Docteur Jekyll...

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Otis
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Message par Otis »

Docteur Jekyll
Brillant et réputé docteur, monsieur Jekyll tente dapprofondir des expériences sur lâme humaine. De là, il va créer un sérum quil boira lui-même. Plus tard, des meurtres barbares affolent tout Londres.

Qui ne connaît pas cette histoire ?
Stevenson, auteur notamment connu pour être le maître des histoires daventure avec « Lîle au trésor », nous concocte ce petit roman, que les anglo-saxons nomment plus communément « Novella ». Petit par la taille, grand par la force. Nous sommes en 1886, époque victorienne où surnage un climat puritain, « so british » ?
1886, bien avant que ne retentisse à travers toute lEurope la psychanalyse de Freud dans la première moitié du vingtième siècle, voilà que surgit cette uvre du double de la personnalité. Mais Docteur Jekyll ne se résume pas à une simple histoire de schizophrénie, cest un roman toujours aussi terrifiant.

En simbibant de sa société, lauteur écossais peint toute une ambiance austère, froide. Les rues de Londres nous apparaissent peu fréquentables ; quant à lhypocrisie, la médecine se voulant rationaliste, le jeu des apparences et de la réputation surtout, sans oublier cette société purement ethnocentrique, voilà autant de cibles que voulait viser lécrivain.
De plus, Stevenson noublie pas le genre dans lequel il excelle ici, pour développer tout lattirail du fantastique : nuits de pleine lune, hiver, décor londonien avec de simples détails exquis et si minutieusement préparés, car ils ne sont pas là par hasard. Cest lexemple déléments comme les réverbères, la brume, les rues désertes pour finalement se poser sur cette aura matérialisée par un être qui inspire aussitôt le dégoût : Monsieur Hyde !
Oui, nous comprenons une fois le livre terminé, pourquoi les De Palma, les Robert Bloch, nont presque rien inventé.
Hyde caractérise lesprit malin du diable, celui peu descriptible ; dailleurs, Stevenson, et on le sent, garde une certaine mesure dans la description de ce personnage. Cest la raison pour laquelle Hyde déploie surtout un halo de sentiment chez le lecteur. Hyde = Horreur.
De lhorreur, il y en a lorsquune petite fille se fait piétiner ou quand un vieillard se fait battre à mort à coups de canne.

Comment Stevenson a-t-il pu avoir telle inspiration pour nous écrire cette histoire absolument effroyable ? Le monsieur la écrite en trois jours et il avouera juste après en être ressorti avec des sueurs froides.
Histoire fantastique certes, mais si nous regardons plus près encore le texte, que penser de ce fameux docteur qui croit en une science transcendantale ?
Rappelons que le docteur Jekyll vit reclus uniquement pour trouver la preuve que lâme humaine possède deux tendances qui sopposent : le bien et le mal. Cette preuve, le sérum ainsi créé, savérera par la suite bien tangible. Est-ce une métamorphose artificielle ou naturelle ? Des doutes persistent au final, et supposer que Jekyll ne sest jamais transformé en Hyde na rien de ridicule. Au contraire, le choix du doute laissé par Stevenson est judicieux. Son style, subtil, calculé, est peut-être symbolisé par le fait quaucun paragraphe nest numéroté, parce que lhistoire en elle-même se lit plusieurs fois. Une histoire qui se lit dans les deux sens, une histoire dont les versions diffèrent, car ses lignes sont vraies, logiques et parfaitement orchestrées. Les genres se croisent et naviguent entre le policier (Utterson mène une délicate enquête) et lhistoricité du récit social avec des personnages jamais caricaturaux. Il apparaît à lintérieur de cette expérience, des indices cachés, la multiplication des points de vue qui alternent entre Utterson, dautres amis du docteurs Jekyll et récit autobiographique développé grâce à lépistolaire. En conséquence, la tension (et lattention) augmentent lors dune seconde lecture. Vous lauriez compris, parce que ce livre est un classique incontesté du genre, il FAUT (re)lire ce roman riche et puissant. La force de cette histoire, cest quelle demeure complexe avec le recul, dans la simplicité de la lecture qui en découle.
Langoisse reste encore bien intacte, même devant les yeux du lecteur contemporain.

