KalistoR a écrit :
Les allusions sont encore multiples mais là, je fatigue un peu. Bref, tu bases toute ta critique sur une comparaison Kill Bill / Films Dont Il S'Inspire alors que justement tout l'éclat de ce film réside dans le formidable kaléïdoscope de métrages auxquels il fait un formidable hommage.[/i]
ta réponse soulève des points importants.
pourquoi comparer kill bill avec les films qu'il cite?
les gens aiment kill bill parce que le "sampling" cinématographique est une fin en soi ici
je suis d'accord avec toi quand tu dis que ce film est un kaleidoscope d'influences, mais ici l'art du collage devient une fin en soi; pour moi c'est la limite du système tarantino.
film pop? non ,pour moi il faudrait réellement garder ce titre à "psycho" de van sant,seule veritable tentative d'art pop dans le ciné....
réapropriation? non ,QT malheureusement en est loin...
ce qui sépare "pulsions" de de palma de "psychose",ne se retrouve pas ds "kill bill"....le modèle se confond trop avec le copié/collé de tarantino.
on peut appeler ca "collage postmoderne",je trouve ce facile.
kill bill est personnel en tant qu'acte cinéphilique, mais terriblement impersonnel en tant qu'entité cinéphilique propre.
c'est ca que je regrette.
Ensuite, tu clames haut et fort que les combats font pitié. Les combats sont chorégraphiés par Yuen Wo-Ping, déjà chorégraphe de Matrix et de Tigre et Dragon, ce n'est quand même pas un bleu.
avoir yuen woo ping n'est pas forcément un gage de qualité (tu cites d'ailleurs matrix!)
et puis woo ping est un chorégraphe de kung fu pian,et un débutant en choré wu xia
le chorégraphe Yuen Woo Ping que j'adore n'est pas le plus adequat à ce type de combat. Les puristes penseront à Ching Siu Tung, le maitre incontesté des combats à l'épée...
de plus, le postulat selon lequel Q aurait fait un film-hommage pour le fun à prendre comme de l'entertainment, n'est rien d'autre qu'une excuse foireuse; d'un cinéaste, et surtout d'un cinéaste comme lui, on attend plus qu'un simple assemblage de trips; on attend quelque chose de nouveau, d'original. Là, niet.
et puis ce qui manque surtout a toutes ses scenes,c'est un climax.
elles n'ont ni la beauté plastique de certaines scenes des chef d'oeuvres asiat'
mais en plus,moi ce que j'aime ds le ninkyo ou le chambara c'est que la violence est une catharsis dramatique...aspect qui est ici totalement absent!!donc ca n'a ni la beauté stylisée d'un makino ni la rage d'un cheh....autrement dit ce qui devait etre des morceaux de bravoure devient plus un exercice de gymnastique saoulant et souvent peu lisible.
du climax, c'est un fait , il en manque; la faute à un traitement narratif et visuel basant tous sur les effets et l'ambiance globale transcendant sa nostalgie jusqu'à l'overdose, ne donnant pas d'autre choix au spectateur que d'être à FOND dedans du début à la fin, ou bien d'assister au carnage d'un regard emballé mais distant. Dans le second cas, il n'y a en effet AUCUN climax.
et puis encore une fois "kill bill" est horriblement....vain.
ok,par moment ce film a titillé ma fibre nostalgique du genre "aaah c'était bien le ciné des 70's!!"
et puis comme je l'ai déja dit,tarantino a fait un film en "pantoufles"...
il a pris aucun risque,a dépensé 55 millions(!) pour juste nous pondre un décalque maladroit de films existants déja et en bien mieux!
, même au niveau de l'entertainment, c'est pas non plus parfait: si Q fait techniquement un travail correct, artistiquement c'est autre chose: bien plus frileux que d'habitude, les cadrages restent tout de même assez classique. Le tout est évidemment rattrapé par le design made in Q (bien pompé de Fukasaku quand même!). Ensuite au rayon détails : ce n'est pas si original que ça (la schoolgirl rebelle, le flic texan clichéen), quelques scènes en font un peu trop pour ce qu'elles sont (la scène ultra-prévisible où Lucy Liu découpe la tête d'un oyabun, l'idée du "rentre chez ta mère" au petit yak, etc), Lucy Liu qui parle jap ça le fait pas du tout...
mais mon plaisir est il est vrai gaché par d'autres éléments exterieurs au film lui meme...
cette espece de "hype" fait autour de ce film.
j'ai entendu et lu les pires conneries du style "post moderne" et compagnie...
et puis la propension des gens a mettre sur un pied d'estale tout ce qui sort du label estampillé "auteur américain indé",m'énerve.
l'ignorance craneuse de certaine personnes m'exaspere.
on entend du "film de kung fu" par ci du "karaté" par la,du "serie z" de l'autre.
parce que si vous ne le saviez pas:
pour certains journalistes :
-tout film asiatique est donc "un film de kung fu" ou une serie z.
c'est bien connu.
ah eh oui j'oubliai les inrocks(la palme) avec leur "alphabet"...
le saviez vous?
tarantino fait de la "serie a" avec des ingrédients de "serie b voir z".
parce que derriere l'estampille "chef d'oeuvre" sur "kill bill" se cache un probleme bien plus grave.
tarantino a reussi son coup:faire croire a la moitié de la terre qu'il a reussi le film de genre "fini",le film qui clot la boucle si l'on peut dire.
