Après la mort de son mari lors d'un accident de voiture Sarah ( Alysson Paradis), enceinte et désespérée , n'arrive pas à se remettre de cette horrible perte. Elle vit complètement isolée du monde qui l'entoure et malgré l'insistance de sa mère décide de passer le reveillon de noêl seule . Enfin seule ... pas si sur , car durant la soirée une mystérieuse femme ( Béatrice Dalle ) frappe à sa porte bien décidée à s'emparer de son enfant par tous les moyens possibles.
Voici donc le pitch du premier film du duo Julien Maury et Alexandre Bustillo produit par La Fabrique de Films , société ayant jusqu'ici distribué des films comme Antibodies ( sorte de Silence des Agneaux à la sauce allemande plutôt médiocre ) ou le Crime Farpait ( comédie noire ). Pitch qui ne brille certainement pas par sa complexité ou son originalité , dans la veine du slasher de base , et dont le twist final ( si on peut appeler ça comme ça ) se devine aisément dès les premières minutes du film. Tout est d'ailleurs résumé dans cette magnifique catchline '' Ouvre moi ta porte ... que je t'ouvres le ventre '' d'une inventivité remarquable. Ce n'est cependant pas là que se trouve l'intérêt d'A l'intérieur , mais bien dans son coté radicale , jusqu'au-boutiste , ainsi que son atmosphère glauque et carrément poisseuse.
'' C'est pas comme ça qu'on ouvre une porte Béatrice voyons ''
En effet ce film n'est pas à mettre devant tous les yeux ( son interdiction au moins de 16 ans parait d'ailleurs bien légère ) car nos deux compères n'y vont pas par quatres chemins . Nous avons ici à faire à un pur déferlement de gores brutales , et d'une efficacité qui force le respect. A partir du moment ou Béatrice Dalle rentre en jeu , on assiste à une véritable descente aux enfers , nous montrant les instincts les plus primaires de l'être humain , qui nous visse à notre siège et nous capte tout du long. La réalisation des deux hommes est impeccable et pleine de trouvailles pour créer une atmosphère étouffante et opressante , ainsi que des scènes choques vraiment bien pensées , d'un esthétisme sublime et d'un réalisme très dérangeant.
( la scène ou l'héroine tue sans le vouloir sa propre mère est bouleversante et criante de vérité ).
Réalisme accentué par le placement de ce huis-clot sanguinolent en pleine crise des banlieux , délivrant au passage un message politique sur cette situation irrationnelle de peur générale qui s'il n'est pas très poussé a au moins le mérite d'exister. Et puis réalisme surtout mis en valeur par l'interprétation générale d'une qualité exemplaire , tout en retenue et en sobriété. Alysson Paradis joue une victime tout à fait crédible dans ces réactions , n'atteignant jamais l'hystérie à grands coups de hurlements surdosés pour n'importe quelle raison. Les policiers sont également bien traités , évitant les clichés usuels du genre , et interprétés de manière convaincante ( par Nicolas Duvauchelle et Ludovic Berthillot entre autres ). Le jeune Aymen Saïdi , jouant le prisonnier retenue par la bac est également très bon et apporte un coté humoristique ( toute proportion gardée biensur ) non négligeable sans tomber dans la caricature facile du guignol de service. Mais c'est Béatrice Dalle qui nous livre ici la meilleur interprétation et qui crève littéralement l'écran. Dès sa première apparition et en quelques mots à peine , elle instaure un malaise immédiat qui ne cessera de s'accentuer tout au long du film de par cette animalité virulente qu'elle porte en elle. Elle ne joue pas elle EST cette femme dénuée de toute humanité , prête à tout pour devenir mère , et trouve certainement là un des meilleurs rôles de sa carrière. Dommage alors que le film bascule à mi-parcours dans un grand-guignolesque fantastique qui n'a pas vraiment sa place et qui sonne faux par rapport au reste du métrage mais qui n'enlève en rien le régal ressentit jusqu'ici.
'' la séquence romantisme du film ... allez un ptit bisous quoi ''
Cocorico !!! Après le monstrueux Haute tension d'Alexandre Aja et dans une moindre mesure l'efficace Ils de Xavier Palud et David Moreau , une nouvelle pierre vient s'ajouter à l'édifice du film de genre francais. Et une pierre de taille tant ce film s'avère être d'une sauvagerie implacable , viscérale dans le plus strict sens du terme et procure un plaisir régressif innouit. A l'Intérieur ose énormément ( ne serait-ce que dans son sujet assez tabou de s'attaquer à une femme enceinte ) et va au bout de ces idées , de son ambition , notemment lors d'un final apocalyptique stupéfiant. Véritable déclaration d'amour au cinéma d'horreur , il serait criminel de se priver de ce petit bijoux ... à moins d'être trop jeune ou enceinte biensur. 8/10
