Boulevard du crépuscule
Titre original: Sunset Boulevard
Réalisateur: Billy Wilder
Acteurs: William Holden, Gloria Swanson, Erich von Stroheim, Nancy Olson, Fred Clark, Cecil B. DeMille
Durée: 106 minutes
Je citerais monsieur Jean-François Houben en hommage à sa critique que j'apprécie beaucoup pour sa justesse:
Hollywood en 1949. Dans la piscine à ciel ouvert d'une luxueuse villa, flotte le cadavre d'un homme abattu par balles. Il s'agissait d'un jeune scénariste (William Holden). La villa appartient à une ancienne star du cinéma muet (Gloria Swanson).
Cinéaste prolixe mais surtout réputé pour ses comédies brillantes et cyniques, Billy Wilder a réalisé un drame corrosif dont les audaces narratives et thématiques demeurent aujourd'hui encore stupéfiantes.
A-t-on jamais filmé ailleurs qu'ici, avec une aussi terrifiante puissance dans la corrosion, un univers hollywoodien en pleine décrépitude?
L'anthologique séquence d'ouverture déclenche un long retour en arrière : le récit, dramatiquement haletant comme un suspense, dépeint à l'acide l'industrie hollywoodienne et fait le tableau d'une terrible solitude des vieilles vedettes d'autrefois. Les gloires du cinéma muet, sacrifiées à l'arrivée du parlant, se nourrissent de dangereuses chimères dans des villas-sépulcres sinistres. La nouvelle génération est composée de jeunes arrivistes sans respect pour les aînés.
Le caractère morbide et cruel de
Boulevard du Crépuscule est magistralement amplifié par les compositions, superbes, de deux comédiens: Gloria Swanson et Erich von Stroheim qui tournèrent ensemble pendant l'ère du muet (revoyez Queen Kelly où von Stroheim dirigea Swanson). Ils tiennent, ici, des rôles d'artistes déchus proches des leurs... dans la réalité. Cette troublante correspondance avec la réalité de l'histoire du cinéma confère une puissance hallucinante à ce suspense impitoyable vis-à-vis de l'usine à rêves (Hollywood) .
Plastiquement superbe dans un style expressionniste (génialement maîtrisé) et narrativement incroyablement inventive, cette oeuvre culmine dans les dernières séquences. Pour la star de jadis, la frontière est, désormais, totalement abolie entre le rêve et la réalité.
Pour le spectateur, éclate, à chaque nouvelle vision, l'évidence d'être en face d'un chef-d'oeuvre formidablement inconfortable .
NB : De nombreuses vedettes du muet apparaissent ici dans leur propre rôle, notamment Buster Keaton et Cecil B. De Mille.