Classique, intemporel et jamais égalé. 19/20
Je vois la mort sourire sous le lit de nos Souvenirs.
Ceir
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Message par Ceir »

Je l'ai relu cette été, et je l'apprécie toujours autant, même plus (la première fois j'avais 14 ans, il y a donc plein de subtilités dans la réflexion que je n'avais pas perçu).

D'ailleurs, pour élargir, je l'ai relu car je me suis acheté une bonne partie des livres dont s'inspire Moore pour la Ligue des gentlemen extraodinaires. J'aime beaucoup la littérature fantastique anglaise du XIXème siècle. J'avais lu tout ça au collège, et donc cet été m'est venu l'envie de me les relire (Dracula, La guerre des mondes, etc.).
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Otis
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Message par Otis »

D'ailleurs, je sens que l'on va dériver, mais tant pis : en voyant "la guerre des mondes", je me suis demandé quel écrivain fut le premier à traiter d'une invasion extraterrestre ? Est-ce bien Wells ? Son livre est sorti en 1898, Lovecraft avait 8 ans... Hm... Je me demande quel écrivain parlait d'une invasion au sens strict du terme ; Maupassant s'en rapproche avec sa nouvelle "L'homme de Mars", Jules Verne en parle-t-il ? :?
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Message par Ceir »

Je ne connais pas bien l'oeuvre de Jules Verne, mais je ne crois pas qu'il parle d'une invasion extra terrestre.
Quant à dire qui est le premier auteur d'une telle histoire ? Il me semble que concernant une invasion à si grande échelle, c'est Wells le premier. Mais sans certitude.
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Lestat
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Message par Lestat »

Jules Verne aurait plutot fait le contraire, une invasion "terrestre" avec De la Terre à la Lune. Je ne crois pas qu'à part ça, il se soit aventuré plus loin dans le cosmos.

Sinon, je suis content de lire ce texte, Jekyll et Hyde m'a toujours laissé complètement froid. Ca me donne envie de le relire.
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Veterini
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Message par Veterini »

Après lecture je dois rejoindre l'avis de Lestat, le style et la structure m'ont paru assez classique, après forcément je juge ça maintenant, mais c'était sans doute novateur a l'époque. Tout comme le coté épouvante qui ne m'a pas vraiment épouventé je dois avouer. Enfin c'est peut-être aussi je connaissait l'histoire avant de le lire.
Mais ce qui m'a plutot désagrement surpris, c'est le coté franchement protestant, dans le genre plaisir=mal=meutre ça s'impose là.

Dans un genre et une thématique un peu près simillaire j'avais quand même nettement préféré l'homme invisible.
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Loudon dodd
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Message par Loudon dodd »

Ce côté protestant dont tu parles relève en fait du contresens (contresens dont Borges expliquait qu'il était systématiquement commis par les auteurs des adaptations cinématographiques du roman.)

Jekyll et Hyde est beaucoup moins moralisateur, et beaucoup plus énigmatique qu'on ne le dit.
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SF
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Message par SF »

En effet, celà relève du contre sens,


Il est important de se rattacher à la structure de l'oeuvre pour garder à l'esprit que la seule vision que l'on ait du mystérieux Hyde est celle des personnages qui sont eux puritains, mais que l'auteur ne prend, lui, jamais partie.


D'ailleurs, on ne sait jamais si ce Hyde existe ou si le docteur ne prend qu'une drogue puissante libérant ses pulsions enfouies.


Ses descriptions de Hyde sont troublantes en ce qu'elles induisent une certaine facination et l'impression que Hyde serait une sorte de roi de cette face obscure de Londre (et de la société de l'époque).


Les actes commis par Hyde étaient ils si rares à l'époque?


Loin d'être une critique de la science, ce texte a une portée plus philosophique. Comment en effet imaginer qu'un pur scientifique choisisse comme sujet d'expérimentation "l'ame" dans son acception la plus biblique?


