Roma Aeterna - livre

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Alim
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Roma Aeterna - livre

Message par Alim »

Roma Aeterna de Robert Silverberg
Rome suite Rome


Grand maître ?

Silverberg, c'est un des grands pontes de la Science fiction, il aurait même reçu le titre pompeux de "Grand maître de la SF" alors évidemment ça inspire le respect. Mais ce titre est-il vraiment mérité ou n'est ce qu'un gros truc ronflant juste pour impressionner dans les dîners mondains ? Je me suis penché sur la question en lisant l'un de ses derniers livres, Roma Aeterna.

Veni, vedi, uchronie

Roma Aeterna, c'est pas vraiment de la SF mais plutôt de l'uchronie, ou histoire alternative. cela consiste à se demander comment aurait évolué le monde si certains faits historiques s'étaient passés différemment. C'est d'ailleurs ce qu'on appelle une "uchronie pure", c'est à dire que les faits dérivent de la version "réelle" sans intervention extérieure. Voilà pour ceux qui voudraient caser ce roman dans une catégorie, mais venons en plutôt à la partie importante, c'est à dire au contenu du bouquin lui-même.

Toutes les routes mènent à Rome

Et si lempire romain n'avait jamais cessé d'exister ? C'est à partir de cette idée que Silverberg va extrapoler 2000 années de lhistoire de lhumanité et va nous les ressortir sous la forme dune dizaine de nouvelles, chacune se situant à une époque différente. Il va ainsi pouvoir nous expliquer combien le monde quil imagine est différent du notre, car si lempire continue dexister, sa vieille religion continue, elle aussi à persister bien que personne ny croie plus vraiment. Le christianisme nexiste pas, car lexode des hébreux a été un échec et quune grande partie dentre eux ont péri dans le désastre. De même, lIslam est inconnu, le prophète ayant été assassiné par un envoyé de Rome.
Et lempire tel quon le connaît perdure, avec ses périodes de faste et de décadence qui senchaînent sans fin suivant les compétences des empereurs qui se succèderont sur le trône. Devenu impossible à gérer à cause de son gigantisme il va se séparer en deux parties : lempire dOrient et celui dOccident qui vont régner ensemble sur une partie du monde. Une partie seulement ? Oui car lempire va laisser se développer les civilisations les plus lointaines telles que la Chine, lInde ou encore celles du Nouveau Monde.

Du Rome des femmes et de la bière, nom de Dieu !

Partant d'une idée de base qui apparaît comme très intéressante : la survie de Rome à travers les époques, Silverberg nous pond un roman (qui est en fait un recueil de nouvelles) qui est bien en deçà de ce que l'on pourrait espérer.

On ouvre ce livre le sourire aux lèvres car lempire romain est, et restera, un sujet qui fait rêver et, au fil des pages, le sourire laisse place à un air un rien plus perplexe. Il y aurait tant à dire, tant à faire, sur un sujet tel que Rome, et Silverberg se contente denchaîner les périodes de gloire et décrépitude sans aucune profondeur.
Ce sujet que lon associe volontiers au grandiose et à la majesté, est traité dune manière bien trop plate. Sa prose a trop souvent la saveur dun mauvais livre dhistoire qui donnerait une liste des dates importantes et des agissements des puissants pour expliquer le cours des évènements. Jamais il naccorde dimportance au sort de la population, les seuls personnages du peuple quil met en scène ne sont là que pour relater lhistoire des puissants ce qui est dommage car la plèbe revêtait tout de même une importance non négligeable dans lhistoire romaine.

On ne remarque, dailleurs, aucune évolution réelle dans la société romaine tout au long des deux millénaires parcourus par le livre car lidée que Silverberg développe constamment est celle dune société attentiste, uniquement basée sur le passé. Cela se traduit par de constantes références au passé dans toutes les discussions. Il nest pas possible quune seule personne prenne la parole sans évoquer des évènements et des personnages vieux de centaines voire de milliers dannées.
On aurait aimé que Silverberg fasse réellement vivre cette société au lieu de la laisser dans un immobilisme forcené car, bien que sa vision soit intéressante, il nest nul besoin de la répéter à chaque nouvelle et faire une évolution vraiment différente de la société aurait autrement plus intéressé le lecteur.

Silverberg rame pour faire rimer Rome

Malgré tout, certaines nouvelles se détachent nettement du lot en proposant une orientation légèrement différente du reste du recueil (on pensera surtout à celle qui propose une sorte de Terreur comme dans la Révolution Française). Mais hélas, ces nouvelles sont très peu nombreuses (deux ou trois seulement pour un recueil qui en compte dix) et ne justifient pas à elles seules lachat dun livre qui ne plaira, au final, quaux vrais mordus dhistoire romaine.


En résumé, un recueil où Silverberg ne parvient pas à convaincre malgré une idée de base vraiment intéressante et où il ne justifie en rien son titre de Grand Maître de la SF.

3.5/10
particulier parce que je signe particulier !
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