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Protos
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Message par Protos »

La mouette ancestrale


Bon sang, mais avec quel équipage j'ai fait voile ! Se dit Jim, cramponné au mat d'artimont, à l'arrière du navire, pas très loin du gouvernail. Les sombres nuages ne laissaient passer aucune lumière, aussi on ne voyait pas jusqu'à l'autre bout du Protosus - un fier trois mâts bien bâti - hormis lors de fréquents éclairs qui se réfléchissaient sur l'eau du pont, tandis que les parkas jaunes fluorescents se détachaient de la pénombres tel des lucioles ballottées par la tempête. L'arrière se hissa de nouveau sous l'effet du tangage, le navire s'inclinant dangereusement, de lourdes cordes et poulies se balançant vers l'avant, et les matelots oscillants d'un même mouvement, comme des pantins empêtrés dans les haubans, étais et grelins, ces grosses cordes nouées en échelles pour soutenir les grands mâts. Les vagues déferlèrent sur le pont inférieur, puis le bateau redescendit de plus belle, sous le bruit de l'orage et des rafales de vents. La pluie giflait son visage, alors qu'il resserrait son étreinte sur le poteau humide.

Pas loin de lui, il entendit ruminer René, un ancien matelot trapus, entre deux âges, petite barbiche et solitaire.
« Miror vero interim quam prona sit mea mens in errores1...
_René ! Allez donc aider à ramener le grand péroquet2 avant qu'il n'emporte le grand mât !
_Ita me his diebus assuefecu in merite a sensibus abducenda, tamque accurate anuladverti perpauca esse quae de rebus corporeis vere percipiantur3...
_René !!
_Cogito ergo sum4, bredouilla-t-il en lâchant une poulie de poupe et avançant prudemment vers le centre en s'aidant du bord, glissant sur l'eau descendante. »

Le navire remonta encore, tel un mini yoyo au milieu de l'océan infini, bouchon de liège flottant sous un cyclone gigantesque, au-delà duquel s'ouvre les cieux.

« 'tin, y sont vachement résistants tout d'même, dit Hermès, jeune brun pré-pubère rachitique, cheveux en brosse et T-short noir Jean-Paul Gaultier, jean Levis troué, et sandalettes blanches, mâchant un chewing-gum. Les jeunes élèves de classes préparatoires étaient tous réunis sous un dôme lumineux, en petits groupes de deux-trois, autour de petits piédestals cylindriques disposés de façon circulaire. Héra, l'institutrice du cours d'interactions appliquées, se tenait assise sur son bureau de marbre, en robe noir plissée de chez Gucci, les jambes croisées. Le brouhaha des élèves emplissait la salle.
_C'était pas la peine de leurs souffler comme ça non-plus ! Protesta d'une voix fluette Aphrodite, adolescente brune aux cheveux lisses coupés nettes à la hauteur de la nuque, portant une légère robe Cacharel blanche en coton qui faisait ressortir le début de sa poitrine, avec à la taille une simple ceinture de corde.
_Mais ce ne sont qu'des humains ! T'vas t-y pas m'faire la morale pour des ch'tits nains tout d'même. Avoue que t'en pince pour eux, répliqua Hermès en lui donnant un petit coup de coude.
_C'est pas parce qu'ils sont petits qu'il faut mal les traiter. Ce sont des êtres vivants ! Répondit-elle en ayant l'air courroucé.
_Ho l'autre, comme elle les aime ! Houu..., fit-il en fixant la boule de verre qui se trouvait sur son piédestal.
_Bon sang c'que t'es bête, fit-elle en levant les yeux.
_Houu...
A côté d'eux, le troisième et dernier membre de leur groupe, un jeune noir en chemisette à fleurs Newman et bermuda Ripcurl, semblait perdu dans ses pensées.
_Prométhée, tu ne dis rien ? Dit Aphrodite en se tournant vers lui.
_Je ne parle pas aux gamins, dit-il imperturbable.
_Oh l'aut', comment qu'i' s'y croit ! Vas-y fait l'malin et j' le dirais à mon père ! Fit Hermès, d'une tête plus petit que Prométhée.
_T'as qu'à lui dire, bouffon.
_'tin, attend, comment que tu m'parles ! Tu sais pas à qui tu causes !
_Si, à un bouffon.
_Gnnn. Bouffon toi-même !
_Ho, vous allez arrêter ou je change de groupe ! Dit Aphrodite, en tentant de les calmer. »