alors que c'est le contraire,"kill bill" est comme ces cd de demo offert gratuitement avec les magazines.
alors voila,tarantino a beau se replier ds sa position de nerd de base du genre "m'en fout,j'ai fait un film avec des bras tranchés,ouah coool!"
le mal est fait;on monte ca au pinacle et hop "on a plus besoin d'aller voir autre chose",dixit les publicitaires de "premiere".
et puis derriere tout ca,il y a le probleme surtout de la reconnaissance du film de genre asiatique.
je precise asiatique parce que le probleme ne se pose pas ou plus (et heureusement!!) pour le ciné de genre ricain...
il n'y a personne pour dire que ford fait du western,donc c'est un cinéaste de seconde zone....
et ce discours(caricaturé ici certes mais approchant) se retrouve partout,aussi bien pour le "public" que pour la critique.
car tarantino est un "auteur",kurosawa est un "auteur"...vive les "auteurs"!!
mais cette vue européenne m'xaspere au plus haut point maintenant!!
si vous demandiez a un japonais qui était kurosawa ds les années 70 il vous aurait répondu "le réal qui fait du jidaijeki avec mifune"
et oui son statut d'auteur,c'est une vue europeenne des choses.il l'a acquis sur le tard au japon.
tout ca pour dire quoi?
que les films de genre des années 60-70 ont été réalisés par des maitres.
des gars comme masahiro makino ont fait du ninkyo eiga ds un systeme de studio.si tu lis donald ritchie(la sommité américaine sur le ciné jap'),ds les années 60,il n'y a eu guere que,outre les sempiternels ozu &co,la nouvelle vague de l'atg(oshima,shinoda,etc...) a avoir le statut "cinema d'auteur".
il regle son compte a plus de 600 films de genre en quelques lignes!
mais comment se fait-il que les critiques et historiens japonais de cinéma aient mis,ds ce cas,ds leur liste de meilleurs réals japonais de tt les temps, des gens comme suzuki,comme fukasaku,comme makino,comme kato,comme ito,etc....?
parce que ce sont tout simplement de grands maitres qui sont les égaux de gens comme ozu ou bien kitano.
et donc retournons a "kill bill".
JAMAIS un critique ne dira que "lady snowblood",pure film d'exploitation nippon,est un chef d'oeuvre.
avec tarantino ils le font bien.alors que,30 ans avant "kill..." on a le droit a une photographie renversante,un scénar autrement plus complexe et profond,une structure narrative dantesque,etc....
alors,oui,des journaux comme liberation ou telerama se donnent bonne conscience en réhabilitant sur le tard des réals comme king HU,ou en supportant les pourtant médiocres films de miike,mais le mal est fait.
"kill bill" est un film patchwork,certes assez jouissif,mais je ne peux m'empecher de penserqu'on est en train de faire de ce film une entreprise de désinformation.
si le but tarantino était louable(réaliser un reve de cinéphile),j'ai malheureusement peur qu'on prenne ce film pour ce qu'il n'est pas.
Lorsque Hattori Hanzo donne le sabre à La Mariée, c'est du Chambara tout craché mais Kitano a fait pareil récemment avec son Zatoichi
tu fais bien de parler de "zatoichi" et de kitano...
tarantino et kitano sont deux réals radicalemnts opposés
que Tarantino "pense" bien plus ses films que Kitano; ça se voit d'abord si l'on compare les utilisations bien antagonistes que font de la musique les deux réalisateurs; ensuite chez Tarant, ça se voit dans l'homogénéïté (et ses cassures volontaires) des séquences, calculée au millimètre près...
Kitano filme comme ça parce qu'il le sent bien, parce qu'il y a une beau paysage au fond, pour des raisons d'une simplicité confondante, et il n'est pas, il faut le répéter, un cinéphile. D'autres m'ont déjà dit que ça permet au Beat de conserver l'originalité et la pureté de son cinéma. c'est possible
mais justement,c'est ca qui fait le sel de "zatoichi" par rapport a "kill bill".
je prefere voir kitano essayé de montrer la violence a l'ecran(enfin autre chose que de l'éllipse!)plutot que voir tarantino décalquer maladroitement les films des autres....
c'est pour ca que,si "zatoichi" est bourré de défauts et est loin d'etre un chef d'oeuvre,personnellement c'est un des kitano que j'ai le plus aimé visionner.
donc pour une fois qu'il s'amuse,qu'il fait autre chose,ne boudons pas notre plaisir.
il s'adonne copieusement au film de genre(et ce meme si il n'aime pas ca!),donc autant en profiter
je prefere voir un "zatoichi" film de genre ludique,empruntant a la fois a la tradition(beaucoup de passages "classiques" d'un "matatabi no mono" ( comme le début-on rentre ds un nouveau village a chaque aventure-,comme les scéquences de jeux,etc...)et de l'univers de son auteur(l'humour kitanesque).ce que j'ai aussi aimé,malgré les maladresses c'est que kitano a "essayé".oui,il a essayé des choses vraiment nouvelles pour lui.
tarantino a rendu le devoir d'un éleve studieux,encore loin de la perfection,mais surtout dénué d'ame.
il ne suffit pas de mettre la musique qu'on aime,pour la rendre...
bon,j'ai encore fait une réponse fleuve sorry....