sont deux épisodes qui présentent la maison de Ricky et Gillou exactement comme lavait créé Margerin pour « Lulu smaque ». Et dans toutes les versions proposées, les personnalités de Lucien, Ricky, Gillou et Nanard sont bien respectées même si lon verse parfois dans la sur-caricature. On peut toutefois, à ce niveau, regretter labsence totale de Riton, le cinquième luron de la bande.


Le traitement

Les auteurs de cet hommage connaissent leur sujet, cest sûr. Ce nest pas pour autant quils arrivent à restituer la joie de vivre et le délire perpétuel qui se dégage dun album de Lucien dessiné et scénarisé par Frank Margerin. Les histoires proposées sont souvent peu crédibles. Lucien qui se découvre une fibre artistique, Nanard qui se marie, on ny croit pas une seconde. De plus, certains auteurs (Constant et Cornette, Frissen et Buche, Pétillon et Rochette) ont volontairement misé sur lanachronisme pour rendre hommage à Lucien. Dans « 25 piges », on peut ainsi voir Ricky et Gillou jouer à la X-BOX, Lucien prendre le numéro de portable dune jeune fille ou au milieu dune bande de jeunes aux sweet-shirts floqués « NTM » Des clins dil qui peuvent paraître amusants mais qui tâchent surtout le charme de ce héro typiquement « eighties ». Lépisode utilisant le ton le plus juste, suffisamment éloigné du style original mais multipliant, en seulement trois planches, les références à la série, est celui signé Julien et Mo/cmd : « Cosmik Lucien ». Par un scénario inattendu, ces deux auteurs rendent un bel hommage à Lucien en ne cherchant pas faire une copie forcée et tirée par les cheveux de lambiance « humour au quotidien » dun épisode signé Margerin.


Remake ?

Le problème dun remake, cest quil souffre toujours de la comparaison à loriginal. Un film comme « Massacre à la tronçonneuse » de Marcus Nispel nest pas une mauvaise production en soit, mais est constamment rabaissé par le fait quon le dénigre face à luvre gargantuesque et « cultissime »
du « maître » Tobe Hooper
. La comparaison est peut-être lointaine, mais elle est justifiée. « Lucien, 25 piges » est bien touché par ce syndrome « remake ». Cet album nest pas foncièrement mauvais mais souffre de ne pouvoir échapper à la comparaison avec une uvre inimitable. Même si le but nétait pas ici de « refaire » Lucien mais de lui rendre hommage, on ne peut pas sempêcher de penser quil vaut mieux relire dix fois « Ricky chez les ricains » ou « Radio Lucien » plutôt que de se plonger dans « 25 piges ».


« Lucien, 25 piges » est un hommage sympathique, qui, espérons-le, aura touché Frank Margerin, mais qui savère être une assez grosse déception pour les fans de la série. Quant à ceux qui ne connaissent pas ou peu la série « Lucien », mieux vaut pour eux commencer avec nimporte lequel des huit tomes signés Margerin plutôt quavec ce neuvième épisode qui ne reflète pas du tout la drôlerie des personnages et des situations abordées dans « luvre originelle ».

La note : 5/10
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Lestat
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Inscription : 28 septembre 2002, 15:30

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Message par Lestat »

Très bonne critique :)
Mais pense à mettre des notes :P
"Michael Bay a une grosse queue, Mais j'aime à penser que la mienne est encore plus grosse." - McG
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iscarioth
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Message par iscarioth »

Merci.

J'ai édité mes critiques pour rajouter une notation.
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