La tempête redoublait de plus belle. Jim Moson, toujours accroché au mât d'artimont essayait tant bien que mal de voir comment se débrouillait l'équipage. Ça devient trop dangereux, il vaut mieux laisser la voile et qu'ils entrent dans leurs cabines. Mais la laisser risquerait de casser le grand mât et de nous faire couler. Bon sang, je vais y aller, il faut en finir avec cette voile, pensa-t-il en luttant pour maintenir sa position. Le souffle du vent hulula dans ses oreilles, comme d'étranges voix fantomatiques.
Descendant les escaliers vers le pont principal tandis que le navire s'inclinait vers la proue, il parvint jusqu'au grand mât et se heurta à l'un des deux matelots qui tirait la corde de la voilure.
« Ouch, capitaine, vous faites violences à mon corps. Heureusement que ma raison ne peut être atteinte par la réalité matérielle des choses, dit-celui ci, en se retournant vers Jim. C'était Manu, reconnaissable à ses lunettes rondes qu'il portait serrées avec un ruban, et ses boucles blondes qui lui sortait de la capuche.
_Mais comment tu peux croire que la raison fasse partie d'un autre monde que la réalité. Ce n'est que chimie du cerveau en vérité, tout un flux chimique ! Cria Gilles, le second matelot, un homme rongé par le tabac, entre deux âges, avec quelques rares cheveux lisses plaqués sur un front ridé.
_Ach, la raison est pure voilà pourquoi, elle ne peut être lié à la réalité ni à l'alchimie du corps. Elle seule conduit à la vérité.
_P'tain de merde, j'ai jamais rien entendu d'aussi absurde. C'est une histoire de flux je te dis ! La raison n'est rien d'autre que la machine de désir capitaliste filtrant les flux des sens, de tous les sens.
_Nein, du bist ein esel, la raison est la seule lumière qui permet de guider les hommes, car elle ne se rapporte jamais directement à un objet, mais simplement à l'entendement, et, par l'intermédiaire de l'entendement, à son propre usage empirique.5
_N'importe quoi ! La machine prise dans son unité structurale, le vivant pris dans son unité spécifique et même personnelle, sont des phénomènes de masse ou des ensembles molaires ; c'est à ce titre qu'ils renvoient du dehors l'un à l'autre.6
_Nein, das ist falsch !
_Couillon !
_Was ?! »
Jim parvint a traverser le pont vers l'autre bord, où errait la corde opposée de la voilure. Pestant qu'il n'y ai personne pour tirer dessus, il se pencha pour la saisir, au moment où le navire se pencha vers la poupe, rabattant toute la flotte du pont vers l'arrière, dans un tintamarre d'objets éparses, des seaux, des clés à molettes, des gobelets. Jim perdit l'équilibre et tomba face avant sur le pont. Par réflexe il réussit à se saisir de la corde, de la flotte lui tomba dessus, puis il fut entraîné vers l'arrière. La corde qu'il tenait se tendit, et par un brusque vent de tribord, l'effet de levier aidant, il fut soulevé et fit un vol plané par dessus bord, maintenant toujours fermement la corde. Bordel, se dit-il, meeerde !!, cria-t-il pendant la monté d'adrénaline. Il heurta violemment la coque en retour, mais réussit à rester conscient, ne lâchant pas prise. Les flots se déchaînait, monstre mouvant d'une force implacable, à quelques pieds sous-lui. S'il ne remontait pas rapidement, les flots n'allaient pas tarder à l'engloutir à la prochaine vague. Déjà, il commença dangereusement à se balancer sous la force du vent, et la pluie rendait la corde de plus en plus glissante.