Critique en filigranes d'une époque et de son obsession du puritanisme avec tous les travers qu'elle a pu engendrer? Certainement. Mais à l'époque, on ne disait pas certaines choses sans prendre des détours si l'on souhaitait continuer à pouvoir être publié.
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Veterini
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Message par Veterini »

Loudon dodd a écrit :


Ce côté protestant dont tu parles relève en fait du contresens (contresens dont Borges expliquait qu'il était systématiquement commis par les auteurs des adaptations cinématographiques du roman.)

Jekyll et Hyde est beaucoup moins moralisateur, et beaucoup plus énigmatique qu'on ne le dit.


 



Pour prendre un des passages de la
« confession» :



« Oui, je préférai être le docteur vieillissant et
insatisfait, entouré d’amis et nourrissant d’honnêtes espérances ; et je
dis un adieu définitif à la liberté, à la relative jeunesse, à la démarche
légère, au sang ardent et aux plaisirs défendus, que j’avais goûtés sous le
déguisement de Hyde »



Par ailleurs, Je ne parle pas de séduction, mais de plaisir au sens
générale, et Stevenson ne fait clairement pas de Jekyll qu’un être
seulement violent. Il est plus évasif sur la jeunesse, la liberté etc… Mais cela
ne renvoit absolument pas à la violence.


Je sais pas ce qu’on dit, mais
pour moi y a une morale assez claire, ainsi juste après le passage que j’ai
cité on a celui-ci


« Ce fut pourtant de là que me vint le châtiment. Mon démon intime
avait été longtemps prisonnier, il s’échappa en rugissant. Je ressentis, à
peine le breuvage absorbé, une propension au mal plus débridée, plus furieuse.


C’est à ce fait que j’attribue l’éveil en mon âme de la
tempête d’impatience avec laquelle j’écoutai les politesses de mon infortunée
victime ; car je le déclare devant Dieu, aucun homme moralement sain n’eût
pu se rendre coupable de ce crime sous un prétexte aussi pitoyable ; et je
frappai avec aussi peu de raison que n’en a un enfant en colère de briser son
jouet. »




Plus débridée, plus furieuse, il y a clairement une gradation. Des
plaisirs de la jeunesse on passe au meurtre ou d’ailleurs Stevenson ne
donne pas de raison si ce n’est que Jekyll est une bête furieuse (la
preuve auparavant il avait le sang ardent et goûté aux plaisirs défendu). Je
veux bien que la morale ne dise pas que si l’on se comporte mal (plaisir,
liberté, jeunesse, ardence…), on finit par être violent, et se
« corrompre »( juste après il est question de succomber et d’enfer).
Mais c’est quand même difficilement manquable je trouve.
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Loudon dodd
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Message par Loudon dodd »

Le fait que Jekyll ait besoin de se créer un "démon" pour se livrer -par procuration- au plaisir, qu'il ne vivrait autrement que sous l'angle de la culpabilité, ou tenterait de refouler, cela évoque peut-être davantage la tartufferie que la rigide morale protestante.


L'idée que le refoulement du plaisir produit des monstres, je ne trouve pas ça trop victorien non plus.
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Veterini
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Message par Veterini »

Je ne suis pas un expert du protestantisme. Ce qui me gène, c'est que toute la notion du plaisir conduit au meurtre. Et Stevenson est peut-être en avance sur la psychanalise mais il parle pas encore de refoulement. Selon le livre ce n'est pas le "refoulement" qui le mène à la perdition, mais le fait qu'il commence à prendre du plaisir.


Tout le livre, je trouve, tend quand même plus à démontrer qu'il faut se refouler plutôt que laisser libre court à ses pulsions.




(ps : Pitié, prends autant de temps que tu veux pour poster, mais évite d'éditer par la suite, c'est énervant si celui d'après commence à écrire un message et qu'il se rend compte que le message pour lequel il répondait à disparut.)
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Loudon dodd
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Message par Loudon dodd »

Ce n'est pas par plaisir que Hyde piétine la fillette, ni qu'il tue Carew.


Je ne vois pas où le livre indiquerait qu'il faut refouler ses penchants vers le plaisir : c'est justement ce qui amène Jekyll à créer Hyde, avec les conséquences que l'on sait. Si jekyll avait simplement suivi ses penchants, au lieu de poser au philanthrope, Hyde, qui personnifie en quelque sorte l'égoïsme (ce qui apparait dans son indifférence vis-à-vis de la fillette qu'il a renversée), n'aurait jamais existé.


