
Ce film a été interdit non sans raison- en salle aux moins de 12 ans
Grandeur et décadence
Il était une fois l'histoire d'Antonio "Tony" Montana, immigré cubain à Miami, petite frappe arborant une fière cicatrice sur sa joue gauche. Fraîchement débarqué en Floride avec son comparse Manny, à la suite de l'ouverture des frontières cubaines et de l'amnistie par Fidel Castro de quelques criminels, le duo est placé dans un camp de réfugiés. Le petit truand cubain découvre un monde qui ne demande qu'à être conquis. Le rêve américain opère, si bien quà laide de son audace et de sa relative absence de scrupules, Tony gravit peu à peu les échelons de la pègre locale, dont le fond ce commerce n°1 est la cocaïne.
Mais posséder villas, argent, drogue et objets de déco faisant défiler la phrase « The world is yours » est loin de rendre heureux, comme va le découvrir Tony à ses dépends. Voilà pour le scénario du film.
Quen est-il donc des acteurs, de la musique, de la mise en scène, se demande non sans raison le lecteur assidu? Eh bien, soyons franc, je trouve que le film souffre de deux gros défauts, qui balafrent une réalisation par ailleurs excellente.
Double cicatrice
Deux cicatrices seulement, mais deux cicatrices quand même marquent ce film et lempêchent datteindre le rang de chef duvre, le reléguant simplement à excellent film. La première vient de la musique type Bontempi utilisée à outrance, surtout pendant la scène finale. Reflet des années 80, il faut admettre quelle a très mal vieilli.
Les « vieux » me radoteront sans doute que la musique des eighties 'on a pas fait mieux depuis', je campe sur mes positions, et je répète quavant le synthé il y avait déjà le piano, le violon, lorgue, la guitare, la flûte, le trombone à coulisse, la guimbarde et la bouteille de bière vide, autant de choix qui auraient mieux rendu encore une fois, tout ceci reste mon point de vue.
La deuxième balafre du film est sa durée, que je qualifierai d'un chouia trop longue. Quelques creux se font ressentir au milieu du film, et même si les deux heures cinquante passent sans accroc notoire, jaurais préféré passer une demi-heure de moins devant le film.
Culte à raison?
Heureusement, la qualité de lensemble reste largement au-dessus de la moyenne, et on pourra citer entre autre points forts la prestation dAl Pacino en caïd survolté un brin caricatural, mégalo et possessif ; une mise en scène originale et virevoltante, à limage du plan séquence qui quitte un Tony Montana en mauvaise posture dans une salle de bain, traverse la route pour sintéresser aux autres truands qui attendent dans la voiture la fin de la « transaction » en draguant les passantes, pour enfin revenir dans la salle de bain suscitée.
Mais Scarface, c'est aussi des répliques cultes « Why don't you try sticking your head up your a**? See if it fits! », des scènes édifiantes ( scène de la baignoire et de la tronçonneuse qui reste en général gravée dans la mémoire de tout spectateur lambda qui regarde ce film; mais aussi les dernières rencontres entre Tony et Gina, sa soeur ), et une histoire passionnante, qui relate lascension et la chute inévitable dun truand, auto-détruit par son matérialisme et sa mégalomanie.
Peut être pas culte, mais un grand film.
Au final, ben 8/10, et un « à voir si pas vu »