Oui, je suis surpris, encore une fois, d'avoir été séduit par une critique aussi personnelle (qui utilise souvent le je).
Les Sentiers de la Gloire ravitaille cette pensée pessimiste, fidèle à lesprit de son réalisateur, et
nintroduit aucun message salutaire dans létat de fait absurde qui nous est montré.
Je ne suis pas d'accord :
la dernière scène du film montre
les soldats français réunis dans un bistrot sous l'oeil de Douglas, en train de chanter. Je n'ai plus les images, mais si ma mémoire est bonne, la chanteuse est allemande ou il chantent tous en allemand...
Je ne me rappelle plus avec exactitude de la scène, mais c'etait tout de même un dénouement assez soulagé, optimiste
Pour certain, ceci nest quune caricature excessive. Pour dautre, un hurlement désarmé de révolte contre linjustice. Pour beaucoup, ces sentiers sont les méandres sinistres dune uvre immuable qui confronte lhomme à sa profonde misère humaine bavant sur son caprice de gloire.
Oui, on a longtemps reproché aux sentiers de la gloire d'être caricatural et manichéen mais c'était l'un des arguments "contre" de la première heure... Les historiens ont depuis démontré que rien de ce qui est raconté dans ce film n'a été exagéré ou inventé. La France est l'un des pays qui, avec cette guerre, a le plus executé ses propres hommes. On a prouvé que la première guerre mondiale a servi à l'état de "purge" pour éliminer les anarchistes (surtout) mais aussi les syndicalistes de tout poil.
Pour ce qui est de la représentation des gradés, je la trouve exacte et pas du tout caricaturale. En abordant la première guerre mondiale qu'ils croyaient courte, les dirigeants de l'armée française ont adoptés des conduites et techniques de la fin du 19ème s. On ne faisait pas la guerre au début du 20ème comme on la faisait à la fin, le terme de "chair à canon" était très approprié puisqu'en effet, on n'accordait aucune valeur à l'homme, à l'individu, on privilégiait la masse...
Pour moi donc, pas de manichéisme primaire dans ce film de Kurbrick. C'est juste qu'en tant qu'hommes et femmes du 21ème siècle, on a du mal à croire ce que l'on voit...