
Réalisé par Yves Angelo
Avec Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret, Marina Hands
Film français. Genre : Drame, Policier
Durée : 1h 46min. Année de production : 2004
Nous sommes tous des âmes grises. Grises car le monde n'est pas binaire et personne n'est blanc ou noir. Grises surtout car nous passons notre vie à cacher ces facettes que nous ne voulons pas montrer au monde. Grises car nous évoluons constamment dans un état flou, une fine ligne droite tendue au dessus du précipice de la folie et de la mort. Un rien peut nous faire basculer d'un côté comme de l'autre.
1917. Un village à quelques kilomètres du front, protégé malgré lui par une colline. Une époque, un lieu sans lequel les Ames Grises ne serait rien. Car même éloigné de la ligne de front, la folie, la violence de la guerre sont omniprésentes dans ce petit village. Même l'instituteur du village ne pourra échapper à cette tension latente qui rampe lentement dans les moindres recoins. La nouvelle maîtresse qui le remplacera fera surgir le souvenir éteint d'un amour passé, rouvrira de vieilles blessures mal refermées.
Au milieu des soldats rassemblés là pour partir au front, l'institutrice Lysia (Marina Hands) cohabite tant bien que mal avec le Procureur Destinat (campé par un Jean-Pierre Marielle des grands jours), lui-même en conflit ouvert avec le Juge Mierck (Jacques Villeret dans un rôle déroutant). Mais, en ces jours gris, la mort n'est jamais bien loin... La petite Blanche est retrouvée morte étranglée auprès d'un canal. Le Juge Mierck est donc chargé de résoudre l'affaire dans ce climat des plus délétères.
Porté par une photographie magnifique, le film reflète bien son titre. Car du gris il sera question tout au long du film, tant dans les décors (aucune touche de couleur ne vient apporter sa vie) que dans la personnalité et la vie des habitants de ce village, et jusque dans la musique évidemment triste. Il n'est pas question de gaieté ici, le Procureur Destinat est d'une gravité à faire fondre une tombe en larmes, le Juge est d'un cynisme hautain à tout épreuve. Les seuls rires qu'on entend sont ceux des soldats en route pour le front.
Si Un Long Dimanche de Fiancailles représentait l'espoir plus fort que la guerre (et la mort), Les Ames Grises fait un tout autre constat : la mort et la folie triomphent toujours à la fin malgré les quelques lueurs d'espoir qui peuvent naître ici et là. Car même dans la naissance la mort peut être présente.
Note : 7/10