
Tel est le tableau de ce roman épique de Guy Gavriel Kay. Je ne vous le cacherais pas : GG Kay est devenu en peu de temps mon auteur fétiche, en quelque sorte un maître à penser (attendez vous à dautres critiques de ses uvres !). Il crée une alchimie dans ses romans que je nai pas encore retrouvée ailleurs. Il dépeint une atmosphère dans laquelle on se faufile telle la brise dans les fines vallées de lArbonne. On se plonge sans hésiter dès les premières pages de luvre dans son univers à la fois si proche et si éloigné du notre.
En effet, depuis quil a participé à la rédaction du Silmarillon, ce Canadien de Toronto a quelque peu évolué. Il est passé de lHeroic fantasy à un style qui lui est propre : la fantasy historique. Avec « La chanson dArbonne », on se retrouve au plein cur dune lutte dinfluence, de déchirements entre les nations, mais aussi entre les villages voisins. Le récit est dun tel réalisme quon pourrait croire quil a réellement existé. L'auteur insuffle une vie propre à chaque personnage, même le plus mineur dentre eux et les fait vivre au travers de la valse de mots et de phrases avec une profondeur qui lui est caractéristique. Il parvient à faire évoluer les sentiments de ses héros avec une telle souplesse quon évolue en même temps queux.
Le scénario est intéressant sans être dune originalité démente. Je ne vous ferais pas laffront de le résumer ici, cela gâcherait votre plaisir. Mais sachez quon y parle de trahison dun fils envers son père, de voyage incognito au travers des différentes nations et duchés, de romances, de révélations fracassantes sur des paternités ignorées, de tournois princiers et de tout ce qui peut faire vivre un roman épique à demi historique.
Pour quelquun qui est passionné dhistoire comme moi, sans en être « intégriste », cest un voyage attirant. GG Kay a gardé de son passé décrivain dheroic fantasy un léger penchant pour la magie qui est somme toute fort discrète. Pas de boules de feu ou déclair happant son ennemi, non. Une magie subtile se coulant dans le mysticisme de la religion. Une magie que lon aurait pu croire réelle dans les temps anciens tant elle est mystérieuse et contenue.
On suivra donc avec passion les péripéties de Blaise, Bertrand de Talair, ou encore Ariane de Carenzu et Lisseut de Vézet. Il est de ces romans dont on souhaite quils naient pas de fin. La Chanson dArbonne en fut un pour moi. Lorsque lon ferme le livre, on sent encore le bruissement de lArbonne couler au loin, pour sécouler vers la mer.
Amateurs du genre, curieux, dévoreurs de pages nhésitez pas, cet auteur gagne à être connu. Mon avis - totalement subjectif, mais totalement empli daffection pour cet auteur - nous donne un bon 9/10.