« Monstre ! Je t'ai vu, t'as fait exprès de lui souffler dessus ! lui cria la jeune déesse.
_'tin, tu vas pas m'embêter pour un p'tit humain. Faut bien qu'on s'amuse, répliqua Hermès. C'est pas grave de toute façon, y en a plein d'autres.
_Ouai mais pas des comme lui. Il est courageux.
_Courageux ? Depuis quand ces vermisseaux sont courageux ?
_Depuis toujours bouffon, dit Prométhée.
_'tin t'arrête ! J'vais le dire à mon père !
_Mais vas-y qu'est-ce que t'attend ! I' m' fait pas peur !
_Ah ouaiii ?!
_Ouaiii...
Hermès se transforma en une petite lueur bleutée qui fit une petite vrille dans les airs et disparue.
_t'y vas un peu fort Prométhée. Tu sais comme mon père aime bien Hermès, ça va t'attirer des ennuis, dit avec anxiété Aphrodite.
_t'inquiète Aphro, je sais déjà ce qui va se passer. Ton père va faire un caca nerveux, va m'enchaîner à un rocher, puis quand il sera calmé, il me libérera. C'est pas bien méchant, il est juste un peu trop colérique.
_Oui, mais fait attention tout de même. T'as pas oublié ce qu'il a fait à Médusa ?
_Non, je ne l'ai pas oublié. Mais soit tranquille, ça ne m'arrivera pas. Aidons ce pauvre homme avant qu'il ne revienne, d'accord ?
Aphrodite acquiesca en silence, peu rassurée. »

Une soudaine bourrasque balança Jim au dessus du niveau du pont, la corde s'étant empêtrée dans un manchon qui servit de levier. Une autre bourrasque l'éloigna du pont et il percuta de nouveau la coque. Bordel, parvint-il a marmonner. La silhouette d'une énorme vague se profilait dans son champ de vision, lui promettant la fin du voyage.

« Aphro, tu t'es trompée ! Met toi de l'autre côté !
_Oups, désolé... dit-elle. »

Une nouvelle bourrasque le projeta au dessus du pont, et cette-fois un vent contraire le rabatta sur celui-ci, près du grand mât, et il perdit connaissance. La vague percuta le navire et son écume aspergea ses occupants. Soudain, la tempête commença à se calmer, la pluie cessa, le vent faibli, et les vagues perdirent en intensité. Quelques rayons de soleil percèrent les nuages, lesquels se dispersèrent et laissèrent place à une paisible aurore. Quelques mouettes piaillèrent à l'horizon, signe d'une terre prochaine.

« Capitaine ! Capitaine ! Ça s'est calmé ! Et y a des mouettes ! On a réussit ! Capitaine ! Cria Victor le barbu, en descendant de son échelle de cordes, et en se précipitant vers Jim, encore prostré contre le grand mât. Capitaine ! répéta-t-il en voyant qu'il ne réagissait pas. Il le saisit par les épaules, lui releva la tête, et vit qu'il était plein de contusions et d'écorchures.
_Quelle merde, dit-Jim péniblement.
_Brancardiers !!! »




Notes :
1. Miror vero [...]. Trad. « Cependant je ne me saurais trop étonner, quand je considère combien mon esprit a de faiblesse, et de pente qui le porte insensiblement dans l'erreur. » Descartes, méditations métaphysiques, p.86 de l'édition GF-Flammarion
2.Grand péroquet : l'une des voiles principales du grand mât.
3.Ita me his diebus [...]. Trad. « Je me suis accoutumé ces jours passés à détacher mon esprit des sens, et j'ai si exactement remarqué qu'il y a fort peu de choses que l'on connaisse avec certitude touchant les choses corporelles » Descartes, méditations métaphysiques, p. 132.
4.Cogito ergo sum : je pense donc je suis. Conclusion de Descartes.
5. « La raison ne se rapporte jamais directement à un objet, [...] » Kant, Critique de la raison pure, p. 553 de l'édition Folio essais.
6. « La machine prise dans son unité structurale, [...] » Gilles Deleuze, L'anti-oedipe, p.339-340 des Editions de minuit.

