Cela faisait un moment que les fans attendaient cette édition Double DVD collector. Il aura fallu attendre novembre 2004 pour enfin avoir la possibilité dengraisser sa vidéothèque dune réalisation lynchienne. Et cest à Wide Side Video que lon doit larrivée dune version remasterisée, à la sérigraphie remarquable, bourrée de nombreux bonus et dun livre de Jean-Baptiste Thoret. Mais avant de nous intéresser aux attributs de cette édition, parlons un peu du Wild at Heart de Lynch, transformé par les traducteurs français en Sailor & Lula.
Cur Sauvage pour Sailor & Lula ?
Sous limpulsion de Monty Montgomery, producteur de [url=http://medias.krinein.com/Twin-Peaks-325.html" title="la série Twin Peaks">la série Twin Peaks, David Lynch décide dadapter le roman Wild at Heart de Barry Gifford pour son cinquième long métrage. Ce road-movie sous LSD, palme dor au Festival de Cannes 1990, nous propose pendant plus de deux heures de suivre litinéraire mouvementé dun Roméo et dune Juliette moderne, légèrement oppressés par les mâchoires du monde qui les enserre.
Sailor Ripley (Nicolas Cage) et Lula Fortune (Laura Dern) forment un couple épanoui. Mais leur alliance absolue est loin de tranquilliser Marietta (Diane Ladd), la démente môman de Lula. Rongée par lobsession de garder auprès delle sa fille, la mère possessive décide par tous les moyens darracher Lula à Sailor. Elle envoie dabord à leur trousse son petit ami malléable, Johnnie Farragut (Harry Dean Stanton). Mais cest finalement au tueur à gages Marcello Santos (Je Freeman), que Marietta confie la tâche de liquider Sailor, se débarrassant une fois pour toute de la moitié de Lula. Mais lamour fusionnel est tenace. Une course poursuite sengage alors sur les routes fréquentées par détranges personnages et menant tout droit vers le Texas
Sailor et Lula sont heureux ensemble. La réception quils quittent est euphorique. Un individu intercepte Sailor. Une menace de mort. Explosion de violences. Lagresseur gît au sol, crâne ouvert. Lassistance horrifiée et Sailor sous les verrous. Dès la première séquence de Wild at Heart, le spectateur sait que Lynch comme à son habitude va lentraîner dans un monde instable où grouillent tout un tas de personnages désaxés et incontrôlables. Sa filmographie est hantée par ce concept dopposer sans nuance les contrastes. Dans Wild at Heart, cest laffrontement du drame contre lhumour, de limpulsivité contre la douceur, de lhorreur contre la poésie. Tout le film suinte de ce syndrome, cette volonté de déstabiliser le spectateur, le détendre en lui proposant de la plénitude pour mieux le percuter en y injectant subitement de la tourmente. Et vice-versa. Les séquences mémorables composent ce va-et-vient perpétuel. Parfaitement illustrées musicalement (et parfois proche de la comédie musicale), ces séquences, mélange de genres, font toute la qualité de ce cur sauvage cinématographique aux multiples références.
Mais la réussite du voyage sur cette autoroute délirante, établie à quelques kilomètres des sentiers énigmatiques lynchiens, est surtout tributaire du talent des acteurs qui insufflent à leur personnage respectif des caractéristiques extrêmes. En première ligne, la stupéfiante Diane Ladd (véritable maman de Laura Dern), à qui Lynch a laissé assez de marges pour composer une Marietta bien secouée, corrodée par le délire. Laura Dern, déjà présente dans Blue Velvet, et Nicolas Cage, qui tourne ici son premier grand rôle, modèlent lun des couples de cinéma les plus passionnels et complémentaires qui soit. Une dévotion mutuelle sans précédent se dresse comme des murailles désespérées contre la décadence ambiante. Lynch fait en sorte daccorder autant dimportance à la population cosmopolite qui squatte son enfer. Les seconds rôles néchappent pas aux effets du contraste brutal spécifique au film. Ainsi, Willem Dafoe simmisce dans la peau dun Bobby Perou psychopathe et le fait déborder dépouvante et exploser de burlesque. Wild at Heart enrichie donc le bestiaire halluciné de Lynch : des personnages caricaturés au-delà des frontières du vraisemblable, incapables de se modérer et laissant aller leurs pulsions sans aucunes retenues.
Lynch compose une atmosphère unique et nouvelle (pour lépoque) tout en restant au plus prêt de certaines de ses obsessions. Pour un film qui fête sa quinzième année, Wild at Heart conserve toute sa force et ne prend pas une ride. Malgré le monde au cur sauvage insoutenable dans lequel un couple damoureux tente de survivre, cette équipée pleine dénergie apparaît beaucoup moins alambiquée que les productions habituelles de Lynch. Cela ferait de Wild at Heart un spectacle "presque" délassant pour lesprit.
Une flambée de bonus
Qui entend "édition collector", pense "déluge de bonus". Cest en tout cas ce que lacheteur est en droit despérer lorsquil débourse une coquette somme pour une telle acquisition. Et son espérance à de quoi être comblée par les suppléments glissés dans le second disque de Sailor & Lula, chapitré en plusieurs parties.
Chez Dells regroupe toute une série de petits documentaires quil est possible de visionner dune seule traite. Entre anecdotes et informations complémentaires sur certaines scènes du film, les personnages et le travail méticuleux de Lynch, on en apprend un peu plus sur le monde de Wild at Heart et ce qui la inspiré.
Comme son nom lindique, David Lynch parle du réalisateur et de son travail. Les Réalisateurs : David Lynch est un portrait de 52 minutes depuis ses débuts jusquà