Christophe Quet - dessin, story board
Frederic Duval - scénario
Ludwig Alizon - dessin et couleurs du tome 6.2
Pierre Schelle et Stéphane Rosa - couleurs
cycle 1 : 5 tomes chez Delcourt
cycle 2 : 2 tomes parus sur 3 chez delcourt
An 2050 :
Travis est beau, Travis est fort, Travis est aventureux, Travis est intelligent, Travis n'est pas prise de tête, Travis a la classe, Travis est camionneur spatial (où pilote de navette), Travis a une jolie copine.
Mais Travis a des emmerdes : un groupe terroriste surpuissant s'en prend à ses amis et met le souk un peu partout sur la planète. Travis n'est mandaté par aucun organisme, mais Travis est un héros et comme tout héros qui se respecte, il se doit de sauver le monde, même s'il n'en retire aucune gloire.
Travis, une caricature ? Bien sur ! Et ce coté est assumé, et fait à lui tout seul une bonne partie de l'intérêt de cette série. D'ailleurs Delcourt ne s'y est pas trompé : la série est sortie dans la collection "Série B". D'ailleurs Série B est le meilleur qualificatif de cette série.
Cependant, la simplicité de l'intrigue et la non-profondeur des personnages ne sont qu'apparentes : très vite l'histoire se fait moins manichéenne, on s'intéresse aux méchants, le héros se révèle pas si infaillible que ça, les seconds rôles ont un vrai background...
Travis est une série qui dépasse assez vite les attentes que l'on pouvait avoir : de bande dessinée bas de gamme elle passe au statut de bonne BD.
Un univers de SF cohérent.
Il s'agit de science fiction, certes mais de science fiction relativement crédible. Le monde est la terre avec les évolutions techniques qu'ont apportées 50 ans de développement technologique. Bien sur, on doute assez qu'on puisse avoir dans 50 ans des stations orbitales habitables par un individu lambda ou bien qu'il existe un réseau informatique dans le genre de Matrix. Par contre, les méga corporation alimentaires (pun inside) qui se partagent plus ou moins le monde, les états à la botte de sociétés, les tentatives de maîtrise du climat, ou encore les implants numériques omniprésent donnent de la consistance à ce monde qui comporte sa part de fantasme mais qui reste assez proche d'un futur probable.
Et cet univers est rendu par un dessin exceptionnel : non pas qu'il soit le plus beau jamais vu (encore qu'il est de loin supérieur à la moyenne), mais il est total accord avec le theme. Il est parfaitement adapté à cet univers SF : réaliste mais pas trop, il fourmille de détails qui ne sont pas trop nets, histoire de conserver le coté fantasmé. Et puis il y a les couleurs : elles sont plus qu'honnètes. Elles aussi collent avec la SF : flashy quand on est dans les bas fond d'une ville brésilienne ou sobres dans une station spatiale, elles sont faite en fonction de l'endroit et ne tombent jamais dans une sorte de "ton général" qui serait répété tout au long de l'album.
Quand "dynamisme" est le maître mot.
Coté mise en page et cadrage, on n'est pas en reste. En effet, Travis emprunte un peu au manga en perturbant quelque fois la mise en page classique (4 lignes, et plus ou moins 3 cases par lignes) : les cases se chevauchent un peu, les dessins vont jusqu'au bord de la page etc... Rien de bien méchant, mais cela ajoute un certain dynamisme à cette BD. Les traits signalant les grandes vitesses dans le manga sont aussi présents, tout comme une sorte de rémanence pendant les combats (le personnage est dessiné dans plusieurs positions dans la même case). Pas de quoi crier au scandale, juste de quoi apporter un plus au dynamisme. Dans la même optique, Travis ne comporte pas (ou peu) de plans fixe : la caméra est toujours en mouvement, et les angles de vue sont souvent ceux que l'ont pourrais trouver dans un film d'action.
A ce point de la critique, il me semble important de parler des deux cycles. Tout ce qui a été dit plus haut concerne le premier cycle, en 5 volumes. Le deuxième cycle est un peu différents.
Deux cycles, deux approches.
D'abord, le statut de Travis a changé : il n'est plus le baroudeur de l'espace dont on avait l'habitude, mais un vrai héros, avec du soutient etc... Ca enlève un peu au sel de l'histoire. Oh pas grand chose, mais on regrette un peu. Ceci dit, sans cette mutation, la série aurait un peu tourné en rond. La série en elle même prend une autre dimension, un peu comme si une série qui passe à la télé était adaptée en film : plus de moyen, plus d'effets spéciaux, plus de gadget... Encore une fois, cela permet d'éviter de refaire une simple suite au premier cycle et renouvelle la série.
Ensuite, le format même de la série a changé : c'est un cycle en 3 tomes, les tomes 6.1, 6.2 et 7. Les 6.1 et 6.2 se passent en même temps, mais du point de vue de deux personnages différents et avec deux dessinateurs différents ! Et c'est là que le bas blesse. Après le dessin de Quet, celui de Alyzon parait un peu fade. Non pas qu'il soit moins bon, mais le style est différent et surprend. Passé le temps d'adaptation (et la réaction du fan de base qui crie a la traîtrise), on voit tout de suite que ce tome n'a rien a envier au reste de la série.
Enfin le deuxième cycle n'est pas terminé : le troisième tome doit sortir en septembre.
9/10
NB : deux coffrets sont sortis et ils ne sont pas plus cher que d'acheter les BD séparément (seulement un ou deux euros de différence).
) et à l'expression.
