NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

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Levendis
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par Levendis »

Issue d’un environnement contestataire

Norman Spinrad est né le 15 septembre 1940 à New York. Il passe son enfance dans le Bronx en contact permanent avec des bandes de jeunes rebelles et révoltés. Il considère le lycée Technique du Bronx où il fait ses études comme un refuge d'anarchistes névrosés et une "usine à savants fous". il décroche néanmoins en 1961 une licence ès sciences au C.C.N.Y. axée surtout sur la littérature asiatique et la géologie.

Après un bref passage au Mexique, il s'installe à Greenwich Village et il milite contre le racisme, la guerre du Vietnam et pour la libération sexuelle et l'écologie. Ces prises de positions lui conféreront l'étiquette de "jeune écrivain de SF américain de gauche" malgré ces premiers romans très classique.
C'est cependant au très réac John Campbell qu'il vendra ses premières nouvelles en 1963 et il en publiera de nombreuses autres jusqu'en 1966 dans les principales revues de science fiction américaines comme Analog, Amazing, Galaxy et Worlds of Tomorrow.
Il se taillera ainsi une solide réputation de nouvelliste jusqu'à la parution de son premier roman "Les Solariens" en 1966 qui se situe dans un avenir lointain, un space opera classique mais on note déjà la patte « spinradienne ».

L'année suivante commence la parution dans New Worlds (magazine crée par Michael Moorcook père d’Elric) de son roman peut-être le plus connu : Bug Jack Barron qui fit sensation et scandale à l'époque par le langage très cru utilisé par Spinrad pour décrire des situations considérées par certains comme de la pornographie. Cependant ce roman est la pierre angulaire de l’univers de Spinrad et des ses préoccupations.
après quelques années essentiellement consacrées à l'écriture de romans, Spinrad revient en Californie après son séjour en Angleterre, se consacre à nouveau à des textes plus courts (une des ses spécialité cf. l’excellent « livre d’or » lui étant consacré au édition presse pocket).

En 1972 sort un nouveau roman choc : Iron Dream. Spinrad avec une imagination débridée y mêle un intérêt certain pour les substances et les drogues hallucinogènes en même temps que pour les bases de l'idéologie national-socialiste. En effet ce roman, qui serait par un certain Adolf H., parodie avec verve les romans d’heroic fantasy souvent à la limite du fascisme.
Les années qui suivent voient se succéder d'autres publications régulières dans ce style qui lui est si particulier et avec des idées et des conceptions qui restent fidèles à elles-mêmes dans leur ensemble.

La science-fiction qu'il rédige est sans conteste semblable à nulle autre, mais il ne prend jamais réellement position politiquement en laissant le soin de la conclusion au lecteur.
Au début des années 80, il est obligé de quitter les USA en raison du contexte politique reagannien et se réfugie en France, à paris où il vit encore à l’heure actuelle.

Pourquoi Spinrad est-il si marquant ?

Pour plusieurs raison : d’une part son style est si particulier et qui détonne par rapport au romans de SF traditionnel, incluant un langage populaire associé a un style direct, cru parlant directement au lecteur. Ensuite il y a les diverses thématiques, plutôt les critiques souvent virulentes, sur toutes notions qui entraveraient les libertés individuel ou collective. Ainsi à travers ses romans, il attire l’attention sur les dérives que ce soit dans les médias ou la politique ( « Jack Barron et l’éternité », « En direct »), par la mainmise des sectes (le terrifiant « les miroirs de l’esprit » calqué sur les méthodes des scientologues), les extrémismes divers ( le sexisme et le féminisme outrancier dans « la grande guerre des bleus et des roses »), le fascisme dans la littérature (« rêve de fer »), la course à l’armement et la politique US ( « la der des der », « Chants des étoiles ») etc…
Récemment il a encore frappé avec « Bleu comme une orange » et sa cible fut le traitement, par les grandes multinationales, du réchauffement de la planète et de l’effet de serre. Il est ainsi toujours réactif et appuie souvent là ou ça fait mal.

