[cinéma] Le scaphandre et le papillon

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Umbriel
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[cinéma] Le scaphandre et le papillon

Message par Umbriel »

Vol au dessus de l'eau.


Note : 9


 


Tout commence par le réveil de
Baudy (Mathieu Amalric) à l'hôpital. On est Baudy, on voit par son œil, et on
perçoit ses pensées. Ainsi, on apprend qu'il a eu une attaque cérébrale, et
grâce au miracle de la médecine moderne, il est toujours en vie. Peut-on
vraiment parler de "miracle" car son esprit est intact, son tronc
cérébral a été endommagé, le paralysant complément, Son corps devient donc le fameux
scaphandre, un objet inerte, lourd, une prison pour son esprit, dont la seule
chose qui fonctionne encore : son œil gauche par lequel il va pouvoir
s'exprimer.


 


Commence alors une descente aux
enfers, une dépression qui peut paraître légitime, que l'on peut comprendre :
être paralysé et avoir toutes ses facultés mentales, c'est frustrant. Puis, il
va se battre, pour ses enfants, témoigner, trouver une manière de communiquer
grâce à son orthophoniste (Marie-Josée Croze) et ainsi écrire son livre,
transmettre son témoignage. Imaginez le travail de titan : on énumère les
lettres dans un ordre précis (de la plus utilisée à la moins utilisée) et Baudy
cligne de l'œil lorsque c'est la bonne lettre, et on passe à la suivante. D'autant
plus que sa narration n'est pas minimaliste, après tout, il était rédacteur en
chef du magazine "Elle", il est cultivé, instruit... Les passages du
livre lus par Amalric en témoignent, le style est superbe, prenant, riche.


 


Le film oscille entre le point de
vue intérieur de "Jean-Do", des phases oniriques, lorsque son esprit,
le papillon, vole vers d'autres cieux et du narratif "classique", le
plus souvent sous la forme de flashback. On peut ressentir sa frustration,
comme si on enfilait le même scaphandre que lui, se rendre compte qu'on est
spectateur impuissant du monde qui nous entoure, on ne peut plus interagir avec
lui sans l'aide d'une personne. Il ne lui reste plus que le monde que lui offre
son esprit.


 


Quelques scènes sont tour à tour
touchantes, dures. La maitresse qui appelle son amant et la mère de ses enfants
obligée de faire la traduction entre les deux. Le parallèle entre le père
prisonnier de son appartement et son fils prisonnier de son corps. La maladresse
touchante de certains de ses collègues. Puis finalement, d'apprendre que des
gens pensent à lui, viennent prendre soin de lui, le regard de ses enfants.


 


Le film se termine sur son
accident, bouclant ainsi la
boucle. Un petit mot pour rappeler que Baudy est mort dix
jours après la publication de son livre, comme s'il avait fini ce pour quoi il
était resté en vie.


 


Certains pourraient voir un film
triste, sombre, alors qu'il faudrait plutôt le voir d'une manière plus
positive. La victoire de l'esprit sur le corps. Il entraîne une certaine
réflexion : et si ça m'arrivait demain ? Que laisserais-je derrière moi ?
Aurais déjà accompli tout ce que j'ai voulu faire dans ma vie ?


 


Un film grave et touchant qui
réussi à nous émouvoir, à nous faire partager ce calvaire sans jamais tomber
dans le larmoyant. les images sont tantôt grises, tantôt colorées, un savant
mélange, une délicate alchimie qui sait nous séduire et nous transporter dans
son monde. Le seul reproche que l'on pourrait faire c'est qu'au final, le film
est porté d'avantage par son sujet et son traitement que le jeu des
acteurs.


 
On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. [Desproges]
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