Bon, je suis allée le voir, et TARANTINO est de retour, comme la Black Mamba interprétée par U. THURMAN après 5 ans de coma.
Ce film confirme que QT est le recycleur le plus jouissif et le plus intelligent actuellement à Hollywood. Il mélange tout (anime, noir et blanc, flash-backs, accélérations, ralentis, longs regards entre 2 ennemies qui vont se battres en duel, décalage musical, etc), et il n'y a aucune cacophonie à l'écran, au contraire la construction éclatée (mais néanmoins très pensée) du film ne nous gène pas du tout (comme dans "Pulp fiction"), qu'on soit sensible ou pas à cette banale histoire de vengeance féminine.
Là où QT m'impressionne, c'est qu'il n'a aucune honte de ses goûts cinématographiques et son penchant pour une certaine sous-culture (western spagettis, animation nippone, films de kung-fu HK, pour citer les références les plus voyantes) et cherche avant tout à nous faire partager sa boulimie cinématographique. Je me souviens d'une interview de Martin SCORSESE qui parlait de ses "plaisirs coupables" en faisant référence à sa passion pour des films tels que "Les 10 commandements" ou "Géant", prototypes mêmes de l'académisme hollywoodien à grand spectacle, goût qui "surprend" de la part du réalisateur des "Affranchis" que l'on sait influencé par des maîtres aussi pointus que Samuel FULLER, Roberto ROSSELLINI, Michael POWELL, Akira KUROSAWA, etc.
Il n'y a aucune trace de cette "honte" chez QT, il assume complètement, et j'ai retrouvé dans ce film cette euphorie que j'ai ressentie la première fois que j'ai vu les "Affranchis" de SCORSESE, avec ce génial générique de début qui se termine par cette réplique de R. LIOTTA : "J'ai toujours voulu être gansgster". Là où QT est meilleur que les frères W. et autres pompeurs, c'est qu'il arrive à dépasser les clichés et qu'il en joue comme un habile jongleur : l'écolière frippone nippone (jouée par une des filles de "Battle royale"), l'infirmière sexy (Daryl HANNAH), l'asiat' cruelle (Lucy LIU en Fu-Manchu féminin à sabre), pour les plus évidents (encore une fois, on ne peu que saluer le casting parfait de QT qui a du être directeur de casting dans une autre vie). Mais il reste toujours cette distance ironique chez QT quand il jongle avec ces stéréotypes.
Néammoins, je suis un peu restée sur ma faim, car le film est coupé en 2, screugneugneu ! Personnellement, j'aurais parfaitement pu "avaler" une autre heure et 1/2 de bras coupés, mais bon, tous les spectateurs n'ont pas la même résistance.
Banane