DEAD ZONE
Alors quil sapprête à demander Sarah en mariage, professeur à luniversité comme lui, Johnny Smith, aimé de ses élèves et collègues, a un accident. Le coma qui durera 4 années, va le faire revenir transformé. Physiquement dabord, mentalement ensuite. En effet, un étrange pouvoir de devin lui permet daider ses proches. Pour cela, il lui suffit de toucher leur peau. Seulement, lorsquau cours dun hasard fou, il serre la main au candidat à la présidence des Etats-Unis, alias Greg Stillson, il voit limpossible. Lapocalypse ne fait que commencer
"Je pense que Cronenberg a réussi là l'un des meilleurs films de sa carrière, et il s'inscrit loin de ces réalisateurs froids et techniques qui sévissent aujourd'hui. Et puis il a obtenu de fantastiques performances de ses acteurs. En revanche, le roman était fertile en incidents, couvrait un important laps de temps, les personnages évoluaient selon les événements... Je sais bien qu'au cinéma, il faut nécessairement faire les coupures qui permettront un suivi plus efficace de l'interaction entre les divers personnages. Le film avait effectivement cette richesse, mais à un niveau moindre du roman." Stephen King
Que dire ! Que dire si ce nest que le grand art de Stephen King frappe dun grand coup (de hache ?) à la porte de lhorreur. Ici, ce nest pas, voire peu, de lexplicite.
Non, avec Dead Zone, King ne sarrête pas pour « contempler laccident », il ouvre la cervelle de son personnage central, tragique, touchant, à savoir Johnny Smith. Voilà un nom absolument bénin qui pourra permettre au lecteur de sen identifier très facilement. On suit ses douleurs, ses chagrins, ses lamentations intérieures, ses regrets, ses amours perdus et lhorreur na rien à voir avec les scènes de cannibalisme dans La nuit des morts-vivants par exemple. Non, lhorreur cest ce type obsédé par la violence, dingue dHitler, et qui va réussir à devenir président des Etats-Unis. Lhorreur devient alors implicite et plus affreuse encore !
Imaginez les conséquences sur le monde. Et qui ne dit pas que ce jour arriverait ? Cest tout à fait possible. Regardez Arnold Schwartzenegger. Qui laurait vu gouverneur de Californie, il y a dix ans ?
Là, Stephen King rentre complètement dans son art visionnaire en nous montrant les faiblesses du système démocratique. Le danger déniché est d'apercevoir combien il est très facile d'accéder à la tête du pouvoir, même pour des personnes aux idées franchement radicales.
Cest aussi le premier livre de ma vie où jai versé une larme. Et moi qui hais le sentimentalisme ! Moi qui croyais que lamour raté et tout ce qui senchaîne ne ferait rien à un stoïque de lecteur de ma veine ! Surtout en lisant un livre... Avec Dead Zone, Stephen King nous bluffe. Le long de ces pages qui se tournent à une vitesse folle, on retrouve un suspense infernal entretenu par cette plume omnisciente qui noublie personne, et nous dévoile les haines et destins de chacun. Il faut aussi rajouter que cette trame-là, très précisément, est habilement respectée par Cronenberg. Dans son film, malgré quelques scènes qui s'en écartent, le coeur du roman et les personnages sont bien présents, la sensibilité kingienne aussi. On sent un réel sacrifice du cinéaste pour conserver la fidélité du récit.
Sans oublier ces symboles (le tigre, la roue de la fortune, le masque, lodeur du caoutchouc brûlé, le tunnel) et cette psychologie disséquée si finement (la découverte de « létrangleur du Maine » est, pour moi, le fait le plus horrible du livre). On retrouvera lengagement de King autour de la politique, la religion et les médias, puis quelques marques freudiennes comme létape de lenfance qui expliquent si finement les conséquences sur les caractères de chaque personnage et plus particulièrement sur Johnny. Stylistiquement parlant, il est à souligner le juste rythme apporté dans le jeu des dialogues, et bien sûr, ce qui fait le talent incontestable de l'écrivain : son sens aigu d'une narration, ici, franchement soignée.
La fin, meilleure dans le roman que dans le film, comblée par une action lente, cinématographique, joserais dire hitchcockienne, agrippera longtemps vos nerfs par son intense torpeur, comme un rêve. Un rêve qui ne peut se produire
Dead Zone ou comment être Johnny Smith pendant plus de 300 pages 18/20
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