BIBLIOGRAPHIE

·Les solariens (The solarians, 1966)
·Les pionniers du chaos (Agent of chaos, 1967)
·Le chaos final (The men in the jungle, 1967),
·Jack Barron et l'eternité (Bug Jack Barron, 1969)
·Rêve de fer (Iron dream, 1972)
·Les avaleurs de vide (Riding the thorch, 1974)
·Chants des étoiles (Songs from the stars, 1980)
·La grande guerre des bleus et des roses (A world between, 1980),
·Les miroirs de l'esprit (Mind game, 1980)
·La dernière croisière du dragon-zephyr (The void captain's tale, 1982)
·L'enfant de la fortune (Child of fortune, 1985)
·La der des der (World war last, 1985)
·Rock machine (Little heroes, 1987)
·Le printemps russe (Russian spring, 1991)
·Deus ex
·En direct
·Bleue comme une orange (Greenhouse summer, 1999)
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CBL
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par CBL »

Merci pour ces infos !
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Val Lazare
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par Val Lazare »

Bravo Levendis c'est du bon boulot!!! :o
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Levendis
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Message par Levendis »

y a pas de quoi ! et comme je suis sur la lancé je vais essayer de parler de quelques romans de spinrad :)
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Levendis
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Message par Levendis »

Rêve de fer : un roman-concept provocateur

A la découverte d’un romancier et d’un roman à part : Adolf Hitler « Le seigneur du Svastika »

Adolf Hitler est né en Autriche le 20 avril 1889, émigré de fraîche en Allemagne, il servit dans l’armée allemande pendant la Grande Guerre. La paix venue, il fit une brève incursion dans les milieux radicaux de Munich avant d’émigrer à New York en 1919. Il y mènera de pair une existence précaire d’artiste de trottoir et de traducteur occasionnel a Greenwich Village. En 1935, il jugea son anglais suffisant pour faire ses débuts d’écrivain. La convention mondial de Science-Fiction lui décerna, à titre posthume, en 1955 le prix Hugo pour « le seigneur du Svastika ». Hitler est mort en 1953.

Ce livre conte les aventures de Feric Jaggar luttant contre les hordes des races dégénérées et pour rétablir l’ordre dans son royaume dévasté.

Bibliographie exhaustive de l’auteur :

L’empereur des Astéroïdes
Les bâtisseurs de Mars
Combat pour les étoiles
Le crépuscules de Terra
Le sauveur de l’espace
La race des Maîtres
Le triomphe de la Volonté
Demain, le monde...

Norman Spinrad, provocateur né :
Un véritable tour de force littéraire (et superbe uchronie)

Ce roman fit scandale lors de sa sortie, au-delà de l’aspect malsain du récit (qui serait écrit, sur une vingtaine de page, sois-disant par Hitler), la critique faite par Spinrad fait mouche au vue des idées véhiculées par la SF durant la période dit de « l’age d’or ». Parodiant les histoires d’heroïc fantasy issue des pulps bon marché, des Sous-Conan le barbare, il nous montre et décortique la fascination d’un certain lectorat de la SF pour des histoires où la violence, la brutalité, et certaines idées fascistes et réactionnaires étaient véhiculés. L’histoire-concept écrite par Spinrad en lui même ne vaut rien mais le pastiche recèle quelques passages grinçants et glaçants car avec le recul nous nous rendons compte que les romans que nous voyons aujourd’hui comme classiques et que nous apprécions usent aussi de certains « effets » décrits dans le livre.
Pour contrer ces détracteurs qui l’auraient taxer de véhiculer des idées fascistes à travers ce roman, Spinrad n’a pas oublié d’inclure à la fin de l’histoire une postface fictive d’un professeur d’université. Celui-ci y critiquera avec justesse les idées et propos décrites précédemment.
Avec ce livre, Spinrad attise notre capacité de critique en tant que lecteur et nous rappelle que même si la SF reste, dans l’ensemble, assez distrayant divers messages condamnables peuvent quand même s’y incruster.

Notation
2.5/ 10 : pour l’histoire en elle même, mal écrite (exprès) et malsaine
10/10 : pour le tour de force et la critique sous-jacente des bases de la SF de « l’age d’or ».
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CBL
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par CBL »

Interessant comme idée. Perso, j'aurais plutôt raconté en détail le plus beau jour de la vie d'Hitler : celui où une balle a traversé son cerveau malade.
Loyal
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par Loyal »

Merci, Levendis pour tes recherches et commentaires !