Protos
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Protos
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Message par Protos »

:ooops: Il n'y a pas d'autres nouvelles en préparration sur ce thème ?
Je passe au prochain thème alors.
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KaSuGayZ
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Message par KaSuGayZ »

Vos nouvelles sont des introductions.
Et pourquoi ne pas ajouter une signature ?
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Protos
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Message par Protos »

Ce sont des mini-nouvelles. C'est un bon exercice d'écriture, c'est trés stimulant. Tu voudrais une suite ? :bwehe:
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Protos
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Message par Protos »

Bon, ben... j'ai vachement la cote on dirait :bwehe: ... hem... bon, alors le prochain thème c'est... juke-box
Voilà... à vos claviers. L'auteur de la meilleur nouvelle remportera... un cadeau. :ooops:

Un cadeau vachement utile, et qui coûte trés trés cher.
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coubo
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Nouvelles nouvelles

Message par coubo »

Allez je me lance, je suis pas trop content du résultat, mais jugez-en par vous même...

Mona

La chaleur était tombée sur le pays et rendait chaque jour un peu plus pénible que le précédent. Philéas n'était pas une de ces personnes à se plaindre, bien au contraire, il prenait un malin plaisir à s'agiter devant ses clients, avec un entrain assez débordant pour leur donner encore plus chaud rien qu'à le regarder. Malgré son âge très avancé, il était aussi alerte qu'un jeune homme et seul les rides de vieillesse donnaient un aperçu du nombre d'années qu'il a vu passer.

Le bar qu'il tenait avait survécu à toutes les intempéries et toutes les catastrophes qu'il a pu y avoir en Floride. Ce bar, il l'a ouvert peu après son mariage avec Mona, en 1965. Ils voulaient de l'aventure, se lancer là où ils n'étaient pas sûrs de réussir. L'époque était à l'allégresse, on sentait dans l'air l'entousiasme du peuple et chacun avait l'esprit d'entreprise. Ce bar, c'était leur propre cadeau, c'était leur enfant. Peu après l'ouverture, beaucoup de monde s'est intéressé à ce petit coin tranquille, où les gens sourient, où l'on peut discuter avec son voisin sans risquer de se faire rembarrer. Ce bar, il respirait le bien-être, le juke-box chantait le blues et le rock'n'roll, chacun y venait comme on revient à la maison, on se fait la bise et on parle de sa journée aux autres. Et le café était excellent.

Mais il y a quinze ans - oh, dieu, déjà quinze ans ! - Mona est partie. La maladie. Elle est partie trop tôt. C'est toujours trop tôt. Pourquoi elle ? C'était sa vie, sa raison d'être. Mais il a promis. De continuer. Sans elle. Malgré tout.

Depuis, le café n'est plus si bon et les clients ont déserté. C'est comme un lien qui unit les gens : dès qu'il disparaît, on vient quelques temps par politesse, puis on passe à autre chose. Le bar n'a subsisté que grâce aux irréductibles qui viennent encore discuter de courses hippiques. Mais depuis peu, le lieu a retrouvé une jeunesse grâce aux étudiants de l'université voisine, qui apprécient le style 60's/70's.

Ce jour-là, le bar était fermé. Philéas s'était décidé à faire le ménage de fond en comble. Tandis qu'il passait le balai sous le comptoir en sifflotant, le juke-box passait inlassablement les titres des années 60. Il regardait la machine en se reposant sur le manche et il repensait aux temps anciens, où les gens dansaient au milieu de la pièce, dans l'atmosphère enfumée des cigares et l'effluve du café chaud. « La nuit ne va pas tarder à tomber » se dit-il, en regardant par la fenêtre la rue déserte, telle qu'elle l'a toujours été le dimanche après-midi. Après un long soupir, il se décide : « Je balaye sous le juke-box et c'est fini ». Il sentait la fatigue arriver, ce qui était assez inhabituel en fait, mais en même temps, il a nettoyé le bar depuis le petit matin. Il s'assit d'abord pour reprendre des forces, ce qui lui permit de s'assoupir lentement.

