Date de sortie : 13 Février 2002
Réalisé par Zacharias Kunuk
Avec Natar Ungalaaq, Sylvia Ivalu, Peter Henry Arnatsiaq
Film canadien. Genre : Drame
Durée : 2h 47min. Année de production : 2001
Titre original : Atanarjuat, the fast runner
Une petite communauté qui vit repliée sur elle-même.
Le mal qui apparaît.
Une opposition entre deux familles, entre le chef et un simple membre de cette tribu, puis entre leurs fils, notamment pour la conquête d'une femme.
Peu d'originalité semble-t-il à la lecture de ce pitch. Et d'ailleurs l'originalité vient d'ailleurs : Atanarjuat est un film inuit de bout en bout. Les acteurs sont esquimaux, le film est tourné dans le Grand Nord, entièrement en esquimau, même l'équipe du film est esquimau.
La petite communauté inuit d'Igloolik vit tranquillement de sa pêche et de sa chasse, quand un chaman étranger vient au camp. L'hospitalité esquimau lui permettra d'intégrer pour quelques temps le village, mais le chaman apportera mort et discorde. Peu après son départ, l'ancien chef est tué et Sauri prend sa place, rejettant son vieux rival Tulimaq qui deviendra la risée de la communauté et qui ne verra plus aider comme l'est chaque membre inuit, malgré ses deux enfants en bas âge.
Des années plus tard, les deux enfants ont grandi : Amaqjuaq le Fort et Atanarjuat le Rapide sont à la recherche d'une femme. Atanarjuat trouvera en la personne d'Atuat son âme-soeur, malgré la concurrence d'Oki, le fils du chef Sauri.
Et la situation deviendra de plus en plus tendue entre les deux hommes, entre les deux familles.
Le terme de "dépaysement" n'est pas trop fort pour ce film. Le monde glacé et froid de la banquise nous semble à mille lieues du monde civilisé occidental. Là bas, les hommes pêchent et chassent encore, la bigamie est de mise. Là bas? Ou plutôt autrefois? Atanarjuat, en tant que légende, ne se positionne pas clairement sur une frise chronologique; son univers est atemporel. Et le parler inuit véritablement différent est une façon de plus pour le spectateur de s'évader dans ce monde plat, blanc mais impitoyable.
Mais Atanarjuat est aussi un véritable documentaire éclairant l'homme occidental sur la vie d'une tribue inuit. La caméra semble s'absenter et suivre les petits faits et gestes quotidiens : la fabrication des igloos, la chasse et les repas, l'habillement... Tout ceci faisant partie intégrante du film, si bien qu'on ne peut y penser qu'en le critiquant, qu'en y repensant. Et d'ailleurs les us, les coutumes de ce peuple nomade nous rappelle que, à l'aube des temps, l'homme était surtout un nomade dépendant de sa chasse, de sa pêche mais aussi de sa communauté, une communauté nécessaire pour faire front à une nature pour le moins hostile.
Atanarjuat a su concilier, et c'est sa force, le déroulement d'une vraie histoire dans un univers rarement vu au cinéma et la description de cet univers par petites touches subtiles, tout en gardant un aspect artistique typiquement cinématographique, comme le montre le long plan d'un Atanarjuat nu courant sur la neige pendant des kilomètres (un plan qui d'ailleurs ne peut s'empêcher de marquer le spectateur). Et ceci n'aurait pu se faire sans le talent des comédiens qui ont su rentrer dans leur personnage et abandonner leur statut d'homme moderne. Car une certaine partie des Inuits a depuis longtemps abandonné ce mode archaïque de vie (comme on peut le voir dans le mini making-of du générique, l'acteur jouant Atanarjuat est vêtu d'un blouson en cuir qui semble presque déplacé...).
Malgré peut-être un léger manque de rythme dû à sa durée (2h47), Atanarjuat est un excellent film, à la fois légende, documentaire et histoire de famille, qui mérite qu'on s'y attarde!! Seul bémol? Le spectateur occidental a parfois du mal à reconnaître les acteurs...
Note : 9/10