C'est très bien de ta part de ponctuer la valeur littéraire et en même temps la considération (un dix sur dix !) de l'aspect provocateur de Spindar. Tu es un bon lecteur, à mon avis. Pour moi la littérature ne consite pas seulement à bien écrire ou à qu'on nous dise ce que nous voulons écouter.
D'autre part, je crois rappeler qu'il y a des critiques (pris pour des puristes) qui trouvent la littérature fantastique, et mème la science fiction,
comme des romans tendencieux contenant, la plupart d'eux, des messages fascistes.
On se voit !
Loyal
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Levendis
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par Levendis »

CBL>>> arf ! c'est une idée, peu-etre un auteur a déja exploiter l'idee :)

Loyal>>> mais de rien, je tenais surtout a defendre ce livre souvent critiquer, et peu apprecié
aussi la premiere fois que je l'ai lu j'avais une certaine gene vu le nombre de recit de ce type (je me suis abreuvé durant une periode de tout nouvelle et roman de " l age d'or", souvent mauvais : periode sf addict :? ) et le malaise fut grand,
un peu de recul ne fait pas de mal je me dis
aussi je pensais a l'adaptation ciné qui allat dans ce sens : starship troopers de paul verhoven, basé sur le roman eponyme ecrit par le tres reac robert heinlein , ce film parle du meme sujet ( plu ou moins) et il est a voir.
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Val Lazare
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par Val Lazare »

Pour la petite anecdote, il me semble qu'Alan Moore dans From Hell fait coïncider la conception d'Hitler (pas la naissance la conception) avec l'éviscération d'une des prostituées de Whitechapel.
...
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Levendis
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Message par Levendis »

ouep en effet le passage bizzaroïde en allemand avec le couple qui copuler, ce passage m a fait rire apres que j'ai lu les annexe s y rapportant (vraiment barjot ce moore mais ça sert bien son propos c déja ça :lol: )
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Levendis
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Message par Levendis »

Jack Barron et l’éternité ("BUG Jack Barron") : le chef d'oeuvre de Norman Spinrad


Lukas Green, gouverneur du mississipi et "ami" de Jack Barron :

Un baisse froc, voilà ce qu’est Jack Barron je vous le dis ! au lieu de suivre son vieux pote ce c***ard s’est vendu ; il a donné son c** pour son émission de télé à la noix où il joue les Zorro d’opérette du peuple. Quoi moi ? Ouais je suis gouverneur dans ce patelin foireux au fin fond du Mississipi, et alors ? Mais n’oublie pas mec : je suis qu’un foutu négro…ah non faut plus dire ça c’est vrai maintenant on dit un « afro-américain » ouais c’est le mot politiquement correct mais ça enlève en rien que je suis noir comme le proverbial roi de pique. Je vous le dis bientôt y a la lutte pour la présidence et je l’ai proposé à ce couillon de Barron de se mettre sur ma liste. On pourra ainsi contrer ce projet discriminatoire de « fondation pour l’immortalité ». Ouais avec lui à mes cotés, et sa foutue cote de popularité, les portes de White Hall seront pour la première fois ouverte à un nègre… si seulement il n’en faisait pas qu’à sa tête, si seulement…

Sara Westerfeld, ex femme de Barron et hippie sur le retour :

Oh Jack pourquoi nous nous sommes séparés ?! Pourquoi tant d’incompréhension ! à l’époque à Berkeley nous étions les meilleurs, agitateurs et rebelles, des bébés bolcheviques, ensemble contre la corruption ambiant ! mais tu es parti, tu m’as abandonné, tu as tout abandonné : Ou sont passés tes idéaux de jeunesse ? Ton envi de changer le monde et de le rendre meilleur ? Aujourd’hui tu as ta foutue émission, ton confort et tout les femmes que tu veux mais je sais que tu es seul et que tu m’aimes encore. Je te ferais revenir a moi je te le promets !
Quand Benedict Howard m’a proposé, en contrepartie d’un contrat d’immortalité gratuit, de t’inciter à aller dans son sens, à faire passer son projet de loi le légitimant j’y ai vu un moyen de m’approcher plus rapidement de toi ! oh Jack ! je t’aime tant…

