
Après un excellent début en 1987 sur leur EP Come On Pilgrim, les Pixies, en confiance, renforcent leur jeu et livrent ce qui est probablement leur album le plus apprécié. Les morceaux parus sur Come On Pilgrim révélaient une certaine habileté des farfadets à créer des morceaux terriblement efficaces, tant au niveau rythmique que mélodique.
Un an plus tard, en 1988 donc, voilà que parait l'album dont Kurt Cobain dira s'être principalement inspiré pour faire sonner un certain Nevermind.
C'est sans exagérer que je peux affirmer qu'il y a une réelle évolution du groupe de Come On Pilgrim à Surfer Rosa, un peu comme à chacun de leurs albums de toute façon. L'écriture des chansons revient ici par contre toujours au leader du groupe, Black Francis, contredit une seule fois par Kim Deal avec Gigantic, qui est de toute évidence sa chanson, celle qui la fait énormément sourire sur le DVD, qui la fait rire la clope au bec au Parc des Princes...
Bref, disais je, Charles Thompson, aka Black Francis, toujours aux commandes, offre une nouvelle fois une palette de compositions sublimes.
Et les assemble d'une telle façon qu'on ne sait plus très bien comment comprendre Surfer Rosa. L'ambiance de l'album est plutôt mélancolique et sombre, et pourtant entrecoupée de chansons comme l'enjouée Gigantic, la débridée Broken Face, la chanson d'ouverture Bone Machine(qui a servi à ouvrir bien des concerts), ou le meilleur exemple: Tony's Theme, chanson frénétique et devenue mythique (sur un concert de 2004, entre deux chansons, on entend les fans la demander en hurlant: To-ny! To-ny!).
D'un autre côté, on assiste à un déferlement de perles contrastant avec l'esprit plutôt "joyeux" des dernières chansons citées, comme Something Against You, chanson condamnée, où la voix revancharde et caverneuse de Black semble aller vers un enfer proche, I'm Amazed et ses riffs psychotiques, qui montrent qu'on peut être un grand guitariste sans jouer comme Clapton, Oh My Golly!, avec des textes en espagnol qui rendent la chanson presque festive, et la dépressive Break My Body. Mais inévitablement le trio gagnant est formé par la succession de 3 chansons véritablement excellentes, mais qui laissent à penser que les Pixies ne rigolaient pas trop en les composant.
River Euphrates, Where Is My Mind?, et Cactus. Les deux dernières ont été reprises respectivement par Placebo (groupe malin qui s'empare du succès commercial de cette chanson, et le réactualise) et David Bowie (dans Heathen, 2002).
Ces trois chansons forment donc un decrescendo rythmique très cohérent: River Euphrates, parcourue d'éclairs guitaristiques, pleine de rage dans le refrain, où les choeurs déconcertants de candeur de Kim Deal sont mixés plus forts que le chant principal hargneux de Black Francis. Where Is My Mind? est bien sûr la chanson la plus connue du groupe, celle qui s'associe en général inévitablement au nom de "Pixies" lorsqu'on vient à en parler. Normal, la mélodie est imparable et le rythme, moins puissant que pour River Euphrates, est quand même bien soutenu. Le relâchement vient à la mélodieuse et fragile Cactus, même si Lovering tape sur ses fûts, la musique semble s'évaporer, laissant l'auditeur touché, qui relâche son attention, encore tout étourdi par les quelques notes desespérées de Santiago terminant la chanson, et se prend un grand coup dans la tronche lorsque l'énorme Tony's Theme commence...
Tout émoustillé par l'écoute de ce CD mythique (toujours ce mot qui revient quand je parle des Pixies, merde!), qui, sans rire, a contribué à forger une bonne partie du son rock des années 90, l'auditeur, s'il est séduit, devrait probablement développer une sorte de dépendance aux Pixies et à leur musique au son bien crade, dépouillé de toute vanité. Pour un peu que vous soyez aussi accro à Come On Pilgrim, tâchez de trouver la fameuse réédition des deux disques à l'ordre chronologique inversé, Surfer Rosa/Come On Pilgrim...
Bon voilà, je sais pas ce que vous pensez de ma "critique", je trouve çà un peu bordélique et parfois assez moyen, sans "fausse modestie"

J'attends toute sorte de commentaires, pitié pas de bide.
