Primo Levi - Si C'est Un Homme [Livre]

[systry]

Primo Levi nait en Italie dans une famille juive en 1919, un peu avant le fascisme italien. Son enfance et ses études se passent sans problème, mais lors de l'obtention de son doctorat de chimie, l'inscription "race juive" figure sur le papier. Il s'engage alors dans la résistance italienne et est arrêté le 13 décembre 1943 par la milice fasciste lors d'une "rafle", avec lui 650 autres juifs italiens seront emmenés, dont 23 survivront.
Ce livre de Primo Levi raconte son horreur. Du début jusqu'à la fin tardive.
Sans fioritures Levi parle alors pour commencer de l'atroce voyage menant les déportés au camp, explique ensuite le tri qui est fait à la sortie du train, c'est à dire l'élimination à la chambre à gaz directement des femmes, des enfants et des vieillards, et la sélection des hommes "bons pour le travail" qui se dirigeront vers le camp. Là il nous dit qu'on entame une phase de déshumanisation totale, les prisonniers sont dénudés, rasés, tondus, et tatoués d'un numéro qui constituera leur seule identité.
Les chapitres suivants sont organisés thématiquement (Nos Nuits, Le Travail, Une Belle Journée...), le lecteur n'a pas vraiment d'idée de progression chronologique car Primo lui même devient comme les autres, un Hälfling (statut moyen de déporté juif), et perd les notions du temps. Le livre est en fait, de par l'expérience de Levi, une large fenêtre sur son Lager, un endroit de toutes les peines où règne un climat de compétition que provoque un système en totale autarcie, et surtout... affreusement individualiste. Levi parvient à survivre jusqu'à la libération de son camp par l'Armée Rouge, qui sera pendant les derniers moments plongé dans la plus totale anarchie, car abandonné par les SS, et il achève l'ouvrage sur le récit de ces 10 derniers jours.
Finalement, ce livre apparait comme un témoignage historique extrêmement intéressant et terrifiant. En effet, le début semble laisser présager une autobiographie de l'auteur, mais au fil de l'histoire Primo est à son tour gagné par cet état quasi-animal qui affecte tous les déportés, et on voit bien que rien ne le différencie alors vraiment de son voisin de lit. Dans ces moments le lecteur peine à ressentir l'âme de l'auteur et lit surtout la description des souffrances et traumatismes de Levi, sans qu'il n'y fasse vraiment de commentaire. Même s'il subit comme les autres ce phénomène de déshumanisation, Primo Levi retrouve parfois sa "lucidité", et dans des passages frappants, parvient à s'exprimer plus clairement sur ce qui le touche.
Pour conclure Levi a eu à coeur de rédiger ce livre dès décembre 1945, soit quasiment dès sa libération, ce qui montre que s'il y avait bien un autre intérêt que de témoigner dans Si C'est Un Homme, c'était bien celui de s'en faire un exutoire et d'exorciser ses hantises. L'auteur a eu ce qu'on appelle le "complexe du survivant", c'est à dire qu'il ressentait le besoin de supporter un deuil infini de ceux qu'il a vus mourir dans des conditions plus que sordides et de se demander: "Pourquoi moi, pourquoi ai je survécu?". Autre aspect déroutant du livre, Primo Levi ne cherche pas du tout à stigmatiser le peuple allemand ou les nazis, mais juste, à travers une extrême sobriété, à inciter les générations suivantes au devoir de mémoire vis-à-vis des atrocités de l'humanité. C'est donc l'absence de facilités liées à la "victimisation" (que l'auteur aurait légitimement AMPLEMENT pu utiliser) qui est la cause de l'absence de passages réellement pathétiques dans le livre, même si beaucoup de lecteurs pleureront certainement tant certains passages sont durs.
Un commentaire sera fait sur le suicide de Primo Levi à Turin en 1987: "Auschwitz l'a repris."

Un livre indispensable, je ne le noterai pas.
(j'avoue que ceci est un condensé un peu réécrit d'une fiche de lecture en français^^)

[nirnaetharnoediad]

J'me disais que ça sentait le scolaire dans la forme ^^
N'empêche, je me permets un petit ajout: On parle tout le temps de Si c'est un homme mais Primo Levi a écrit d'autres trucs, que ce soit sur les camps ou sur tout autre sujet; je citerai notamment La trève, qui est le récit du long "voyage" de retour après la libération des camps.