Benedict Howards, président de la fondation pour l'immortalité et bailleur de fond des politiques :

Tous des larves ! tous ceux qui m’entourent, rien ne pourra arrêter mon ascension. Je les briserais tous, tous achetable ! tous ont un squelette dans le placard même ce Barron qui joue les intouchables ; il ne cesse de me narguer dans son émission de traîne-savate communiste mais lui aussi il en viendra à ramper vers moi, ils finissent tous ainsi. Personne ne dit non à Benedict Howards, non personne ! l’homme qui réussit à repousser le cercle noir de la mort qui s’estompe, le cercle noir ! je vaincrais la mort ! je serais éternel ! M. Howards. Tous les présidents ! tous les politiciens ! tout les Jack Barron du futur mourront un à un mais je serais là et je serais leur Dieu ! ils vendront leur âmes à coup sur pour être comme moi, M. Howards ! tous des pantins ! je ferais passer ce projet de loi mais d’abord j’ai besoin de Barron, après tout sera plus simple. Plus simple pour moi, pas pour eux. Ils ne savent pas que le cercle noir qui s’estompe se rapproche….

Jack Barron, animateur de talk show et ex-agitateur hippie :

Visiblement je dois pas sentir la rose vu la flopée de mange merde qui pullule autour de moi en ce moment : chacun veut que Jack Barron vienne s’abreuver à son puit ; mais non mes gaillards ! ça se passe pas ainsi ! Jack Barron n’est la pour personne, et personne ne l’achète non plus. Préfère ma situation pénard au lieu de tremper dans la mélasse politicienne ou autre, je tiens trop à mon c** moi : 100 millions de téléspectateurs-gogos chaque semaine, autant d’influence que ces co**ards des Haut lieu du pouvoir, mais moi je fais pas le malin. Je sais que tout ça c’est du Show-bizness, que tout peut casser vite fait alors rester peinard est la solution adéquate. La vie est trop courte pour jouer au con. Quand même vas-y mollo Jack baby : ce connard de Howards trame quelque chose. Ce cinglé est du genre à entraîner salement dans sa chute tout ceux qui traînent pas loin de sa pomme alors tiens-le à l’œil…

Une plongée sans concession dans les coulisses du pouvoir

Cynique, cru, politiquement incorrect, grinçant… Les adjectifs ne manquent pas pour décrire ce roman (culte) de Norman Spinrad. L’écrivain sait avec brio nous amener à côtoyer l’environnement des puissants et nous dévoiler leur folie, faiblesse et bassesse pour survivre dans les arcanes du pouvoir. Oui survivre ! car le pouvoir est assimilé à une jungle hostile, voir à un psychotrope à lequel on ne peut décrocher sinon une déchéance terrible s’ensuivrait. A travers le regard d’un anti-héros typique, Jack Barron, plein de défaut mais attachant Spinrad montre les recoins, pas vraiment beaux, de l’âme humaine ; en effet il ne cesse, implicitement, de nous poser des questions durant tout le récit : Qu’aurions-nous fait dans ce type de situation dans lequel le héros est embarqué ? Nous laisserions-nous acheter ? Jusqu’au irions nous pour sauver notre peau ?
En clair un tableau assez grisâtre de la vie et des individus, aucun manichéisme : juste des individus bourrés de défauts.
L’étiquette SF du roman est ici réducteur car ce roman s’en écarte sans problème pour devenir inclassable voire incontournable.
Note : 9/10
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Val Lazare
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Message par Val Lazare »

Woooh! Et encore une charge de one-shot-Levendis! ta critique est une nouvelle fois plus que correct... Bravo.
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Levendis
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NORMAN SPINRAD, un auteur de SF à part.

Message par Levendis »

Merci bien ! en plus je viens de finir de relire le roman y a peu et je suis encore et encore sous le charme, et retrouver l'amoralisme de jack barron c'est toujours aussi fendant, malgré moi j'en ai honte parfois lol

a+ :lol:
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