Il se réveilla aussi lentement et se remit à l'ouvrage. Cela fait un sacré moment que la machine n'a pas bougé, et d'ailleurs cela fait autant de temps que la poussière avait installé son royaume en dessous. Ce vestige n'était pas des plus frais, et nombre de disques n'étaient plus sélectionnables. Mais ça n'était pas grave, il s'en accomodait, de plus, peu de monde venait choisir une chanson, il était là, et passait une retraite plutôt paisible.

La balai luttait de toutes ses forces contre l'amas récalcitrant de poussières, et Philéas aussi. Il fallut du temps pour sortir toute la saleté. Parmi, les papiers de sucre et les vieilles cuillères perdues, un objet attirait l'attention du vieil homme. Une bague, qui au départ ne lui inspirait rien, lui fit un choc énorme. Mona... enfin sa bague ! Elle était là depuis qu'elle l'avait perdu un soir, pendant qu'elle balayait sous...sous...sous le juke-box. « Le destin est parfois taquin » se fit remarquer Philéas. En regardant la bague, il retombait encore une fois dans ses pensées.

« Philéas... » D'abord sans réaction, une deuxième chose l'a fait bondir plus encore que la découverte de la bague. Mona...enfin...Mona !!! Il sentait le sang quitter ses joues, ses jambes, en fait, il lui semblait que les globules de son sang étaient aussi stupéfaits que lui et s'étaient arrêtés pour voir la scène. Sa réaction de recul en rajouta encore au surréalisme de la scène. 'Can't help falling in love' du King. C'était leur première chanson. Celle sur laquelle ils s'étaient rencontrés. Et sur laquelle ils avaient ouvert le bar. Cette chanson, c'était le résumé de sa vie !

Mona portait une robe...enfin pas n'importe quelle robe : celle de leur rencontre. La splendide robe rouge qu'elle portait lors du bal de fin d'année, lorsqu'il lui proposa de danser fort maladroitement sur 'Can't help falling in love'.

« Voulez-vous m'aim....danser, mademoiselle ? »

Décidément, cet instant est bien trop irréel pour lui. Cette bague, perdue depuis plus de 20 ans, cette chanson qui ne pouvait plus passer sur le juke-box, et surtout, surtout Mona, qui se tenait devant lui, avec la robe de bal, exactement comme dans ses souvenirs...ses souvenirs. Mona n'était pas comme elle était quand elle s'en est allée, ni comme elle aurait du être aujourd'hui. Elle était comme lors du bal, ses longs cheveux roux ondulaient sur ses épaules blanches et douces. Non, non, vraiment trop étrange...

« Cela fait longtemps, Philéas. » Sa voix, mon dieu, une mélodie, un chant... Cela lui manquait terriblement. Tous ces souvenirs n'étaient plus que des images usées, telles des photographies jaunies par le temps. Même les souvenirs ne résistent que très peu aux années qui passent. Chaque jour, il voulait croire qu'elle vivait encore, et qu'il suffisait de le vouloir pour qu'elle réapparaisse. Mais ce n'était pas si simple et chaque année lui semblait plus pénible que la précédente.

Il se décide à dire un mot : « Tu...tu...que...là ? » Les idées s'emballaient dans son esprit et tout était lent autour de lui. Le rire de jeune femme en disait long sur l'air perdu de Philéas. Après une inspiration profonde, il dit :
« Que fais-tu ici ? Tu étais... »
« Je suis là pour te voir, dit-elle en le coupant. Et pour que tu vienne avec moi. »
« Mais pourquoi ? »
« Tu as tenu ta promesse, Philéas. Tu es resté ici et tu as vécu. Maintenant, tu peux venir avec moi. »
Les mots s'entrechoquaient dans sa bouche, ses pensées allaient plus vite que les mots.

Le juke-box chantait toujours leur chanson, celle qui a marqué leur histoire, et qui la marquera pour toujours.

Tout paraît si sombre tout à coup.

Alors...ça y est. C'est le moment de la rejoindre.

Il lui prit la main. Mais avant... Avant...

« Voulez-vous danser, mademoiselle ? »
Il faut dépoussiérer la politique française et pour cela, il faut donner un bon coup de pied dans les partis.
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Protos
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Message par Protos »

Superbe. Va falloir se surpasser encore... 'tin...
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