[B.D.] Le Photographe - Guibert, Lefèvre, Lemercier

[Choubide]

Le Photographe est une série parue chez Aire Libre Dupuis en trois tomes de 2003 à 2006. Série hybride, elle regroupe le dessinateur Guibert (la Fille du Professeur), le scénariste Lemercier et un photographe Didier Lefèvre.

Avant tout, Le Photographe est autobiographique. En 1986, Didier Lefèvre accompagne une mission MSF en Afghanistan, alors en pleine guerre avec lURSS. Il est chargé de faire un reportage sur cette mission de trois mois au nord-est du pays. Sur les quatre milles clichés pris, seuls six seront publiés dans un journal. Cest son premier voyage, sur une longue série. La découverte dun pays.
Vingt ans après, il revint en B.D. sur ce voyage initiatique. Le premier tome raconte la préparation de la mission au Pakistan et le voyage dun mois à pied pour atteindre le village où ils séjourneront. Dans le deuxième tome, on reste avec la mission sur place. Pendant un mois, les docteurs MSF soignent et enseignent sous lil photographique de Didier. Puis avec le troisième tome sonne le retour, toujours à pied et qui savérera plus périlleux que laller.
Le récit de la découverte de ce pays, de cette culture est de celui quon aimerait voir plus souvent. Tout en nuance et subtilité, le récit ne nous cache rien ; ni la beauté du paysage et la générosité des gens, ni les ravages de la guerre et lextorsion et les peaux de vin. Le photographe du récit nest pas un touriste du Club Med. Il ne vit pas cette expérience en extase ou en complet cynisme occidental. Il éprouve des difficultés dadaptation. Il en a marre. Mais il se réjouit. Il apprend à aimer ce pays, ces gens.

Le récit mêle photographies et cases dessinées. Les deux sintègrent parfaitement. Le découpage des planches contacts rappelle le découpage des planches dessinées. Dailleurs cest le même vocabulaire.
Le dessin se met au service de lhistoire. Il comble les manques, quand il ny a pas de photos. Il « sonorise » des impressions et des propos, dans un style simple et précis. Si les photographies représente le point de vue de celui qui les prend, alors les dessins ne sont pas autre chose. Guibert ne veut pas montrer lAfghanistan comme si son dessin devait faire référence. Il prend le point de vue du photographe. Dans le récit, parfois, lAfghanistan et ses habitants ne sont plus vécus mais réfléchis. A ce moment les arrière-plans des dessins disparaissent pour laisser place à un fond uni.

Note 8,5/10
A noter, dans la première édition du tome 3, il y a un DVD dun film tourné pendant la mission.

[Choubide]

Voilà, j'ai découvert la joie des hébérgeurs d'images. Donc voici les couvertures et une vignette.

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