et Les sardines sont cuites , Guillaume Long.
...deux recueils pour le prix d'un ! (enfin, pas le prix, hein...la critique
)Voici un coup de coeur qui attendait dans un coin de ma tête depuis fort longtemps. Ces deux premières élucubrations d'un jeune auteur/ dessinateur de BD (et accessoirement illustrateur pour enfants) nous offre un joli feu d'artifice à tendance autobiographique, saupoudré d'humour, d'absurde, de tendresse...et d'un chouilla de glandouille.
L'histoire est écrite à la première personne et nous ouvre une fenêtre sur la vie d'un étudiant au Beaux-Arts de Saint-Etienne. On devine donc que Guillaume Long s'est grandement inspiré de son expérience personnelle pour dépeindre les affres de l'artiste "incompris et torturé" (enfin, en l'occurence, celle de l'étudiant en art incompris et torturé^^), et du même coup nous aviser avec humour et mauvaise foi des travers du monde artistique. Ces deux livres qui se suivent (mais qui peuvent se lire indépendemment, comme ce fut mon cas) retracent chacun une année du cursus étudiant du protagoniste.
Le personnage principal, petit gars frisé et maigrichon à lunettes, refuse de s'intégrer à sa classe, mais s'attache tout de même à un étudiant de la promo, le vieil ami Richard qui s'avère en fait se prénommer Rémi. Asociaux et cyniques, ils travaillent ensemble leurs deux années de diplôme en associant leur mépris pour leur promo, leur profs et en quelque sorte le reste du monde. Ils s'attèlent par exemple à donner des surnoms débiles à leurs "camarades" qu'ils refusent de connaître ("le fils d'Emmanuel Chain", "Tronche de fesse", "Cheval"...).
Ce qui m'a le plus touchée dans ces deux récits, c'est la justesse, la légèreté et la sincérité avec laquelle G. Long exorcise les doutes et les interrogations qui sillonnent la vie d'un étudiant en Arts (qui peuvent être ceux de n'importe quel étudiant): qu'est-ce que je veux "être" plus tard? Est-ce-que j'ai bien choisi ma voie? A quoi sert l'Art? Que vont-ils penser de mon travail? de moi?
Tout cela frôlant au passage quelques stéréotypes gratinés sur les artistes et leur milieu...
Il s'agit tout simplement d'une chronique aux accents diaristes sur l'insouciance et la recherche de soi, et on s'attache, au fil des mots et des petits personnages qui s'agitent, à ce narrateur à lunettes et à son meilleur ami Rémi qu'il admire discrètement; ensemble ils s'autorisent quelques virées bancales et des journées culturelles, avant de se retrouver au restaurant (c'est-à dire au Mcdo^^)
S'il ne s'agissait que de la plume poétique et acerbe de Guillaume Long, ce serait déjà bien savoureux. Mais à cela s'ajoute un graphisme au trait fin et rondouillard, encré en noir et blanc. La mise en pages est certes classique et constante (12 cases par planches) mais est compensée par des cases dynamiques et admirablement composées.
Il ne s'agit pas vraiment d'une bande dessinée dans le sens premier du terme, puisque les bulles y sont rares: on peut sans doute parler de "texte illustré" ou de "dessins commentés"; je crois même qu'une catégorie désigne très bien le genre: le roman graphique.
Les personnages sont attachants autant que les mots et les situations, et rappellent par moment les énergumènes de l'univers de Lewis Trondheim...dont Guillaume Long est un fervent admirateur.
Personnellement, après avoir été un coup de coeur visuel au détour d'un rayon de librairie, ces deux BD sont aussi pour moi une révélation littéraire...un brin sentimentale, puisque je me suis beaucoup reconnue et identifiée au "je" de cette hitoire sympathique. Et rien que pour ça, je ne mets pas de note, ce n'est pas quantifiable. Mais je vous invite instamment à aller voir l'univers de ce Guillaume Long, qui est promis, je pense, à un brillant avenir dans le monde de la BD.
Pour avoir une idée du travail de Guillaume Long, faites un tour sur son site internet.
moi je suis sous internet explorer, mais ça devrait marcher partout, non?