The brown bunny

Avatar de l’utilisateur
hiddenplace
totoro dodendron
Messages : 746
Inscription : 26 novembre 2003, 21:19
Contact :

The brown bunny

Message par hiddenplace »

Ca y est, enfin, j'ai pu voir le dernier film du sieur Gallo que je voulais voir depuis une petite éternité.

En un mot, il m'a énormément touchée, et j'y repense depuis que je suis sortie de la salle. Je repense à l'accueil mitigé des critiques et aux protestations à Cannes (il a été présenté en compétition), au scandale qu'a produit la scène *choc* de la fin...

Et je me dis que "tempête dans un verre d'eau" prend son sens ici. Car ce film se veut intimiste, personnel, introspectif, comme d'habitude chez Vincent Gallo, mais le terme "narcissique" qui a été le qualificatif exclusif de Gallo par ses détracteurs me paraît vraiment exagéré, voire déplacé. Qui n'est pas narcissique dans ce milieu? Il se trouve que Vincent Gallo l'assume peut-être un peu plus, et choisit d'incarner son personnage, toujours à la pointe de la "lose-ittude", mais toujours (selon moi) extrêmement sensible, en plus d'être vulnérable.

Pour ceux qui ne connaîtraient rien du film: Bud Clay, jeune amateur de course de motos, solitaire au regard perdu et mélancolique, sillonne en camionnette les routes de Californie en quète d'une femme qui lui ferait oublier l'amour de sa vie, Daisy (Marguerite en anglais). Il ne s'arrête qu'à la rencontre des autres noms de fleur: Violet, Lilly (Lys), Rose... mais chaque fois il repart comme il est venu, sans oublier de leur faire miroiter l'intérêt éphémère qu'il trouve en leur compagnie (toute aussi éphémère). Son autre échappatoire qu'il promène avec lui reste la moto qu'il utilise pour une grande course dans le désert immaculé.

Rien de palpitant, à première vue, je dirais même à tout point de vue, et pourtant, le charme discret et lancinant est là. On est porté par la route et le ballotement de la camionnette; les variations climatiques qui modifient la vision que l'on a du paysage : soleil, pluie, bruine, ciel couvert; la musique, que Vincent Gallo pourrait avoir écrit, et qui rappelle celle de son premier film, Buffalo 66... et cette espèce de traversée du désert, linéaire parceque presque dépourvue d'embuches, et de dialogues aussi d'ailleurs, qui se finit par une prise de conscience, pour le personnage comme pour le spectateur. Eh oui, la scène finale qui a fait verser encre et salive prend selon moi tout son sens lorsque l'on intègre progressivement celui du film. Même si cette scène
de fellation... pour ceux qui se demanderait encore de quoi je parle^^
montre tout, ne cache rien, c'est la scène signifiante qui permet de dévoiler la vérité. "Elle n'était pas indispensable", pourraient me rétorquer certains... peut-être. Mais elle n'était pas gratuite, et pour moi c'est suffisant.
C'est cette scène qui permet à Bud d'accepter, de se laisser aller à son chagrin et à ses regrets, de prendre ses responsabilités, et peut-être est-ce seulement à cet instant qu'il sera prêt à sillonner les routes pour trouver une autre compagne sans penser incessamment à Daisy qu'il a définitivement perdue. L'entrée dans le deuil se fait pour de bon, et la dernière image du film est un gros plan sur son visage, cette fois dénuée de larmes, le paysage en fond défile à nouveau en arrière plan. Il repart.

C'est donc un film marquant pour moi, que je mettrai dans la continuité de Buffalo 66, avec un Vincent Gallo très investi dans son film, sur tous les plans, et très convainquant dans son rôle de pauvre type, paumé et déconnecté du monde.

Un personnage qui lui ressemble sans aucun doute; mais je continue de ne pas être d'accord avec les accusations récurrentes à son égard: il est peut-être narcissique... mais il n'est pas que ça. Il est aussi très talentueux.
Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 11 invités