L'autre personnage qui s'est spécialisé dans le refoulement du plaisir, Utterson, peut difficilement apparaitre comme un héros positif, ne serait-ce que par les désastreuses conséquences de son action en vue d'aider son ami (il provoque finalement sa mort.)
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Loudon dodd
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Message par Loudon dodd »

P.S. Désolé pour les éditions successives de mon précédent message.
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Veterini
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Message par Veterini »

Loudon dodd a écrit :


Ce n'est pas par plaisir que Hyde piétine la fillette, ni qu'il tue Carew.




Ben deux ligne plus bas j’ai :


« À l’instant même, l’esprit de l’enfer s’éveilla en moi et fit rage.
Chaque coup asséné m’était un délice, et je malmenai le corps inerte avec des
transports d’allégresse. »


Quand au
problème du refoulement, on peut sans doute l’interpréter comme on veut en effet. Pour moi, le livre
montre que la réalisation des désirs entraînent les problèmes, alors que leur
refoulement est certes pénible (je pense que Stevenson fait une relation au
péché originelle, c’est le lot de tous les personnages) mais est la norme, et
est somme toute acceptable.


Mais je peux comprendre qu’on puisse y voir que, c’est
du fait que le Dr Jekyll se montre trop
tartufféen qui entraîne l’existence de Hyde. Mais ça me semble être un point
assez mineur. La « problématique » n’est à mon avis pas les causes de
l’existence de Hyde qui est traité très vite, et après tout les potions qui font passer du coté obscur
n’existe pas, mais les raisons pour lesquels Hyde se comportent tel qu’il le fait.



Et là, ce qui me choque, c’est l’amalgame de
plaisir-meurtre-violence-ardence. C’est de la propagande protestante (ou puritaine oumentalité bourgeoise de l’époque, je ne saurais
en définir le contexte) , c’est non seulement bête mais aussi du plus mauvais
goût.


 


ps : pas de blême, c'est un coup à prendre.
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Loudon dodd
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Message par Loudon dodd »

Et pourquoi Hyde se comporte-t-il tel qu'il le fait ? N'est-ce pas parce qu'il est un concentré de ce que Jekyll refuse en lui ? S'il avait voulu montrer que céder au plaisir c'était mal, quel besoin Stevenson aurait-il eu de créer un personnage qui soit uniquement dévolu au mal ? (alors que Jekyll dit bien que lui-même est un composé : Jekyll n'a pas le comportement sadique de Hyde)


Mineures les raisons pour lesquelles Jekyll décide de créer Hyde ? Je ne suis vraiment pas sûr : cela me semble au contraire être l'un des centres du livre.


Mea culpa : j'avais oublié ce passage sur le meurtre de Carew. Je me souvenais que c'était la colère qui l'avait poussé à le frapper à mort. C'est vrai que l'on peut supposer que l'auteur ne trouve pas très bon que l'on puisse éprouver du plaisir à occire son prochain, et aurait sans doute conseillé de s'en abstenir. Mais ce n'est pas spécialement puritain.


Et puis franchement comme bourgeois puritain, Stevenson, il ne se pose pas vraiment là.


 
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Message par Veterini »

Quelque part avoir une perception du livre fondamentalement différent que je
ne m’explique pas. L’amalgame plaisir-mal est présent partout dans le livre, je
t’ai cité des extraits, essayer d’expliquer ma conception narrative du livre
mais bon, c’est pas grave, je vais essayer de répondre aux questions pour éclaicir, mais j’y
crois pas trop…


Et pourquoi Hyde se comporte-t-il tel qu'il le fait ?


Parce qu’il est la part, considéré par Jekyll comme sombre, par laquel la
potion permet de s’exprimer.


N'est-ce pas parce qu'il est un concentré de ce que Jekyll refuse en lui
?


Exact.


S'il avait voulu montrer que céder au plaisir c'était mal, quel besoin
Stevenson aurait-il eu de créer un personnage qui soit uniquement dévolu au mal
?


