Banlieues (Predmestje) [Film]

[nazonfly]

Banlieues... Predmestje en slovène...

Ce film slovène n'est pour l'instant pas sorti en France et n'a fait que quelques festivals. J'ai eu la chance de voir ce film au festival du Premier Film d'Annonay....

Annonay... 14h15... La projection se fera non pas au cinéma, mais bel et bien dans la magnifique salle du théâtre.
Juste après que nous ayons franchi la porte d'entrée, un étrange énergumène nous interpelle. C'est un membre du GIGN (Groupe d'Intervention Globalement Nul, une petite troupe de la Compagnie [url=http://www.carnageproductions.com/index.html" title="Carnage Productions">Carnage Productions) qui nous escortera jusqu'à notre place. Pendant un petit quart d'heure, ils sauront distraire les spectateurs, les faire rire... Etrange prélude à un film tel que Banlieues.

Au moment où le GIGN laisse la salle dévastée de rires, les lumières se rallument et Vinko MODERNDORFER, réalisateur de Predmestje, prend la parole pour nous présenter son film dont le thème principal est la montée du fascisme.
Les lumières s'éteignent et laissent la place au film.

Banlieues est l'histoire de quatre amis. La quarantaine passée, ils vivent de façon misérable.
Marjan passe ses nuits à surveiller des entrepôts vides. Sa femme vient de se suicider. Et comble du malheur, un jeune couple étranger vient s'installer à côté de chez lui. Et ils passent leur temps à faire l'amour.
Lojz est un ivrogne notoire vivant sur les crochets de sa soeur qui a juré à leur défunte mère de s'occuper de lui.
Fredi est celui qui apparaît d'emblée comme le plus désagréable. Xénophobe et vivant de l'aide sociel, il est aussi un masturbateur chronique qui fantasme des aventures féminines.
Slavko ferme le cercle. Sa froideur est sans doute dûe à son passé militaire. Il est le seul à avoir une femme et un enfant. Il est donc aussi le seul à les battre.

Ces quatre fantômes affectifs n'ont que deux passions : boire au bowling tous les soirs et s'entraîner au tir.
L'arrivée du jeune couple va les obliger à dévoiler leur nature profonde.

Banlieues est un film dur. De nombreuses scènes sont tout simplement difficiles à supporter : Marjan qui nettoie la chambre du sang de sa femme, la "rebellion" de Lojz envers sa soeur et surtout les deux séances de tir.
Le débat qui, à Annonay, a suivi ce film, a permis de connaître l'intention du réalisateur : montrer la montée de la xénophobie dans cette banlieue qui, bien que slovène, aurait pu se trouver n'importe où en Europe. Pour moi, le film porte sur bien plus d'aspects que le simple racisme : la barbarie, la haine, le désespoir font partie des nombreux thèmes abordés par ce film polémique.
Un film polémique... En Slovènie, le film a été assez mal perçu, car au dire de certains il montre une image beaucoup trop négative de ce pays au passé douloureux. Certaines personnes n'ont apparemment pas vu le message plus ou moins caché de ce film.
Dans les différents festivals (notamment au Québec), le film a aussi engendré la polémique, les spectateurs oscillant entre crier au génie et ceux ne voulant pas voir la vérité (aux dires du réalisateur).

Pour moi, le film n'est qu'une semi réussite. Certes il pose un problème intéressant mais il est un peu trop binaire dans son analyse : les quatre personnages cumulent tous les défauts (le réalisateur avouera lui-même que pour lui l'ensemble est cohérent : alcoolisme, xénophobie, violence semblent aller de paire).
Et finalement ce qui m'a peut-être gêné dans ce film est l'absence d'espoir. Même la mort de la femme de Marjan n'a quasiment rien changé à leur vie.

Note : 6/10

Notes :
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