Je ne suis pas sûr que Stevenson est eu une intention en écrivant son livre.
Mais à travers toutes les citations que j’aipu retranscrire, et à travers tout le livre on se rend compte que le mal
et le plaisir sont associé. Le fait est que Jekyll en se consacrant au mal,
éprouve du plaisir ou qu’en éprouvant du plaisir, il fasse ce qui est considéré
comme mal en est exemplaire. Par ailleurs Mr Hyde n’est pas « le mal » mais les
tendances refoulées de Jekyll. Donc Jekyll refoule ses plaisirs/désirs comme
parti sombre, car il les considére comme mauvaise.


(alors que Jekyll dit bien que lui-même est un composé : Jekyll n'a pas
le comportement sadique de Hyde)


Euh, oui mais dans le composé de Jekyll il n’y a ni mal, ni plaisir il me semble. (en fait je vois pas trop ce que tu veux dire par là)


Mineures les raisons pour lesquelles Jekyll décide de créer Hyde ? Je ne
suis vraiment pas sûr : cela me semble au contraire être l'un des centres du
livre.


Bah, ça prend deux ou trois paragraphes quoi. Le reste du livre est
consacrée aux actions de Hyde. Mais la quantité n’est pas forcément
révélatrice, et chacun accorde de l’importance au passage qu’il souhaite, c'est subjectif.


Mea culpa : j'avais oublié ce passage sur le meurtre de Carew. Je me
souvenais que c'était la colère qui l'avait poussé à le frapper à mort. C'est
vrai que l'on peut supposer que l'auteur ne trouve pas très bon que l'on puisse
éprouver du plaisir à occire son prochain, et aurait sans doute conseillé de
s'en abstenir. Mais ce n'est pas spécialement puritain.


Oui, c’est pas non plus le point que je voulais démontrer, l’amalgame
plaisir-mal est dans le cas du sadisme plutôt justifier. C’est dans le cadre « je
dis un adieu définitif à la liberté, à la relative jeunesse, à la démarche
légère, au sang ardent et aux plaisirs défendus » associé au mal que ça me choque.


Et puis franchement comme bourgeois puritain, Stevenson, il ne se pose
pas vraiment là.

Je connais pas du tout Stevenson. Mais après avoir jeté un coup
d’œil à sa biographie sur wiki, j’ai rien vu qui réfutait la thèse de
l’amalgame plaisir-mal. Au contraire un grand-père révérend, et une santé
fragile qui a du l’habituer à souffrir (« la démarche légère »
me semble lié a sa maladie, car elle n’a pas beaucoup de sens dans le contexte
du livre.) M'enfin, une biographie n’a pas forcément grand chose à voir avec
les écrits.:x
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Loudon dodd
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Message par Loudon dodd »

Il me semble que dans tes citations du texte, tu as oublié ce passage :


"Et de fait, le pire de mes défauts était cette vive propension à la
joie qui fait le bonheur de beaucoup, mais que je trouvais difficile de
concilier avec mon désir impérieux de porter la tête haute, et de
revêtir en public une mine plus grave que le commun des mortels. Il
résulta de là, que je ne me livrai au plaisir qu’en secret, et lorsque
j’atteignis l’âge de la réflexion, et commençai à regarder autour de
moi et à me rendre compte de mes progrès et de ma situation dans le
monde, je me trouvais déjà réduit à une profonde dualité d’existence.
Plus d’un homme aurait tourné en plaisanterie les licences dont je me
rendais coupable ; mais des hauteurs idéales que je m’étais assignées,
je les considérais et les dissimulais avec un sentiment de honte
Presque maladif. Ce fut donc le caractère tyrannique de mes
aspirations, bien plutôt que des vices particulièrement dépravés, qui
me fit ce que je devins, et, par une coupure plus tranchée que chez la
majorité des hommes, sépara en moi ces domaines du bien et du mal où se
répartit et dont se compose la double nature de l’homme."


Je ne vois pas trop comment l'on pourrait évoquer plus clairement le caractère tyrannique de la morale puritaine, et les ravages qu'elle cause, tout le roman est là pour le montrer.


Qui plus est, Jekyll ne montre pas dans sa confession Hyde comme un hédoniste épris de plaisirs : il incarne le mal, ce qui n'est pas du tout la même chose. Jekyll l'emploie pour satisfaire ses plaisirs sans se faire connaitre. Mais, Hyde étant ce qu'il est, les plaisirs en question prennent une tournure rapidement perverse.


Et puis si le plaisir est associé au mal, assez logiquement l'abstinence devrait être associée au bien : mais les abstinents, Utterson en tête, peuvent-ils de façon un tant soi peu plausible personnifier le bien ?


Quant à la biographie, je pensais lutôt à sa liaison de jeunesse avec une prostituée, à son amour pour une femme mariée, à son mariage avec la même femme une fois qu'elle eût divorcée, à la compréhension dont il fait montre pour les habitants des îles Pacifique, y compris pour une pratique qui scandalisait aussi fort ses contemporains que l'anthropophagie ; enfin, à sa lutte contre l'oppression coloniale que ceux chez qui il avait choisi de vivre avaient à subir. Cela ressemble assez peu au portrait d'un bourgeois puritain.


Je m'explique assez facilement comment l'on peut avoir des perceptions très différentes d'un même livre, du moins dans certains cas : celles-ci ne sont pas toujours si subjectives que ça. Parfois on se trompe. En fait, c'était un peu pour ça que j'avais commencé par placer ma critique de tes propos sous l'autorité de Jorge Luis Borges, qui, s'il n'est pas infaillible, était tout de même un lecteur assez compétent.


Sincèrement, je pense que ta vision du roman est biaisée par des à-priori. Après, tu penses ce que tu veux...


En réalité, je crois que nous évoquons surtout un faux problème : l'intérêt du roman n'est pas là. Il tient plutôt - mais là ce n'est que mon opinion - dans la nature des rapports qu'entretient Hyde avec Jekyll.
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Message par SF »

Si je puis me permettre d'ajouter encore une pierre à l'édifice, le contre sens nait facilement si l'on considère que Jekyll exprime les idées de l'auteur.


En effet, comme c'est le principal personnage, et qu'il est puritain, on peut penser que l'auteur veut faire passer ce message.


Mais si l'on se détache de l'histoire pour poser les choses plus a plat, on se rend compte que l'auteur raconte en fait l'histoire d'un homme qui se détruit en poursuivant sans mesure sa quette d'un idéal (Jekyll veut par tous les moyens faire disparaitre le mal qu'il croit voir en lui). C'est cette obsession de détruire le mal qui conduit le personnage à sa perte et lui fait refuser plaisir et jeunesse. La force du roman réside en ce que l'on puisse se dire en le refermant : "il est vraiment con le docteur d'associer jeunesse et plaisir au mal".


L'obsession de Jekyll, cette volonté qu'il a de se détruire lui même (par un renoncement sans retenue) rouve son pendant chez Hyde qui lui projette cette violence sur les autres (comme s'il s'agissait d'une réaction à l'attitude du docteur, un peu comme le corp réagirait à l'attaque d'un virus). La tentative de Jekyll de créer un homme "parfait" apparait donc comme, dès l'origine, vouée à l'échec, car elle ne respecte pas la réalité des choses et ne peut avoir pour conséquence que la création d'un mal plus grand.


C'est là que Stevenson réussit son tour de force, parcequ'en jouant apparemment sans nuance le role du puritain à travers jekyll, il détruit si subtilement l'argumentation puritaine qu'à la fin tu finis par penser que cette doctrine est primaire et débile.


A lire les commentaires que sucite le roman dans ce forum, je trouve que l'auteur a particulièrment réussi.
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Veterini
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Message par Veterini »

« Et de fait, le pire de mes défauts était cette
vive propension à la joie »



Déjà a la base, le problème c’est la joie. Cette joie entraîne
la honte. Cette honte crée le secret. Le secret crée hyde.


Bien sûr je suppose que tu voies ça comme : il cache sa
joie. Cacher crée le honte. la hontecrée Hyde.


Ou quelque chose comme ça. A priori l’interprétation est liée à ce qu’on définie comme
l’origine de Mr Hyde.Enfin, je suis d’accord l’origine
de Hyde peut être considéré comme une critique de la tartuferie, et même très
certainement.


J'ai vérifié le sens de la phrase :" Plus d’un homme aurait tourné en plaisanterie les
licences dont je me rendais coupable " en anglais, et il est plus révélateur :


“Many a man would
have even blazoned such irregularities as I was guilty of;”


Mais je maintient cependant le coté protestantisme, si cacher sa joie est
critiquable, la joie en elle-même est toujours représenté négativement. La
critique faite de Jekyll est ce qu’on pourrait communément appeler « être
trop bien pour nous. » Si l’on considère en sus les expériences contre
nature qu’il mène, on a un mélange d’arrogance, de tartuferie et de blasphème.


Et reste tout le comportement de
Hyde, je vais pas revenir sur les fréquents amalgames. Pour la théorie selon
laquelle les plaisirsse transformeraient
en perversion car Hyde est le mal… Oui, pourquoi pas, personnellement je trouve
qu’il y a un certain manque d’éléments pour alimenter cette thèse. C’est à dire
qu’il n’est pas question de cette transformation du plaisir dans le texte, cependant elle pourrait
découler logiquement des éléments. Mais la description des plaisirs comme étant, ex
nihilo, malsain est plus nettement marqué, je ne vois pas vraiment de raison d'adopter une autre théorie.



Pour Utterson, et bien je vais confirmer ta prescience de ma vision du
roman basé sur des a priori. J’ai en effet tendance à penser que les romans
victoriens –particulièrement les romans fantastiques- sont souvent raconté
selon un point de vue d’un narrateur raisonnable, pisse-froid et pourvu de
grandes valeurs morales (Dorian Gray en exception confirmant la règle). Utterson
tapant en plein de mille du stéréotype, je n’y ai pas vu (et je n’y vois
toujours pas) sujet à caricature/second degré.


Pour ce qui est de l'intérêt du roman, je suis bien d'accord.
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Stiker

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Message par Stiker »

pouver vous me dcrire tous les personnes du livre svp
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nazonfly
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Message par nazonfly »

Ben yen a un il est grand, un peu chauve, il est vieux, il aime bien la tête de veau et la bière.


Yen a un autre il est plus petit, chauve aussi avec un air un peu bêta, mais il est le chef d'un des deux clans. Il sort aussi avec un troisième personnage, une femme plutôt jolie et qui a le courage de ses idées.


De l'autre côté, il y a un petit, un peu surexcité, lui il n'est pas chauve, alors il paraît jeune. Mais on dirait parfois qu'il brasse un peu de l'air.


Et puis il y a quelques ancêtres : le grand, le fort, celui qui avait un tel charisme, c'était pas de la chienlit lui; et puis le plus petit rabougri, l'oncle de tout le monde, lui aussi avait un charisme terrible et il était en concurrence pour le coeur; et puis il y a le dernier, celui qui joue de l'accordéon et qui aime le football.
Rêve américain. Cauchemar indien. Pogo avec les loups.
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probleme

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je voudrais savoir les description de jekyll et hyde
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Subymona
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Docteur Jekyll...

Message par Subymona »

En lisant le début du "chapitre" 3, tu auras la description de Jekyll (que je n'ai qu'en anglais: "a large, well-made, smooth-faced man of fifty, with something of a slyish cast perhaps, but every mark of capacity and kindness", m'enfin c'est facile à retrouver dans ce chapitre puisqu'il est très court).


Pour Hyde, c'est justement le problème: quand Enfield cherche à le décrire à Utterson dans le chapitre 1, il le définit par la difficulté de le décrire (He is not easy to describe), par le fait que quelque chose cloche dans son apparence (there is something wrong with his appearence; something displeasing...). Globalement, il est défini par sa difformité (he gives a strong feeling of diformity) et, par la suite, par son animalité.


Mais vraiment, le texte est court, autant le lire directement. :)

Edit: bon désolée, j'ai supprimé les guillemets des citations parce que ça me les remplaçait par un quote&:wink: à la publication (moi qui étais persuadée que le wink se faisait par un point virgule et une parenthèse...). :ooops:
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